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    La présence américaine dans la culture française

    Par Armele Aymonin,, American Library in Paris
    Par Marguerite-Marie Leroy, Centre de ressources et d'informations
    Par Toby-Gail Stone, American University of Paris

    1 existe de nombreuses institutions culturelles diverses : bibliothèques, centres, associations et centres d'enseignement, disséminés dans toute la France, qui diffusent une connaissance de la culture américaine. C'est grâce à leur travail d'information qu'un courant vivace continue à passer entre les Français et les Américains par une multitude d'activités très diverses, aussi variées que la recherche documentaire, l'étude de langue et la civilisation dans toute sa complexité. L'intensité de ces liens précède l'ouverture des premières bibliothèques publiques aux États-Unis. Il est intéressant que l'un des organismes culturels américains les plus anciens en France soit une bibliothèque.

    American Library in Paris

    Les antécédents de l'American Library in Paris datent de la Première Guerre mondiale, quand le service de bibliothèques de guerre (Library war Service) lance son initiative pour les troupes américaines stationnées en France. Le projet est concrétisé en 1917 par l'Association des bibliothèques américaines (ALA-American Library Association), afin de répondre aux besoins d'une communauté américaine croissante à Paris et aux demandes des anglicistes attirés par le modèle américain de bibliothèque. L'American Library in Paris est fondée en 1920. La ALA fait un don de 25 000$, envoie des équipements divers et sélectionne un fonds parmi les livres qui avaient servi aux « Boys La nouvelle bibliothèque plaît beaucoup : les salles de lecture sont spacieuses, les livres sont en libre accès, les enfants s'y sentent bien. C'est un lieu de réflexion et de vie.

    Entre 1923 et 1925, la Bibliothèque américaine s'inscrit déjà dans l'actualité littéraire avec sa revue Ex Libris où paraissent parmi d'autres, les contributions de Gertrude Stein et Ernest Hemingway. De nombreux écrivains de renom la fréquentent dont Thornon Wilder, Steven Vincent Benet, Samuel Beckett et Archibald MacLeish. Edith Wharton siège plusieurs années au conseil d'administration. Plus tard, Mary McCarthy et Richard Wright y feront un passage remarqué. Anaïs Nin, André Gide et Arthur Koestler seront des habitués.

    La bibliothèque a fait l'acquisition de plusieurs collections privées accessibles au public, léguées par Sylvia Beach, Nadia Boulanger et Janet Flanner. Elle en abrite de plus récentes, comme celles de Marlène Dietrich (500 ouvrages consacrés surtout au cinéma) et de Gregory Usher, directeur de l'École de cuisine La Varenne et directeur du Cordon bleu (400 livres de cuisine dont certains sont signés par les grandes toques de la gastronomie).

    Aujourd'hui, la bibliothèque possède un fonds de 100 000 volumes, un centre de recherche sur la presse, équipé de 450 périodiques dont certains remontent au siècle dernier, répertoriés dans les index spécialisés, des cédéroms et Internet.

    Tous les ans, des dossiers bibliographiques sont élaborés à l'intention des candidats aux concours du CAPES et de l'agrégation d'anglais, mettant à leur disposition une documentation quasiment introuvable en France.

    C'est un lieu de recherches pour les universitaires, un centre d'information et de découvertes culturelles pour un public diversifié s'intéressant à la civilisation américaine. Les soirées culturelles y sont appréciées depuis de nombreuses années. Parmi les plus récentes, on se souviendra des lectures publiques de William Styron, de Diane Johnson, d'Alberto Mangel ou d'une soirée récente de poésie et de jazz à la mémoire de Martin Luther King.

    À l'instar des bibliothèques des États-Unis, l'American Library in Paris maintient un secteur jeunesse très développé : 8 000 livres de fiction et documentaires, 13 périodiques et une centaine de vidéocassettes. Les animations multimédia y sont hebdomadaires avec l'Heure du conte pour les enfants de trois à cinq ans, une fois par mois pour les tout-petits ainsi que pour les grands de six à huit ans.

    L'American Library in Paris est un organisme privé à but non lucratif, une association Loi 1901. Elle ne reçoit aucune subvention d'État. Son financement provient, pour l'essentiel, des dons, legs et cotisations de ses adhérents.

    L'American Library in Paris a quatre antennes régionales : Angers, Nancy, Montpellier et Toulouse. Toutes possèdent des collections constituées à l'origine à l'American Library in Paris. Les abonnés de toutes ces antennes ont accès à la vaste collection de l'American Library in Paris.

