Les réseaux constituent à eux seuls un vaste système globalisant l'information disponible sur les réseaux locaux, nationaux et internationaux. Leur rôle, par rapport aux services d'information traditionnels, devient prépondérant à mesure qu'augmente le nombre de leurs adhérents. En 1992, chaque lecteur IMAG dispose d'un poste de travail connecté au réseau local et les catalogues de la médiathèque sont accessibles à tous. Les activités de promotion du service comme de contacts sont multipliées grâce aux courriers électroniques et aux tribunes de discussions. L'activité réseau conduit vers trois fonctions : la quête et la diffusion d'information, enfin la mise en place d'instruments de mesure du fonctionnement de la médiathèque.
The networks represent a vast system which regroups the available information in the local, national and international networks. Their role compared with the traditional information services becomes a dominant one regarding the development of their members. In 1992, all IMAG readers have a workstation connected to the local network and the library catalogs are accessible by all of them. The promotion of the service is done by the electronic mail and by direct meetings. The first results of the network activity lead us to perform three types of tasks : the information collection, the diffusion of the information, and the installation of the measuring equipments to optimize the library functioning.
En utilisant ressources informatiques et savoirs locaux, la Médiathèque de l'IMAG a développé un ensemble de réseaux documentaires et scientifiques qui lui permettent de travailler en symbiose avec la communauté qu'elle dessert et de s'intégrer parfaitement à son environnement.
L'introduction et la croissance rapide des réseaux informatiques a opéré une révolution sur la nature des communications utilisées par la communauté scientifique mondiale. Les réseaux n'ont pas été pensés pour des utilisateurs étrangers aux systèmes informatiques mais pour des spécialistes du domaine. Aussi la communauté des chercheurs en mathématiques appliquées et en informatique a-t-elle été la première impliquée dans l'innovation.
Pour demeurer en symbiose avec la communauté qu'elle dessert, la médiathèque de l'IMAG a dû s'intégrer complètement à ce nouveau mode de communication.
La médiathèque est un des services communs des dix laboratoires de l'IMAG. Elle accueille également les 300 étudiants de troisième cycle de l'UFR
Elle a été l'une des premières bibliothèques automatisées de France - en 1970, elle offrait déjà des catalogues sous forme de « listings » aux utilisateurs. De 1983 à 1989, on implante le système documentaire sur le système Multics du Centre de calcul interuniversitaire de Grenoble. Il fonctionne en relation avec les systèmes Multics des Centres INRIA
Au même moment, la création du réseau local allait permettre à tous les utilisateurs la connexion aux grands réseaux informatiques. Cette création a été simultanée à un phénomène d'éclatement géographique du Laboratoire d'informatique et de mathématiques appliquées dont l'accroissement a conduit, en 1984, à une fédération de laboratoires de recherche
Dès 1984, une étude
Pour stopper l'accroissement du budget de télécommunications induit par la forte augmentation de l'utilisation des facilités de communication sur Internet, une ligne est louée entre l'IMAG et le Centre de Sophia-Antipolis où se trouve le point d'accès aux Etats-Unis
Les utilisateurs disposent dès lors de services qui concernent le transfert de fichiers, la possibilité de se connecter sur une machine distante, l'échange de courrier.
Dès 1986, s'amorce une utilisation du réseau local par la médiathèque, qui dispose du courrier électronique pour communiquer et échanger des documents avec l'étranger, particulièrement avec la Bibliothèque scientifique de l'Université Camegie-Mellon.
Afin de promouvoir les publications IMAG, la médiathèque alimente, bien qu'irrégulièrement, la tribune de discussions « Comp.doc.techreports », annonces des dernières publications des laboratoires de recherche en informatique et en mathématiques appliquées disséminés dans le monde.
Sollicitée par son environnement, elle utilise régulièrement le réseau à partir de 1989. A ce moment « charnière » amorçant une nouvelle stratégie informatique, la médiathèque est portée sur le système Nos/Ve alors que l'ensemble des bibliothèques INRIA migrent sur Unix - poursuivre la coopération inter-bibliothèques imposait donc de travailler sur une machine Unix et de se connecter grâce au réseau local aux bibliothèques françaises de même spécialité.
