Près de soixante participants se sont retrouvés à l’université Montesquieu-Bordeaux IV, le 28 avril, à l’invitation du centre régional de formation aux carrières des bibliothèques Médiaquitaine et de l’Urfist (unité régionale de formation à l’information scientifique et technique) pour une journée d’étude consacrée à l’évaluation de l’information sur Internet.
En introduction à son intervention sur les modes de référencement des principaux annuaires et moteurs de recherche, Éric Culnaërt, de l’AEC (Aquitaine Europe Communication), a souligné l’importance acquise par ces outils : 80 % de la population en ligne y ont recours pour effectuer leurs recherches d’information.
Après avoir rappelé leurs principes de fonctionnement (indexation, classement des pages selon des critères de pertinence, de popularité
Citant le travail de Jean Véronis
Quel avenir pour les moteurs de recherche ? Éric Culnaërt a terminé son tour d’horizon en envisageant des axes de développement probables dont notamment un service plus personnalisé, basé sur une connaissance beaucoup plus fine des comportements des utilisateurs.
Monica Macedo-Rouet, ingénieur de recherche au Centre national de documentation pédagogique, a rappelé que «
C’est pour mesurer les capacités des usagers à évaluer la qualité et la crédibilité des documents web que plusieurs expériences ont été menées, notamment dans le cadre du laboratoire Irma (Ingénierie des ressources médiatiques pour l’apprentissage) de l’université de Poitiers. Les possibilités d’évaluation des lycéens et des étudiants invités à se prononcer et à justifier leurs avis sur une sélection de sites se sont avérées très faibles. Les indices sont peu fiables («
L’utilisateur « tout venant » du web met en place des critères encore plus faibles, comme le portrait de l’auteur ou le design du site et ne mentionne quasiment pas la source. En revanche, lorsque le public testé est composé de documentalistes, les résultats présentent une très nette amélioration. Les documentalistes connaissent leur domaine de contenu, ont des connaissances sur les sources, croisent des critères, notamment liés à la qualité de l’information et à l’identité de l’auteur.
Il résulte de ces expériences que «
Arnaud Klein, sociologue à l’université de Genève et membre de la Fing (Fondation Internet nouvelle génération), est intervenu sur le thème de la construction collective des savoirs sur Internet, à partir de l’exemple de WikipédiaBBF
, 2004, no 6.
Partage des connaissances, anonymat des contributeurs, Wikipédia fonctionne sur la conviction que la validation collective et réitérée offre une garantie suffisante sur la qualité des contenus. En réalité, beaucoup de notices sont proposées par des contributeurs enregistrés et, par ailleurs, chaque notice possède son historique des versions successives. Encyclopédie ouverte, Wikipédia doit se prémunir contre les actes de vandalisme ou les tentatives de propagande idéologique : c’est la forte réactivité de la communauté qui fait bloc pour protéger l’œuvre commune.
Arnaud Klein a conclu son intervention sur la question de la légitimité d’un savoir construit sans les instances intermédiaires des experts identifiés. De nombreux débats, dans les médias grand public ou chez les spécialistes, ont en effet pointé cet enjeu. Est-ce que le projet Wikipédia, fondé sur «
La journée s’est achevée avec l’intervention d’Évelyne Broudoux, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication (université de Versailles – Saint-Quentin-en-Yvelines), sur le thème de l’évaluation de l’auto-publication dans les blogs et archives ouvertes. Elle a souligné la caractéristique de l’auto-publication en ligne qui inverse l’ordre chronologique de la chaîne éditoriale traditionnelle (produire, éditer, publier, diffuser). L’auto-publication est en effet marquée par l’absence de travail éditorial avant publication.
Le langage HTML, grâce à son usage relativement simple, a favorisé l’émergence de sites d’auteurs préoccupés d’élargir leur audience en évitant les intermédiaires tels que l’éditeur et le diffuseur. Cependant, c’est avec les CMS (Content Management Systems, systèmes de gestion de contenus), que «
Dans ce contexte, l’identité des fonctions et des métiers n’est plus clairement définie. Une porosité apparaît entre les rôles de lecteur, d’éditeur et d’auteur : «
Quel est le degré de fiabilité des contenus basés sur le consensus ? Que deviennent le statut de l’auteur et les droits attachés à la propriété intellectuelle ? Évelyne Broudoux a fait observer que ces innovations techniques accompagnent de nouveaux modèles de participation sociale et que ces nouveaux usages modifient le paysage traditionnel de l’accès à l’information et aux savoirs.