Les 26es Journées nationales de l’ADBDP, du 24 au 26 septembre 2012, étaient placées cette année sous le signe de l’innovation et, de fait, c’étaient les premières en Île-de-France (en l’occurrence à Cergy), région qui, comme le rappelait d’entrée le président du conseil général du Val-d’Oise, Arnaud Bazin, ne se réduit pas à Paris et à la première couronne
Qu’est-ce que l’innovation ? Pour le consultant Arnaud Groff, orateur de la conférence inaugurale, c’est d’abord le moteur du changement ; l’innovation est la capacité à répondre de manière créative à un besoin identifié, en créant de la valeur et en s’assurant de son appropriation par ses destinataires. À cet égard, l’innovation est plus que l’invention, qui n’implique pas l’acceptation, alors que l’innovation intègre valeur d’usage, valeur d’estime et valeur d’échange ; elle a ainsi à voir avec la « méthode Shadok » (persévérer, ne pas avoir peur des échecs et les capitaliser autant que les réussites) mais aussi avec une formule que les plus oulipiens des bibliothécaires (ou l’inverse) ne renieraient pas : «
L’intervention de Véronique Balbo-Bonneval, directrice des affaires culturelles de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines (et multi-responsable dans les associations de DAC
La première table ronde de l’après-midi, centrée sur les nouveaux services en BDP, était l’occasion, grâce à sa DAC Véronique Flageollet-Casassus, de présenter l’hétérogénéité du Val-d’Oise, qui n’est pas sans conséquence sur la diversité de service de sa bibliothèque départementale, comme le montre la remarquable étude sur les facteurs de réussite des bibliothèques et médiathèques publiques, présentées par sa chef de projet, Diane Roussignol. Comme le soulignait V. Flageollet-Casassus, une telle enquête est un outil de conseil tout à fait utile pour le département – qui, en outre, complète les enquêtes plus statistiques de l’État (ce que confirmait dans la salle Fabien Plazannet, du SLL
La seconde table ronde, sur l’évolution des métiers, interrogeait cette évolution au regard de celle des missions, extrêmement rapide. La DRH du conseil général de l’Aisne (Corinne Dubreuil) et son adjointe (Laetitia Charmaille) montraient à quel point, en écho à la conférence d’Arnaud Groff, la contrainte des moyens peut hâter le changement : l’objectif affiché dans un document d’orientation à quatre ans était en effet pour le département d’économiser 100 postes sur plus de 2 000. Même si cet objectif est loin d’avoir été atteint (20 suppressions effectives), il a imposé une réelle collaboration DRH/BDP sur les compétences et les profils, et sur le niveau de polyvalence des missions des agents d’un même service.
La méthodologie employée, finement décrite, fait apparaître sept familles de métiers chez les cadres (du directeur au responsable de pôle, en passant par l’expert non encadrant) et plusieurs critères de cotation (nombre d’encadrés, responsabilités). Pour Anne-Marie Bock et Caroline Kolb, c’est le contexte de réorganisation de leur bibliothèque départementale (celle du Haut-Rhin) qui a, de même, conduit à un diagnostic sur les transferts de compétences (tandis que certains services, comme l’équipement ou les livraisons, peuvent être externalisés) ; le point délicat étant, bien sûr, que «
Les ateliers du mardi, synthétisés et restitués le mercredi, permettaient d’étoffer les échanges de pratiques et de témoignages entre responsables de BDP, sur quatre grandes thématiques.
Le premier atelier, intitulé « Accès aux collections : fluide
La présentation, dans une ultime conférence, du réseau de la lecture publique de la « Disputacio de Barcelona » par son responsable, Jordi Permanyer Bastardas, permettait de rappeler une fois de plus à quel point, dans certains pays voisins, l’existence et la défense de la lecture publique par les pouvoirs publics sont des évidences qui entraînent la mise en œuvre de moyens considérables. Et même en période de crise, «
Enfin le congrès, avant l’intervention finale du conseiller général en charge de la culture, Gérard Lambert-Motte, très présent tout au long de ces journées, ne pouvait se conclure sans laisser la parole, avec une émotion partagée, à celui qui restera un des très grands noms des BDP et de la vie associative des bibliothèques de ces dernières décennies : Dominique Lahary, directeur adjoint du cru, bientôt en retraite, qui lançait ses « Questions subsidiaires : quelques leçons d’un séjour prolongé en bibliothèque (départementale) », avec l’humour qu’on lui connaît et ses citations improbables, telle celle-ci : «
Entre-temps, la veille, l’association aura statutairement adopté une réforme très significative, puisque – jusque-là exclusivement réservée aux directeurs de bibliothèque – l’ADBDP s’ouvre, c’est un début, à leurs adjoints. Ce phénomène, dont il serait un peu trop facile de rappeler que l’ADBU l’a connu depuis longtemps, montre à quel point aucune association de directeurs de bibliothèque ne saurait aujourd’hui faire l’impasse sur la question de la délégation et sur celle de l’équipe dirigeante.
Plaçant ses journées sous le signe de l’évolution et de l’innovation, l’ADBDP ne pouvait, à l’évidence, s’épargner cet effet retour sur sa pratique et ses statuts : là aussi peut-être, les bibliothécaires ont-ils une longueur d’avance méconnue sur les réseaux de leurs partenaires institutionnels (administratifs, élus, etc.) – mais cela ne saurait étonner le lecteur attentif du BBF
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