Vingt ans après l’ouverture de la bibliothèque Mériadeck à Bordeaux, un important chantier de requalification du bâtiment a été engagé. Après un rappel du projet initial, ambitieux mais inabouti, et le bilan dix ans après l’ouverture, l’auteur expose l’origine et le contenu du projet de requalification. Elle explique comment cette modernisation architecturale (au cours d’une première phase) a été accompagnée et amplifiée par toute une dynamique de changements internes (optimisation de l’organisation interne, diversification et valorisation documentaire, reconfiguration des espaces, renforcement de la communication et de l’action culturelle).
Twenty years on from the opening of the Mériadeck library in Bordeaux, major changes in the building’s intended use are underway. The article begins with a look back at the initial project, which was highly ambitious but never fully completed, and an assessment of the situation ten years on. It then studies the origin and content of the new redevelopment programme. It explains how the first phase of the architectural modernisation took place alongside a whole range of internal shifts, optimising the internal organisation, diversifying and showcasing the material on offer, reconfiguring the space, and strengthening the communication and cultural programmes.
20 Jahre nach der Eröffnung der Bibliothek Mériadeck in Bordeaux wurde eine bedeutende Baustelle zur Requalifizierung des Gebäudes begonnen. Nachdem die Autorin an das anspruchsvolle, aber nicht abgeschlossene Grundprojekt und die Bilanz zehn Jahre nach der Eröffnung erinnert hat, beschreibt sie den Ursprung und den Inhalt des Requalifizierungsprojekts. Sie erklärt, wie diese architektonische Modernisierung (im Laufe einer ersten Phase) von einer wahren Dynamik interner Veränderungen (Optimierung der internen Organisation, dokumentarische Diversifikation und Aufwertung, räumliche Neukonfigurierung der Bereiche, Verstärkung der Kommunikation und der kulturellen Aktivitäten) begleitet wurde.
20 años después de la apertura de la biblioteca Meriadeck en Burdeos, una importante obra de recalificación del edificio fue emprendido. Después de un recuerdo del proyecto inicial, ambicioso pero inacabado, y el balance diez años después de la apertura, la autora expone el origen y el contenido del proyecto de recalificación. La autora explica cómo esta modernización arquitectural (en el curso de una primera fase) fue acompañada y amplificada mediante toda una dinámica de cambios internos (optimización de la organización interna, diversificación y valorización documental, reconfiguración de los espacios, reforzamiento de la comunicación y de la acción cultural).
Si elle s’intéresse aux constructions nouvelles et aux rénovations de bibliothèques anciennes, la documentation professionnelle ignore souvent les chantiers de requalification, opérations moins prestigieuses qui visent à corriger des défauts structurels ou à simplement améliorer un équipement imparfait.
Ces chantiers ne manquent pourtant pas d’intérêt, comme en témoigne l’exemple singulier de la bibliothèque Mériadeck, tête du réseau municipal de lecture publique à Bordeaux, qui est aujourd’hui engagée dans des travaux d’envergure ; pourquoi, vingt ans après son ouverture, faut-il requalifier Mériadeck ? Les transformations effectuées et programmées suffisent-elles à adapter la bibliothèque centrale aux rapides évolutions qui s’observent aujourd’hui en matière d’offre documentaire comme d’usages et de besoins socioculturels ?
Projet ambitieux mais inabouti, Mériadeck a rapidement montré des limites qui ont conduit à requalifier son bâtiment gigantesque, une modernisation architecturale accompagnée et amplifiée par toute une dynamique de changements internes.
Tenant compte des rapports convergents de bibliothécaires successifs, le maire Jacques Chaban-Delmas prend la décision à l’été 1980 d’installer la bibliothèque centrale du réseau bordelais dans le nouveau quartier Mériadeck. Siège de la bibliothèque depuis 1891, le couvent des Dominicains de la rue Mably était bien trop exigu pour tout à la fois conserver les collections, offrir au personnel des conditions de travail satisfaisantes et accueillir correctement le public ; encore moins ce bâtiment construit au début du XVIIIe siècle pouvait-il permettre le développement de la lecture publique (par opposition aux missions d’étude et de recherche) à travers une offre de lecture diversifiée et évolutive.
