La lecture infinie, Seuil, 1987.
La culture à Marseille(Éd. Valériano, 1995), il a signé le scénario d’un film,
Un silence du temps, les Juifs dans le Comtat Venaissin(CRDP de Marseille, 1985).
La lecture infinie, Seuil, 1987.
L’introduction dans les formations universitaires de la culture générale, définie comme l’environnement culturel et scientifique du savoir spécialisé, est désormais une « mission décisive de notre enseignement supérieur ». C’est aussi un enjeu face à la trop grande spécialisation, l’accélération des médiations et la mobilité dans la création européenne. Au regard de ce projet fort inscrit dans une problématique contemporaine, la bibliothèque universitaire doit jouer son rôle très naturellement grâce à un dispositif déjà en place (principes, statuts, objectifs et personnels). Il faut surtout renouveler, approfondir et affirmer les nouveaux objectifs et obtenir les moyens de mener à bonne fin, en concertation avec les équipes pédagogiques, une entreprise nécessaire et ambitieuse.
The introduction of a general cultural knowledge programme into the university curriculum (defined as cultural and scientific environment of specialised knowledge) has developed into “a decisive mission of our higher education programme”. It is also a blow against excessive specialisation, the acceleration in the transfer of knowledge, as well as higher mobility in an evolving Europe. In view of this important project, embedded in today’s overall problems, university libraries must unaffectedly play their role through its well-established position (principles, statutes, objectives and staff). Above all it is important to review, extend and confirm the new objectives and to obtain the financial resources necessary to carry out this vital and ambitious programme in close collaboration with the teaching staff.
Die Einführung der allgemeinen Kulturwissenschaft in den universitären Betrieb, welche als kulturelles und wissenschaftliches Umfeld des spezialisierten Wissens definiert wurde, ist von nun an „eine entscheidende Aufgabe unserer höheren Ausbildung“. Es ist auch ein Ziel angesichts der zu großen Spezialisierung, der Beschleunigung der Wissensvermittlung und der Mobilität in dem neu entstehenden Europa. Im Hinblick auf dieses wichtige Projekt, das in die zeitgenössische Problematik eingebettet ist, muss die Universitätsbibliothek ihre natürliche Rolle dank der bereits existierenden Position (Prinzipien, Statuten, Ziele und Personal) wahrnehmen. Man muss besonders die Ziele erneuern, vertiefen und bestätigen und man muss die Mittel erhalten, um schließlich das ambitionierte und notwendige Unternehmen erfolgreich durchzuführen; immer in Absprache mit dem pädagogischen Team.
La introducción en las formaciones universitarias de la cultura general, definida como el entorno cultural y científico del saber especializado, es de ahora en adelante una “misión decisiva de nuestra enseñanza superior”. Se trata también de una cuestión clave frente a la demasiada especialización, la aceleración de las mediaciones y la movilidad en la creación europea. Respecto a este proyecto fuerte, inscrito en una problemática contemporánea, la biblioteca universitaria debe jugar su papel muy naturalmente gracias a un dispositivo ya en plaza (principios, estatutos, objetivos y personal). Sobretodo hay que renovar, profundizar y afirmar los nuevos objetivos y obtener los medios de llevar a buen término, en concertación con los equipos pedagógicos, una empresa necesaria y ambiciosa.
La lettre adressée le 13 décembre 2002 par Luc Ferry, ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche aux présidentes et présidents d’université affirmait
À cette lettre et aux expériences déjà entreprises, la bibliothèque universitaire n’a-t-elle pas une réponse naturelle à apporter ? Pourquoi et comment la BU peut-elle et doit-elle accompagner cet effort, dessinant par là même une ligne d’évolution d’une mission dont nous sommes depuis longtemps en charge, mais affirmée, déployée et approfondie selon des objectifs redéfinis à l’aune des analyses, des expériences et des propositions débattues lors du colloque du 20 mai 2003BBF
, no 5, 2003
Les arrêtés d’avril 1997 et les projets de décret du 26 novembre 2001 ont fondé la démarche de promotion de la culture générale dans les formations universitaires. Les ministres successifs, François Bayrou, Jack Lang, puis Luc Ferry ont soutenu et confirmé cette mission
Dès la conférence de presse de la rentrée 2002, Luc Ferry avait indiqué que le renforcement de la culture générale dans les formations universitaires et son intégration dans les cursus des enseignements étaient un des axes majeurs de l’action qu’il entendait mener en direction de l’enseignement supérieur pour, au moins, les trois raisons suivantes : d’abord la trop précoce spécialisation, une des causes de l’important échec qui persiste dans certains premiers cycles, par manque de repères solides ; ensuite l’accélération des mutations du monde économique et professionnel, ainsi que la complexification des savoirs spécialisés qui rendent nécessaire l’acquisition d’un langage fondamental permettant de s’adapter aux contextes nouveaux ; enfin la construction de l’espace européen de l’enseignement supérieur qui rend propice un réexamen et un approfondissement de la cohérence et de l’articulation des parcours de formation.