    Antenne d'Angers

    La Bibliothèque américaine d'Angers, autrefois à Nantes, à été inaugurée le 3 décembre 1993, en tant qu'association Loi 1901. Une convention engage d'une part le département de Maine-et-Loire, la ville d'Angers, le pôle universitaire angevin comprenant les deux universités (publique, et privée), six écoles et d'autre part l'American Library in Paris.

    Son fonds de 25 000 volumes est orienté vers l'histoire, la géographie, le tourisme, la littérature, les religions, les arts et civilisations. Sa collection d'une quarantaine de périodiques américains remonte à plu-sieurs dizaines d'années. Sont également disponibles des cassettes audio, cassettes vidéo et cédéroms.

    Son public se compose d'universitaires, d'étudiants, d'enfants et de résidents anglophones qui apprécient les manifestations culturelles organisées par la bibliothèque. La Bibliothèque américaine d'Angers a signé plusieurs contrats de coopération avec des écoles ou des entreprises.

    Antenne de Nancy

    Né en 1974, cet organisme connaît un remarquable essor depuis la création du pôle universitaire européen de Nancy-Metz en 1995. La Bibliothèque américaine intègre le dispositif du Kiosque (Centre d'information et de documentation) du pôle universitaire et se voit offrir des locaux plus spacieux (350 m2), un poste et demi de bibliothécaire, un équipement fonctionnel (mobilier et informatique) et une subvention annuelle pour les abonnements et l'achat de livres.

    Le fonds est aux deux tiers informatisé et accessible sur Internet. Il comprend 4 000 romans, 900 ouvrages spécialisés ou de référence, des livres pour enfants et 36 périodiques dont la plupart sont archivés.

    Enfin, les Amis de la Bibliothèque américaine animent des groupes de conversation deux fois par mois et organisent conférences et concerts quatre à cinq fois par an, ainsi que le thé très apprécié de Thanksgiving.

    Antenne de Montpellier

    Depuis 1954, la Bibliothèque américaine de Montpellier reçoit des étudiants et d'autres résidents, animés du même intérêt pour la culture nord-américaine.

    Au coeur de la capitale régionale, rayonnant sur tout le Languedoc-Roussillon, la bibliothèque peut accueillir des visiteurs de tous genres : familles bilingues à la recherche de matériel pour leurs enfants, hommes d'affaires désireux de perfectionner leur anglais, étudiants venus d'horizons extrêmement divers, anglophones à la retraite ou quiconque cherchant un bon livre...

    La bibliothèque entretient d'excellents rapports avec le comité de jumelage de Montpellier-Louisville (Kentucky). Elle travaille en étroite collaboration avec les grandes écoles et les universités, en particulier avec l'université Paul-Valéry, qui abrite la collection et prend en charge de nombreuses dépenses de fonctionnement, ainsi que le salaire d'une bibliothécaire.

    Plus de 25 000 volumes composent une collection largement orientée vers la culture, l'histoire et la littérature. La bibliothèque possède également 75 périodiques en tous genres qui peuvent être empruntés et une collection de 1000 cassettes audio. Un lecteur de microfiches permet l'accès à 19 000 volumes rares sur l'histoire et la civilisation des États-Unis.

    Quant aux enfants, ils ont leur propre collection dans une salle qui leur est réservée.

    Antenne de Toulouse

    La Bibliothèque américaine de Toulouse est, depuis 1997, installée à quelques mètres de la Cinémathèque et sera prochainement voisine de l'École supérieure d'audiovisuel (ESAV). Ses collections vont donc être plus spécialisées dans le cinéma afin de constituer le troisième sommet de ce triangle culturel. Établie depuis la fin des années 40, elle possède aujourd'hui un fonds d'environ 9 000 livres et une vingtaine de périodiques. La bibliothèque est liée à l'université de Toulouse par une convention et se veut un pôle de recherche et d'échange.

    Autres associations culturelles en province

    Association Bordeaux-Los Angeles

    Depuis 1968, l'association Bordeaux-Los Angeles a pour objet d'établir des relations économiques et culturelles entre l'Aquitaine et la Californie, particulièrement entre Bordeaux et Los Angeles, villes jumelées. L'association comprend une bibliothèque de plus de 4 000 livres et revues, un club franco-américain où se tiennent conférences et cours de conversation d'anglais.

    Institut franco-américain de Rennes

    Partie intégrante de la vie culturelle en Bretagne, l'Institut francoaméricain a ouvert ses portes dès 1961. C'est le seul centre binational de France. La gamme de ses activités en fait un véritable partenaire de la ville de Rennes. Installée au coeur de la cité, la bibliothèque est un centre de documentation avec une collection de plus de 10 000 ouvrages, 35 périodiques, 750 titres de référence et une audiothèque.