À l’époque, le projet de construction est considérable du fait de la superficie envisagée, environ 25 000 m² ; seule la bibliothèque municipale de la Part-Dieu, ouverte huit ans plus tôt à Lyon, est plus grande. Il s’agit de créer un équipement qui puisse répondre aux besoins pendant plusieurs dizaines d’années en remplissant une double fonction : d’une part, conserver et communiquer l’un des patrimoines les plus considérables du pays, d’autre part, offrir aux Bordelais – et, au-delà, aux habitants de l’agglomération, voire de la région – une documentation contemporaine sur des supports divers. L’objectif de Pierre Botineau Document programme (décembre 1983)
, p. 3.
Parmi les fonctionnalités innovantes, le projet intègre une salle de conférence et une salle d’exposition, un service de documentation locale et régionale ainsi qu’un service d’actualité et d’information, « La reconstruction de la bibliothèque municipale centrale de Bordeaux (rapport du 24 juillet 1984)
, p. 4.Document programme (décembre 1983)
, p. 4.
Dès 1983, la Ville envisage d’adopter les méthodes de gestion les plus modernes pour relier salles de lecture et magasins (voir encadré ci-dessous).
Augmenté de la vidéothèque Bordeaux Aquitaine (VBA) et d’un service spécifique pour les déficients visuels (l’espace Diderot), le programme final accueille enfin deux associations, le CRALEJ
Le projet présenté par les architectes Trinqué, Tournier-Ardilouze, Gresy et Hébrard semble en mesure de répondre aux demandes de la ville et des bibliothécaires, tout en respectant les contraintes liées à l’exiguïté du terrain, l’importance de l’environnement bâti et l’obligation de limiter la hauteur. Néanmoins, Pierre Botineau pressent la difficulté de construire un équipement qui puisse s’inscrire dans la durée : il n’est « Document programme (décembre 1983)
, p. 4.
Au début des années 2000, les deux directeurs successifs dressent un premier bilan qui fait apparaître des résultats contrastés.
Certes, la nouvelle bibliothèque attire beaucoup de Bordelais qui ne fréquentaient pas l’ancienne centrale et, par-delà l’effet d’ouverture inhérent à une création qui suscite la curiosité, les vastes espaces et la richesse de l’offre documentaire sont plébiscités par le public. Sur le plan budgétaire, les premières années de Mériadeck sont fastes, de généreux crédits permettant d’augmenter substantiellement les collections d’ouvrages modernes destinées au libre accès.
Néanmoins, force est de constater que Mériadeck souffre, dix ans après son ouverture, de certaines faiblesses tant au niveau des moyens que de la fonctionnalité du bâtiment. Dès 2001, Pierre Botineau alerte la ville sur les limites de la capacité de stockage des magasins, insuffisante au regard de l’accroissement normal des collections et de l’arrivée massive de dons. Il regrette également que la municipalité n’ait pas poursuivi les efforts des quinze premières années (1980-1995), parlant de « Le projet de système de stockage et d’acheminement automatiques de documents de la nouvelle bibliothèque centrale de Bordeaux (rapport du 27 juillet 1989)
, p. 11.
À ma prise de fonction en 2003, découvrant tout à la fois Mériadeck et ce diagnostic, je ne peux que souscrire à l’analyse de mon prédécesseur. Rapidement, je me trouve même en mesure de compléter son bilan par des constats portant d’abord sur les services offerts et l’organisation interne :
Par ailleurs, le bâtiment et ses installations ont révélé à l’usage certains défauts qui grèvent les budgets ou limitent la fonctionnalité de l’équipement :
S’il lui paraît possible d’améliorer ces points défectueux, la direction prend conscience que d’autres choix initiaux sur le plan architectural ou sur celui des aménagements intérieurs continueront à peser lourd sur la fonctionnalité du bâtiment ; ainsi, la forêt de poteaux soutenant l’immeuble de verre complique l’installation des collections sur les plateaux, la disposition des espaces publics autour du vaste puits de jour dessert leur lisibilité, la dispersion des bureaux et locaux professionnels favorise le cloisonnement des services.