Le professeur Alain Renaut, chargé de mission, ajoutait dans l’abrégé du rapport d’étape de février 2002 :
Encore faut-il s’entendre sur une définition de la culture générale ! Alain Renaut, dans ce même rapport, précise à ce propos qu’il existe
Le colloque réuni à la Sorbonne en mai 2003 en a largement débattu et dressé l’état des lieux. Les attentes dévolues aux acquis de la culture générale sont très ambitieuses et apparaissent légitimes. Il s’agit, par l’acquisition d’une culture générale de la discipline, d’aller au-delà d’une simple acquisition de connaissances, de mettre les savoirs en culture, d’en saisir la complexité, mais aussi d’éveiller l’esprit critique, le doute, la curiosité et de se rendre disponible pour d’autres savoirs eux-mêmes sans cesse renouvelés ; il s’agit surtout d’en saisir les grilles de lecture. Yves Michaud explique :
Développer la culture générale est aujourd’hui une nécessité cruciale et le ministre rappelait, en conclusion de sa lettre, que si les grandes écoles l’avaient d’ores et déjà compris, il était
En réponse à cet engagement fort et inscrit dans une problématique contemporaine, il nous apparaît que la BU doit déjà prendre la place qui est la sienne très naturellement et, face aux objectifs renouvelés, approfondis et affirmés, en possession des éléments essentiels du dispositif (principes, statuts, objectifs et personnels), de participer à une entreprise ambitieuse, décisive et volontariste et déployer ses potentialités.
La BU est l’intermédiaire par excellence entre la documentation spécialisée et générale qu’elle acquiert et diffuse et les étudiants qui la fréquentent. Cette qualification naturelle et l’usage désormais courant des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) et les actions de formation et d’accueil qu’elle mène, la mettent en position favorable pour formuler des réponses spécifiques d’accompagnement.
L’affirmation déterminée de ce rôle récemment rappelé nous conforte plus encore dans l’action entreprise depuis 1983 dans notre établissement pour développer la culture généraleBBF
, no 5, 1985, p. 402-406.
La loi sur l’Enseignement supérieur de 1984 précise, dans son article 2, que le
La recommandation datée de 1989 de la Commission réunie par André Miquel dans la partie intitulée « Moderniser ces méthodes et diversifier les services » précise :
Les vice-présidents du Conseil supérieur des bibliothèques écrivaient, dans le rapport pour l’année 1992, à propos de la Mission pour la lecture étudiante :
À la question qui lui était posée :
Les conservateurs, qui constituent le corps scientifique de la BU, sont recrutés selon des critères fondés essentiellement sur des épreuves de culture générale élaborée et maîtrisée. Ils peuvent être amenés à diriger un établissement ou à y occuper un poste de collaborateur, éloigné de leur propre formation spécialisée, et dans lequel ils doivent être capables de procéder aux acquisitions d’ouvrages, de déterminer une politique d’acquisition, de maîtriser des disciplines différentes et d’être des médiateurs entre ces disciplines spécifiques et leurs étudiants. Cette responsabilité peut être assumée par la parfaite possession que génèrent les efforts d’acquisition d’une solide culture générale, bâtissant des instruments intellectuels fondamentaux : esprit d’analyse, de synthèse et de curiosité, qualité dont les étudiants doivent se pourvoir.
Les bibliothécaires, eux aussi, sont recrutés selon des critères fondés en grande partie sur des épreuves de culture générale. Dans le cas qui nous intéresse, il faut noter qu’ils peuvent, entre autres fonctions, participer aux acquisitions, à l’animation et la formation.
De plus en plus, toutes les autres catégories de personnel peuvent suivre des formations qui les rendent aptes à l’accueil, à l’information, à l’orientation et leur permettent ainsi, chacun à son niveau, d’accompagner les étudiants dans l’appropriation de tous les services de la bibliothèque. Ces actions contribuent fortement à l’animation de la bibliothèque, et sont propices au développement d’un environnement culturel favorable à la culture générale.
L’animation a pour but non seulement d’accueillir et de retenir un public qui vient déjà à la bibliothèque, selon des méthodes et des techniques diverses, mais encore d’attirer un public de non-lecteurs en développant une politique de présence et d’insertion dans la vie culturelle de l’université et de la ville d’implantation. Son objectif est aussi de développer des activités propres à promouvoir un environnement culturel et de faire de la BU un lieu vivant.
Nous avons rappelé dans l’article du BBF
cité plus haut, les bases théoriques de l’animation culturelle en BU et avons insisté sur la nécessité d’introduire une culture générale dans la bibliothèque, sur le rôle qu’elle devrait jouer dans le développement de la pluridisciplinarité et nous donnions à ce dernier terme la même acception qu’Alfred Kastler qui déplorait de voir les étudiants de plus en plus
En 1998, les éditions du Cercle de la librairie publiaient un ouvrage sur
Nous n’avons pu recenser toutes les actions menées en BU tant au niveau de l’animation culturelle que de la culture générale, cela reste cependant un objectif à réaliser, mais nous pouvons dire que les BU ont toutes les structures nécessaires pour répondre à cette ambition. La culture générale y est bien en son domaine. Comment répondre dès lors pleinement aux attentes légitimes et récemment renouvelées, rappelées et confirmées ?