    The American University of Paris

    Un autre centre de culture et d'enseignement américain existe à Paris depuis 1962. L'American University of Paris a été fondée afin d'offrir un enseignement universitaire américain dans un contexte international. Cette université est une association régie par la loi de 1901, immatriculée aux États-Unis et autorisée à délivrer des diplômes de « Bachelor of Arts " et de « Bachelor of Science ». Par ailleurs, elle est reconnue par le ministère de l'Intérieur français en tant qu'établissement d'enseignement privé.

    Aujourd'hui, l'université accueille des étudiants du monde entier : sur 800 étudiants 35 % sont Américains, Il % Français et les autres originaires de 90 pays différents. L'enseignement est dispensé en anglais basé sur le système américain. La relation professeur-étudiant est privilégiée grâce au nombre limité d'étudiants par classe (10-20).

    Les diplômes sont délivrés dans les disciplines suivantes : histoire de l'art, histoire et sciences sociales, littérature comparée, civilisation européenne, culture française, relations internationales, gestion internationale, économie internationale et appliquée, communication.

    En plus de salles d'informatique, laboratoires de sciences, bureaux de conseil et d'orientation, une bibliothèque est mise à la disposition des étudiants et d'une centaine de professeurs ; celle-ci est composée d'une collection d'environ 65 000 livres et 600 périodiques sur papier et électronique. Les services propres aux bibliothèques universitaires américaines y sont offerts : des heures d'ouverture qui s'échelonnent du lundi au dimanche totalisant 75 heures par semaine, accès à des bases de données électroniques et cours d'initiation à la recherche incorporés dans un programme obligatoire suivi par les étudiants de première année.

    Bien que la bibliothèque soit réservée à l'usage des étudiants de l'université, des accords de coopération ont été passés avec une école de commerce située à proximité et d'autres institutions, notamment la Bibliothèque américaine. Elle a été longtemps la seule ressource bibliographique pour l'université pendant les 12 premières années de son activité. Aujourd'hui, la col-labo-ration continue avec son réseau informatisé et des échanges de services. Pendant les quatre années de leur cursus, les étudiants de l'American University of Paris et leurs professeurs participent à une aventure multiculturelle dont le centre est Paris. Cette expérience a lieu sur plusieurs fronts, à commencer par le quotidien pour quelques-uns qui sont logés dans des familles françaises. En troisième année, les étudiants sont encouragés à suivre des stages dans des entreprises françaises et des organisations internationales. Le département de formation continue propose des cours de langues et des cours de toutes les disciplines enseignées dans le cursus officiel. Ainsi la pédagogie américaine est transmise dans la communauté. Plusieurs cycles de conférences sont organisés par les départements : en 1998 par exemple, un cycle sur l'Europe de l'Est est proposé.

    L'université organise aussi un cours d'été pour les universitaires.

    Depuis plusieurs années, des lycéens américains viennent faire leur première introduction à la culture française et à l'enseignement universitaire dans un cursus spécialement conçu à leur intention.

    Bien que pour la plupart des étudiants la langue française soit une 3eou 4elangue, tous ont choisi de profiter de cette expérience multiculturelle dans un monde qui devient de plus en plus multiculturel.

    Centre de ressources et d'information

    Aucun tour d'horizon de la présence américaine en France ne serait complet sans faire mention du Centre de ressources et d'information de l'ambassade des États-Unis.

    Désormais dissimulé derrière la prestigieuse façade de l'hôtel Talleyrand, place de la Concorde, le Centre de documentation Benjamin Franklin, comme il s'appelait depuis sa création en 1945 et encore récemment, était très connu de tous, surtout des universitaires, lorsque ses larges vitrines donnaient sur la place de l'Odéon. Ce sont plusieurs générations d'anglicistes qui l'ont fréquenté, attirées par la richesse de ses collections, en libre accès.

    Quand en 1984, le Centre de documentation Benjamin Franklin rejoignit les autres services culturels dans l'hôtel Talleyrand, dont la rénovation venait d'être terminée, il accentua son évolution vers un centre spécialisé en économie, politique, législation, défense et relations internationales au service d'un public plus restreint et ciblé : journalistes, membres d'organismes gouvernementaux et chercheurs.

    En 1996, le nom de " Centre de ressources et d'information » (Information Resource Center) fut attribué à tous les services de documentation des ambassades américaines par le monde pour refléter un changement d'orientation et une volonté délibérée de se lancer sur les « autoroutes de l'information ». De plus en plus tourné vers les nouvelles technologies et l'accès électronique aux documents, le Centre de ressources et d'information doit sa notoriété auprès des journalistes, du personnel des ministères et organismes étrangers et internationaux, ainsi que de toute l'ambassade, bien sûr à son service de référence où tous les moyens sont mis en oeuvre pour donner une information exacte, complète, rapide et précise. Quant au grand public, s'il n'a plus accès comme autrefois aux locaux du centre, il n'ignore cependant pas son existence et continue d'utiliser ses ressources par le biais de son service Minitel interactif.