La nécessité d’amorcer un processus de changement s’impose donc dès 2003, non pas pour infléchir les orientations premières mais pour atteindre l’objectif initial de Mériadeck. Une contrainte technique va donner l’occasion d’engager une première série de transformations dans le cadre d’un vaste projet de requalification.
L’origine de la requalification ne se trouve pas dans le double diagnostic effectué au début des années 2000 mais dans l’obligation de modifier le système d’autoextinction en cas d’incendie, le gaz halon que ce système utilise étant interdit à partir du 31 décembre 2003. La direction propose alors à la ville un projet beaucoup plus ambitieux pour optimiser l’équipement de Mériadeck, en faisant valoir les bénéfices de cette valorisation : un coût de fonctionnement réduit grâce à la suppression du magasin robotisé, des espaces problématiques réhabilités, une capacité de stockage accrue, des espaces intérieurs rénovés quinze ans après l’ouverture. Le site dispose d’atouts pour une extension spatiale ; sur la dalle de Mériadeck, se trouve un bâtiment mitoyen de 356 m² que la ville peut acquérir, tout comme elle peut se rendre propriétaire de l’espace à l’abandon de 715 m², appelé à juste titre « délaissé-sous-dalle », qui prolonge la cour arrière de la bibliothèque au niveau de la rue.
En avril 2003, la ville valide le projet ; le cabinet ABCD est retenu à la fin de l’année pour établir les différents scénarios. L’étude montre vite que le bâtiment est beaucoup moins flexible que ce que l’on pouvait supposer ; de plus, l’évolution des normes de sécurité depuis sa création empêche d’envisager une transformation en profondeur de Mériadeck, sauf à y consacrer un budget exorbitant. C’est la raison pour laquelle la ville opte pour un projet
Commencée en mars 2009, la phase 1 s’achève quatorze mois plus tard. Vingt-huit entreprises investissent la bibliothèque et ses abords pour réaliser les transformations du programme :
La première phase de requalification n’est pas seulement l’affaire des architectes et professionnels du bâtiment. Dès 2006, les agents travaillant dans les magasins commencent à sortir les 250 000 documents du robot et des magasins traditionnels attenants. Il leur faudra encore des mois de travail pour réinstaller les documents dispersés sur plusieurs sites de stockage. À l’été 2009, profitant de la fermeture de quatre mois et demi nécessaire pour effectuer les travaux les plus lourds, plusieurs services (adultes, enfants, musique, patrimoine) revoient complètement la disposition de leurs rayonnages afin de supprimer l’effet « murailles de livres » et faire entrer davantage de lumière. Des tables de travail sont retirées pour agrandir l’espace dévolu à l’image et régler le conflit d’usage entre étudiants et emprunteurs de documents vidéo. Par ailleurs, certaines banques de renseignement sont raccourcies ou reculées pour améliorer l’accueil ou dégager de l’espace. La fermeture pour requalification permet enfin de mener des travaux de fond (inventaire, catalogage, indexation de documents musicaux…).
En raison de son ampleur, inédite pour une construction récente, les journaux locaux mais aussi la presse professionnelle se font l’écho de cette première phase de requalification Bibliothèque(s)
, n° 44, mai 2009 ; « Le glissement progressif de Mériadeck », in Livres Hebdo
, n° 794, 23 octobre 2009.
Prévue pour les années 2011 et 2012, la phase 2 aura pour le public des effets nettement plus visibles que la première, qui a principalement touché des zones intérieures ou périphériques. Il s’agira en effet de rénover et d’améliorer en premier lieu des espaces accessibles aux usagers :
Investissement coûteux pour la ville
Tout en préparant la requalification et en réalisant sa première phase, la bibliothèque effectue entre 2003 et 2010 une série de transformations dont la première, à la visibilité symbolique, avait été décidée avant 2003. Dans le cadre du « Plan lumière » de la ville, le bâtiment est mis en lumière, à l’aide de spots bleus et d’un panneau vertical donnant une information lumineuse. Pour compléter cet éclairage nocturne, cinq auvents reproduisant des illustrations patrimoniales sont installés devant les deux entrées, tandis que la bibliothèque est signalée par des kakémonos sur mât et un lettrage éloquent sur les portes vitrées.