Enfin, la volonté marquée de la direction de l'IMAG de coordonner les chercheurs et les ITA
Dès lors, beaucoup marginalisent l'utilisation du téléphone pour lui substituer le plus souvent possible ce mode de communication différé : le courrier électronique. Le message est lu au moment jugé opportun, mais signale discrètement son arrivée. La moyenne quotidienne est de trois à quatre demandes électroniques destinées à la médiathèque.
Pour pouvoir toucher rapidement la communauté scientifique, une tribune spécifique, « Imag.médiathèque », a été créée. Elle s'apparente à ces feuilles flash que lancent d'habitude les bibliothèques et les services pour signaler la vie de leur centre, mais elle a la souplesse de pouvoir présenter d'épais dossiers.
Depuis 1991, la croissance du nombre des utilisateurs du réseau a brusquement augmenté
En septembre 1991, les fichiers de la médiathèque sont portés sur une machine Unix à laquelle accède l'ensemble des chercheurs de la communauté. L'attente de ce transfert était telle que, sitôt annoncée sur les News, la base - qui prévoit un mode assisté pour les usagers - est interrogée : trois interrogations la première heure, 35 le premier jour, 450 en deux mois !
Pour mobiliser la communauté scientifique sur ce nouvel outil, la tribune Imag.médiathèque propose de nouveaux articles trois à quatre fois par semaine. Déjà, en mai 1991, l'exposition Patrice Jeener, Espaces gravés avait présenté via le réseau le prototype image d'une bibliothèque virtuelle. En septembre, la tribune propose l'intégralité des analyses des éditions Grenoble-Sciences
Chaque jour, une dizaine de courriers électroniques est adressé à la médiathèque. Leur contenu est celui des appels de type « svp », mais les messages sont souvent plus complexes en raison de la nature même des communications électroniques. En effet, si les News remplacent la messagerie quand les informations diffusées sont susceptibles d'intéresser la communauté tout entière, le système admet des réponses, personnalisées ou non. C'est pourquoi ce mode de communication dialogué représente bien l'outil idéal pour faire participer l'usager à la vie de la médiathèque. Dans la foulée des discussions, les suggestions, les critiques, les comparaisons, - pas forcément les plus flatteuses - pleuvent ! Il arrive qu'Imag.médiathèque soit publiée par les utilisateurs eux-mêmes, qui associent parfois un problème d'enseignement ou de recherche à un point bibliographique.
De toute façon l'essentiel est atteint. La médiathèque est devenue partie intégrante de la vie professionnelle de l'utilisateur. Elle a tellement pénétré son propre système d'information qu'il n'a plus conscience de s'adresser à un service particulier. Le contenu des courriers montre bien qu'ici, il n'est plus question de la fameuse timidité du lecteur. Toute réticence à questionner ou utiliser le centre de documentation s'est évanouie. L'utilisateur est « adulte » : il pose rigoureusement sa question et attend une réponse également rigoureuse.
Ces premiers résultats permettent de construire notre activité réseau autour de trois types de fonctions concernant la quête et la récupération d'informations, la diffusion d'informations et la mise en place de processus permettant d'optimiser le fonctionnement de la médiathèque.
L'information disponible sur Intemet dans notre domaine concerne des documents élaborés par des bibliothèques et de l'information provenant des services de publication des laboratoires. Elle peut également être transmise directement par les chercheurs. Il s'agit soit de références bibliographiques, soit de documents en texte intégral.
Les nouveaux catalogues disponibles sur le réseau permettent de consulter un nombre de bibliothèques sans cesse croissant. Les chercheurs IMAG peuvent interroger la majorité des fichiers des bibliothèques françaises dans le domaine de l'informatique, des mathématiques appliquées et des mathématiques pures. Ils pourront bientôt interroger la biblio-thèque de l'Ecole polytechnique de Lausanne. Les bibliothèques américaines
Le rôle bibliographique des tribunes est primordial. Au niveau local, depuis 1988, le secrétariat d'un de nos laboratoires anime Imag.revues, une tribune qui diffuse les sommaires d'une dizaine de périodiques. Il s'agit maintenant de la compléter en recueillant, via le réseau, les tables de matières des journaux auxquels par ailleurs nous souscrivons.