    Le Centre culturel américain quelques souvenirs récents

    Les Parisiens ne se sont jamais tout à fait consolés de la fermeture des centres culturels américains. Celui du 3 rue du Dragon, dans le 6e, financé par les services culturels de l'ambassade des États-Unis, a permis à toute une génération avide de culture américaine de découvrir la musique, la peinture, la photographie et le cinéma américains.

    Fondé en 1956, le Centre culturel américain fut dirigé, à ses débuts, par Mrs Ferguson, personnalité d'envergure, qui connaissait tout le monde artistique américain de l'époque. L'exposition de Sylvia Beach, en 1959, sur Les années 20: les écrivains américains à Paris et leurs amis contribua sans aucun doute au succès de ce centre qui ne cessa de séduire son public pendant ses 25 années d'existence. On y jouait les compositions de Charles Ives, Darius Milhaud et Francis Poulenc. Le brillant pianiste Van Cliburn, premier Américain à remporter le prix Tchaikovski, y a donné un concert à son retour de Moscou. Les étudiants de la rive gauche se pressaient pour entendre le sénateur Edward Kennedy leur parler de la politique américaine ou Paul Newman du cinéma. Des expositions remarquables comme celle de George Catlin, peintre des Indiens, ou de John Audubon, peintre naturaliste, de John Singer Sargent et de Mary Cassatt restent gravées dans les mémoires, de même que les photos de Dorothea Lange, Walker Evans, Ansel Adams, Shirley Jaffe et Kimber Smith, entre autres, ont contribué à faire connaître les artistes américains à Paris et en France. C'était le tout-Paris (artistes, écrivains, universitaires, conseillers d'ambassade et personnalités politiques) qui se retrouvait à ces manifestations culturelles et aux cocktails qui les accompagnaient.

    En 1981, la décision de fermer le Centre culturel américain est prise, au plus grand désarroi de ses habitués. Les services culturels de l'ambassade des États-Unis maintiennent leurs programme de conférences à l'hôtel Talleyrand, pour un public cependant plus ciblé : spécialistes d'économie, de politique et de relations internationales. Parmi les autres activités des services culturels, mentionnons l'International Visitor Program et le Fulbright Program, du nom du sénateur J. William Fulbright qui l'établit à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'International Visitor Program permet à une trentaine de candidats, triés sur le volet, de partir chaque année aux États-Unis pour un voyage d'étude de trois ou quatre semaines. Quant aux boursiers Fulbright, ces étudiants de haut niveau passent une année (dans un pays d'Europe pour les Américains, aux États-Unis pour les Français) à parfaire leur connaissance de la langue et à poursuivre leurs recherches.

    L'American Center for students and artists

    Pour les Américains de Paris ou les américanophiles, les anglophones ou les « désireux de le devenir », l'American Center for students and artists fut, pendant plus d'un demi-siècle, un point de ralliement. Organisme privé, fondé dans les années 30, l'American Center était surtout fréquenté à l'origine par des Américains souffrant un peu du mal du pays et qui retrouvaient avec bonheur une atmosphère de club exclusif avec bibliothèque, conférences, concerts, parc et piscine. S'il semble qu'à certaines époques de son évolution, l'American Center ait eu quelque difficulté à définir ses orientations et à contrôler parfois la tournure que prenaient les événements, il ne fait pas de doute que, sous l'impulsion des membres de son conseil d'administration et de ses divers directeurs, de très grands noms tels que John Cage, Merce Cunningham, Nam June Paik et Philip Glass furent révélés au public français.

    Tous ceux qui ont fréquenté l'American Center parlent avec nostalgie de l'atmosphère spéciale qui y régnait, du dépaysement total qu'ils éprouvaient dès qu'ils avaient traversé le jardin et franchi la porte, que ce soit pour assister à une exposition de peinture, à une pièce de théâtre, à leur cours de danse africaine, ou à leur cours de langue pour apprendre (non pas l'anglais) mais l'américain !

    L'imposant bâtiment néoclassique de l'architecte Welles Bosworth a fait place à la construction toute de verre et d'acier de Jean Nouvel, Fondation Cartier, mais le cèdre de Chateaubriand veille toujours au 261 boulevard Raspail....

    Vignette de l'image.Illustration
    centres d'information américains