Qui est le public séjourneur en bibliothèque ?

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Question

Bonjour,
Je souhaiterais savoir quelle définition "universitaire" peut être donnée du public séjourneur. De plus, existe-t-il des ouvrages ou des documents traitant des usages de ces publics ? En vous remerciant !

Réponse

Date de la réponse :  19/05/2017

Vous cherchez une définition "universitaire" des publics séjourneurs ainsi que des ouvrages traitant des usages que font ces publics de la bibliothèque.

L'étude des publics des bibliothèques relève de la sociologie et de ses méthodologies d'enquête. Les bibliothécaires bien que non spécialistes sont souvent amenés à réaliser eux-mêmes des études, donc à aborder les différentes phases d'une enquête : les phases préparatoires, les phases de production des données (le terrain) et enfin les phases d'exploitation des données (analyse, interprétation, synthèse, restitution et communication des résultats).
L'association des bibliothécaires de France (ABF) a conçu un petit document sur les publics en bibliothèque reprenant des notions de sociologie. Quelques définitions sont données, notamment, page 9, celle du public sur place : 

"Le public sur place: autrement dit les séjourneurs qui n’ont pas forcément de carte d’abonné, pas forcément de consultation de documents, ils cherchent un lieu pour se reposer, se divertir, se rencontrer..."

Source : Les publics en bibliothèque, Marine Le Clanche, Antoine Prunier, 2015, ABF.

Les documents que vous avez déjà consultés, notamment le document suivant :  Les usagers « séjourneurs » : un public peu étudié dans les recherches sur les bibliothèques. Étude au sein de la bibliothèque municipale de Sotteville-Lès-Rouen, proposent des définitions des usagers "séjourneurs" à partir d'une opposition avec les "usagers emprunteurs". Dans les documents que nous avons consultés, nous n'avons pas pu identifier de définition plus précise que celle-ci.

La phase d'analyse des enquêtes de publics peut aboutir à la constitution de typologies, mais il faut, comme le rappelle Christophe Evans, sociologue de la lecture et des publics des bibliothèques, savoir les manier avec précaution :

"Même si l’analogie est risquée - tant le travail de production de données se révèle très différent - on pourrait apparenter ici le travail du « chargé d’études » à celui du journaliste : il faut écrire pour être lu, et surtout compris du plus grand nombre. Dans cet esprit, on peut signaler l’exemple de la typologie qualitative des projets de lecture en bibliothèque d’Eliséo Veron qui a traversé le temps parce qu’elle était pertinente et facilement mémorisable (on parle encore aujourd’hui des « lecteurs du frais » : ceux qui viennent pour les nouveautés ou la presse) , ou encore la catégorie statistique des « Bernard - l’ermite » proposée par Jean-François Barbier Bouvet à propos de ceux qui ne fréquentaient la Bpi que pour profiter de son cadre de travail sans recourir à la collection. Qui dit catégories, toutefois, qu’il s’agisse de catégories statistiques ou de typologies qualitatives, sous - entend une certaine part d’arbitraire. Les typologies contribuent parfois à donner une image rigide mais aussi « figée » du réel : les « séjourneurs » d’un jour en médiathèque sont également des emprunteurs pressés à d’autres moments ; les étudiants sont parfois salariés à temps partiel (et par conséquent également « actifs occupés »), et les salariés sont parfois en formation... D’une manière générale, le travail de simplification et de synthèse, notamment la production des typologies et des catégories d’analyse, doivent s’accompagner d’atténuations dans leur présentation et doit surtout rester ouvert à toutes formes de révisions."

Source : Petites et grandes enquêtes de publics en bibliothèque. Questions de méthode et de bon sens. Christophe Evans, Bpi, 2007.

Les séjourneurs dans la bibliothèque peuvent donc correspondre à plusieurs profils selon la raison de leur présence sur un temps long à la bibliothèque.
Le service études et recherche de la Bpi produit depuis de nombreuses années un grand nombre d'études sur les publics qui fréquentent la bibliothèque. Certaines études sont susceptibles de vous intéresser, notamment :
Les habitués, Agnès Camus, Jean-Michel Cretin, Christophe Evans, Editions de la BPI, 2000.
Les lycéens-réviseurs à la BPI, données 2016, Muriel Amar, Anaïs Crinière, Yasmine Haddad, Service Etudes et Recherces, Bpi, 2016.

Les séjourneurs sont également abordés dans le mémoire de fin d'études d'un élève conservateur (p.33) :
Les publics sans-abri en bibliothèque publique, Vincent Chevallier, mémoire de DCB, janvier 2010.

Nous vous proposons également d'autres ressources bibliographiques sur la thématique plus large des usagers des bibliothèques :
L'enregistrement d'une rencontre intitulée "Des lectures, des usages"  organisée par l'Enssib et la Bpi en 2012.
Un article :
Le vieil homme et la mère ou l'assidu et l'occasionnelle : quatre portraits d'usagers des bibliothèques de lecture publique d'Albi, Bulletin des bibliothèque de France, n°5, 2010.

Des ouvrages :
Mener l'enquête en bibliothèque. Guide des études de publics en bibliothèque. Sous la dir. de Christophe Evans. Presses de l'Enssib, 2011.
Usages des bibliothèques. Approche sociologique et méthodologie d'enquête, Claude Poissenot, Sopie Ranjard, Presses de l'Enssib, 2005.

Nous vous invitons enfin à consulter la collection "études de publics" de la bibliothèque numérique de l'Enssib, qui compte à ce jour 87 enquêtes, ainsi que la thématique "sociologie des publics".