Index des revues

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    Par Hugues Van Bésien
    Noë Richter

    Les Voies d'accès au livre

    La problématique des fondateurs de la lecture populaire (1760-1862)

    Bernay, Société d'histoire de la tecture, ]999. - 68p. - (Mofenouxpour une histoire de la lecture et de ses institutions, 8). /56/V2-9?2626-07-2.- 110 F

    Les précédents fascicules de Noë Richter consistaient en matériaux annexes de son histoire de la lecture (anthologies, biographies). Avec ce volume, il reprend une analyse historique des projets des promoteurs de la lecture populaire, dont on connaît, notamment par les précédents ouvrages de l'auteur, la perspective d'abord religieuse. Cet ancrage religieux apparaît non seulement dans les objectifs de développement des bibliothèques populaires, mais aussi dans leurs outillages : on découvrira avec intérêt les classifications des lecteurs, véritables outils (proto)-bibliothéconomiques parallèles aux classifications de documents, forgées à partir des nomenclatures de manuels de confesseurs et de directeurs de conscience.

    Comme les acteurs de la lecture populaire ont rencontré de grandes difficultés pour trouver dans l'édition de leur temps, destinée à un public lettré, des ouvrages correspondant à leurs objectifs idéologiques et à la représentation qu'ils se faisaient de leurs lecteurs, ils ont souvent tenté d'associer l'édition et la bibliothèque en créant des prix littéraires, par exemple sur des canevas de récits édifiants, ou en ayant une activité d'éditeur.

    Ces tentatives de création littéraire dirigée seront finalement abandonnées. Une forme de pragmatisme, théorisée dans la notion de « livre-amorce », aboutira à une laïcisation des collections. Par son ampleur, sa durée, l'action catholique en faveur de la lecture a véritablement touché un lectorat de masse. Parallèlement, les tentatives laïques ne parviennent pas à cette échelle pour la période considérée.

    Le dernier chapitre est consacré à la pensée de Nicolas Roubakine (1862-1946), directeur (par héritage) d'une bibliothèque populiste à Saint-Pétersbourg, puis, exilé en Suisse à partir de 1907, chercheur en sciences de l'éducation. Sa théorie bibliopsychologique renouvelle l'approche du lecteur en la situant dans un système de relation auteur-livre-lecteur qui permet de poser la question de la non-lecture et celle du contenu de l'acte de lecture. Cet intellectuel étonnant, qui constitue un pont entre les utopies politiques et les sciences modernes de l'éducation et du langage, qui fréquenta à la fois Lénine et les fondateurs de la bibliographie Otlet et Lafontaine, doit être également regardé comme un pionnier de la bibliothéconomie de masse et de la lecture publique.