Une politique du SCD adaptée au nouvel enjeu doit développer des actions dans plusieurs directions.
Il s’agit, dans l’environnement culturel des spécialités, de donner accès aux disciplines différentes, à la documentation d’actualité, aux ouvrages de littérature générale.
Dans son ouvrage sur
Les fonds spécialisés sont nécessairement et naturellement acquis par la BU, et généralement les fonds traitant de l’environnement culturel de la discipline. En revanche, les fonds de culture générale, différente des spécialités propres à chaque campus, ne sont pas communément acquis. Si donc nous voulons répondre à la question posée sur les conditions d’accès à la culture générale, il est indispensable de se prononcer sur la nécessité de la création de tels fonds, et de mettre à notre disposition des crédits supplémentaires spécifiques ciblés sans léser les crédits d’acquisition de la documentation spécialisée.
Johann Berti, dans son mémoire d’étude pour l’obtention du diplôme de conservateur de bibliothèque, écrit :
Les fonds de l’environnement culturel complémentaire et général doivent être présents dans les mêmes lieux que ceux de la culture spécifique et les jouxter. Ces collections doivent faire l’objet d’une véritable politique d’acquisition en concertation étroite avec les enseignants responsables des programmes de culture générale. Cependant, des relations avec les autres institutions telles les bibliothèques de lecture publique, doivent être privilégiées afin d’établir des liens susceptibles d’enrichir l’offre. Ainsi, durant plusieurs mois en 1997 et 1998, le bibliobus de la bibliothèque municipale de Marseille a stationné chaque semaine dans une zone stratégique à l’intérieur de notre campus.
Si la première fonction de la presse écrite est l’information et la documentation, elle est complétée par la fonction de renseignement et joue un rôle de diffusion de valeurs entre autres culturelles. La création d’un kiosque de presse, sorte de petite maison de la presse, nous apparaît indispensable. Ces fonds sont nécessairement inscrits dans l’actualité, ils établissent le lien avec toutes les formes de culture et permettent le recul par rapport aux médias audiovisuels. Par son implantation au cœur des salles de travail, ils éveillent l’esprit de curiosité. Notre section dispose d’un tel kiosque, insuffisamment développé à notre gré.
Évidemment tous ces fonds doivent bénéficier de conditions d’accès des plus favorables : libre accès, qualité et confort des lieux, accueil et horaires adaptés.
L’animation crée l’environnement culturel qui a pour fonction de développer l’esprit de curiosité à la source même de la culture générale. La place doit être faite à :
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La culture générale bénéficie, dans un même mouvement, des formations délivrées pour la culture spécifique et complémentaire par la BU. Elle ne peut se déployer qu’en collaboration avec les enseignants. Ainsi que l’a écrit Bernard Dizambourg dans le rapport du Conseil supérieur des bibliothèques pour les années 1996-1997 :
Cette formation se déploie en accueil et disponibilité du personnel, formation des usagers à une meilleure connaissance des fonds de culture générale, méthodologie documentaire en coopération avec les équipes pédagogiques du campus, enfin diffusion et développement des NTIC (en particulier 48 postes d’accès libre à Internet sont mis à la disposition de nos usagers).
Les fonds de culture générale, l’animation culturelle, les accès facilités et la formation créent dans ce lieu de toutes les rencontres, où contenu et méthode sont constamment présents, les conditions les plus favorables. Mais nous estimons que l’action menée jusqu’à ce jour est insuffisante tout comme les moyens dont nous avons pu disposer pour mettre en œuvre notre expérience et lui donner le développement que nous souhaitions.
Afin d’aller au-delà de nos interrogations et de nos analyses, nous proposons :
– de débattre avec ceux qui le souhaitent de cette mission redéfinie et déployée, y compris du contenu même de la culture générale et de la problématique de la vulgarisation de toutes les disciplines ;
– de préciser la place et la nature de l’animation culturelle en BU ;
– d’inventorier et partager les expériences déjà entreprises ;
– de définir les moyens : crédits spécifiques d’acquisition, conditions de réalisation d’une animation de qualité et formation spécifique des personnels ;
– d’élaborer des solutions : mise au point d’une politique d’acquisition des fonds de culture générale, des choix des implantations et des conditions d’accès, etc. ;
– d’envisager les collaborations possibles avec les bibliothèques publiques et autres institutions culturelles.
Enfin, dans cette démarche, il sera urgent de recenser les attentes des équipes pédagogiques responsables de ces formations et d’offrir notre concours non pas seulement pour fournir les fonds de culture générale, mais tout autant mettre en œuvre nos spécificités et construire ensemble la « formation générale ».
À côté de nos exigences prioritaires et naturelles de spécialisation, la BU est le lieu par excellence de la culture générale tant par les objectifs fixés par ses statuts que par la qualification de son personnel, les instruments qu’elle utilise et les actions qu’elle peut déployer. Elle est le lieu de rencontre, le lien fondamental de la spécialité avec son environnement culturel, mais également avec les autres disciplines rendues accessibles par des choix pertinents et une offre large dans un cadre de contiguïté.
Novembre 2003