Après la période de stagnation déplorée par Pierre Botineau, les années 2006-2009 sont fastes sur le plan des ressources humaines. Pour renforcer l’encadrement à Mériadeck, plusieurs bibliothécaires sont recrutés et les nombreux agents partis en retraite remplacés par des agents au niveau de qualification souvent supérieur ; la première décennie du XXIe siècle est en effet marquée par un important renouvellement démographique, la moitié des agents actuellement en poste étant arrivés depuis 2000. L’amélioration de l’encadrement permet d’engager ce que l’on peut appeler une « requalification intellectuelle », les projets réalisés nécessitant un management inventif et de valeur.
Sur le plan organisationnel, l’évolution majeure concerne la mise en place des conditions permettant l’élargissement des horaires d’ouverture. Autorisé par la centralisation préalable des plannings de service public et le recours massif à des vacataires le samedi, le passage de 36 à 47 heures d’ouverture hebdomadaire, effectif en octobre 2007, est préparé en concertation avec le personnel et ses délégués ; désormais les agents ne travaillent plus qu’un samedi sur trois et les usagers accèdent à la bibliothèque du lundi après-midi au samedi soir, à l’exception du jeudi matin.
Marquée par une image de bibliothèque d’étude que la présence massive des étudiants accentue, Mériadeck se doit de développer une offre grand public, riche en nouveaux médias, pour gagner ou regagner de nouveaux usagers. Il lui faut aussi mener un travail important sur ses collections, dont l’accroissement mal maîtrisé nuit à la lisibilité de l’offre documentaire.
Laborieuse, l’arrivée d’internet est le fruit de longues discussions avec l’administration. Finalement, 12 postes internet sont installés pour le public en 2005 ; le succès immédiat qu’ils connaissent démontre la pertinence d’une offre plus ambitieuse. L’existence de 16 cabines, destinées initialement à consulter les films de la VBA, mais en réalité peu utilisées, conduit la direction à concevoir le projet d’un espace dédié à l’autoformation. En février 2008, le public découvre une offre multimédia, labellisée Cyberbase, composée de ressources électroniques accessibles sur 34 postes informatiques (via la plateforme Ermès d’Archimed) et d’un fonds de 4 000 imprimés sur les langues, l’informatique, la formation, les métiers et l’emploi. Les usagers s’inscrivent pour surfer sur internet, apprendre des langues dans les cabines insonorisées, accéder aux ressources numériques sélectionnées par les bibliothécaires ; des ateliers leur sont proposés (informatique et recherche documentaire).
À proximité et en complément de l’espace autoformation, il est possible de consulter 400 périodiques, augmentés fin 2008 par de nouveaux titres étrangers et d’outremer, ainsi que par une offre de 130 magazines réservés au prêt. En 2009, les ressources numériques essaiment dans d’autres espaces de Mériadeck, tandis que la base de données de la Cité de la musique et les films documentaires de la Bibliothèque publique d’information enrichissent l’offre du nouveau service Image et Musique. Désormais mise en avant, l’image fait l’objet d’un effort budgétaire important depuis 2007, les acquisitions de films vidéo ayant été renforcées pour satisfaire la forte demande des usagers.
Diversifiée dans ses supports, l’offre documentaire doit aussi être contenue dans sa volumétrie. Tournant le dos à la logique de l’accumulation, la direction se lance dans une politique active de désherbage, pour actualiser les collections, en réduire la masse et limiter l’engorgement des réserves comme des magasins. Des milliers de documents obsolètes ou doubles sont sortis des collections pour être, selon leur état et leur intérêt, pilonnés, donnés ou vendus. Relayées par la presse, les braderies de livres connaissent un étonnant succès auprès du public. Désormais, la qualité de l’offre est privilégiée à la quantité, l’important étant d’améliorer la présentation de documents en bon état et au contenu valide. Sur certains plateaux, une redéfinition stricte de la collection, parfois assortie d’un numerus clausus, empêche l’inflation documentaire ; c’est le cas du fonds de références, des usuels du patrimoine, du fonds d’actualité et d’information, de la documentation locale et régionale.