Bien d'autres tribunes sont intéressantes. Entre autres Fnet.séminaires, Misc.books.technical, News.announce.conference, Comp.research-Japan...
La littérature grise, les techreports sont aussi identifiés sur Intemet. En complément à la tribune Comp.doc-techreports, des laboratoires chaque jour plus nombreux préfèrent adresser à la bibliothèque leurs listes trimestrielles de publications via le réseau plutôt que sous forme papier. Ces documents sont alors retransmis sur Imag.médiathèque dans la journée. A chaque édition, les chercheurs sélectionnent des références et leurs commandes sont immédiatement traitées. Implanté dans une communauté où la fraîcheur de l'information est fondamentale, ce service est en plein développement.
Le réseau offre également des documents en texte intégral. Un espace disque est réservé sur certaines machines où les chercheurs mettent à disposition de tous des documents qui peuvent être récupérés par impression dans n'importe quelle partie du monde. Selon l'expérience des chercheurs, ce type de promotion donne lieu à des collaborations fructueuses
A l'IMAG, des thèses sont aussi diffusées de la sorte, ainsi que des documents d'enseignement. Il nous faudra maintenant « cataloguer » ces textes en évitant que des duplications au niveau de chaque utilisateur n'entraînent un gaspillage d'espace mémoire. Chercheurs et ingénieurs sont confrontés à ce problème sur la plupart des sites Internet, ce qui les conduit à concevoir un service de bibliothèque en collaboration avec les bibliothécaires. Ces mots de Peter Deutsch du Département d'informatique de McGill en sont la preuve : « I have a lot of sympathy for librarians and 1 would love to give them the tools to enter my world. Ther's a lot of near stuff about to happen at the junction of these two worlds. »
Au niveau de la diffusion d'informations, le réseau est un outil dont la souplesse permet de segmenter le public visé. L'utilisation de listes de diffusion permet d'atteindre un groupe spécifique d'individus, la Commission bibliothèque par exemple, ou l'ensemble des thésards d'un laboratoire. Il est aussi possible de sélectionner l'espace géographique, la communauté IMAG, la France, le monde.
Le premier but à atteindre au niveau local est l'automatisation de la diffusion sélective de l'information. L'adressage de fichiers « profils bibliographiques » vers chaque boîte aux lettres des utilisateurs, à chaque mise à jour des catalogues de la médiathèque, est en cours de constitution, avec la création d'un fichier utilisateurs évolutif. D'autres applications sont liées à la réexpédition du courrier. Par exemple, le serveur de l'Agence spatiale européenne élabore une procédure qui doit expédier les résultats que nous demandons en différé, à l'adresse « Médiathèque », sur Intemet.
Les facilités de contact qu'apporte le réseau mettent fin à l'angoisse qu'éprouve le bibliothécaire ou le documentaliste à l'idée de se trouver coupé de la communauté qu'il dessert. « L'usager » n'est plus « cet inconnu ». Il est « à portée de nos doigts », et sa réponse est généralement immédiate.
Par les mesures des flux qu'il véhicule, le réseau permet de mettre en oeuvre une politique de vérification de la pertinence de l'information gérée à la médiathèque. En effet, l'analyse - établie chez nous - des résultats de la diffusion sélective, exécutée actuellement de façon non automatique
En ce qui concerne les échanges de publications, nous avons lancé une étude
Enfin, dans ses grandes lignes de développement, la médiathèque pourrait calquer sa politique d'acquisition sur les sujets abordés dans les News qui ont le plus d'abonnés à l'IMAG.
Ces demiers exemples montrent bien que le réseau permet de mesurer la dynamique d'une communauté, comme des services qui la desservent, même s'il est encore difficile, pour nous, d'en cerner toutes les possibilités. C'est pourquoi de nombreuses études sont en cours. Celle menée, par exemple, par l'OCLC
Dans le même ordre d'idées, le Chaos theory networks group de l'Université de l'Australie du Sud lance une recherche dont le but est de modéliser l'évolution de l'information véhiculée sur les réseaux en faisant appel à la communauté scientifique mondiale : informaticiens, mathématiciens, géographes, anthropologues, sociologues...
Et les bibliothécaires ?
Décembre 1991