Entre 2004 et 2009, quasiment tous les espaces publics de Mériadeck sont déménagés. L’objectif poursuivi est de rendre la bibliothèque moins austère, d’offrir des plateaux plus spacieux, lumineux et conviviaux, de mettre en avant les nouveaux supports et de multiplier les présentations de documents.
En 2003, la zone de bureaux du 5e étage est affectée à l’administration. En 2006, la reconquête de 150 m², véritable verrue de bureaux sur un plateau destiné au libre accès, permet la restructuration complète de la zone dévolue aux périodiques, donnant à ce média un plus grand espace, agrémenté de plantes vertes et chauffeuses. En 2007, un autre espace de 150 m² est restitué au public, augmentant les surfaces allouées à la musique et à la documentation locale et régionale. Avec un premier étage entièrement affecté aux usagers, où la circulation autour du puits de jour central se fait désormais sans entrave, la bibliothèque retrouve la configuration voulue initialement par les architectes. Au fur et à mesure de ces aménagements tombent les cloisons de verre qui isolaient les espaces publics au profit de vastes plateaux grand ouverts.
À l’été 2008, l’informatisation des notices antérieures à 1990 étant réalisée, l’intégralité du fichier auteurs peut être retiré du 2e étage. Dès lors, la libération de l’espace autorise un vaste mouvement de services et de collections ; tandis que le fichier matières et le fonds bibliographique rejoignent les références au 3e étage, sur un plateau entièrement reconfiguré, la documentation locale et régionale s’installe au 2e étage, laissant place au 1er étage aux documents relatifs à l’image : bandes dessinées, vidéos, imprimés sur la photographie et le cinéma Livres Hebdo
, n° 732, 2 mai 2008.
Pendant cette période, une stratégie de communication est mise en place pour faire connaître au public bordelais les nouvelles offres : par des campagnes d’affichage sur panneaux Decaux, une diffusion massive de flyers aux stations de tramway, la vente de sacs éco-éthiques, l’envoi d’une lettre électronique. La bibliothèque fait parler d’elle et montre au public la modernisation en cours de ses espaces et ses collections. Pour ce faire, une nouvelle charte graphique est élaborée, uniformisant les supports de communication. Le catalogue informatisé est mis en ligne sur le site web de la ville dès 2005, dans l’attente d’un site propre à la bibliothèque qui devrait voir le jour courant 2011.
Parallèlement, la programmation culturelle est renforcée et diversifiée, afin de donner une identité à la bibliothèque, de valoriser ses ressources et d’attirer un public plus large que les seuls inscrits. Tiré à 9 000 exemplaires et diffusé partout dans la ville, l’agenda culturel constitue aujourd’hui le premier outil promotionnel de la bibliothèque.
Opérée par la requalification autant que par les changements internes, la modernisation de Mériadeck a permis d’améliorer l’équipement initial et d’adapter les services aux besoins des usagers, réalisant en cela l’objectif initial de créer une médiathèque centrale pour tous les publics. La rapidité avec laquelle il a fallu transformer un équipement récent tient en partie au contexte particulier des deux dernières décennies ; comme l’ensemble de la société, les bibliothèques ont été confrontées à l’explosion du numérique, qui a profondément modifié la documentation, mais aussi aux difficultés économiques fragilisant la situation de nombreux citoyens, phénomènes concomitants qui ont accru le besoin de médiation et de formation continue.
Dans une bibliothèque marquée par des choix correspondant à l’état des médias disponibles au début des années quatre-vingt et aux missions alors reconnues aux bibliothèques, le processus d’adaptation ne pouvait que s’enclencher peu après l’ouverture, et ce d’autant que, ces vingt dernières années, les bibliothèques se sont affirmées comme des lieux de lien social et intergénérationnel, d’apprentissage tout au long de la vie, de réduction de la fracture numérique.
Ainsi, loin d’être un handicap condamnant Mériadeck aux chantiers chroniques, les contraintes architecturales ont permis d’amorcer une dynamique continue, qui apparaît aujourd’hui comme un atout en des temps de mutations qui obligent chaque bibliothèque à réinventer constamment son projet de lecture publique.
Novembre 2010