Le consortium Couperin répond-il aux attentes des bibliothèques ?

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Question

Bonjour,
Si j'ai bien compris, pour négocier l'accès à des licences nationales, les professionnels peuvent bénéficier de l'appui du consortium Couperin, qui est subventionné par le Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Mais ce système est vu comme une forme "d'arnaque" par les bibliothécaires. Ceux-ci restent pieds et souris liés à des éditeurs privés, qui n'ont aucune visée académique et ne se départissent pas d'une politique extrêmement prohibitive.
Est-ce juste tout ça ?
Merci d'avance

Réponse

Date de la réponse :  13/02/2017

Vous voulez comprendre quels sont les enjeux en matière d'acquisition de la documentation électronique dans les bibliothèques d'enseignement supérieur (universitaires en autres) et de recherche - notamment via le consortium Couperin.

L'acquisition des ressources électroniques pause effectivement de nombreux problèmes aux bibliothèques d'enseignement supérieur et de recherche.
Dans le manuel Bibliothèques universitaires : nouveaux horizons, François Cavalier présente ces problèmes : inflation des publications, coûts élevés liés au monopole des grands groupes d'édition comme Elsevier (mais aussi Wiley, Springer, etc.), offre souvent regroupée en bouquets, qui laisse peu de latitude en matière de politique documentaire. François Cavalier présente également les solutions mise en place pour remédier à ces difficultés : consortium Couperin, projet Istex, etc.
Source : Bibliothèques universitaires : nouveaux horizons. Sous la direction de François Cavalier. Éditions du Cercle de la librairie, 2015. Présentation

Le consortium Couperin est donc avant tout une solution (sans doute imparfaite, mais néanmoins précieuse), qui permet de mutualiser les négociations de documentation électronique.

Dans le manuel Intégrer des ressources numériques dans les collections, Géraldine Barron conclue ainsi l'article consacré à Couperin :

"Couperin.org est donc avant tout une fédération d’établissements qui mutualisent des moyens et des compétences pour faciliter l’accès des chercheurs à l’IST. Il agit aussi bien sur le plan technique qu’au niveau politique et est devenu l’un des acteurs majeurs du paysage français de l’IST et peut s’appuyer sur un réseau mondial de consortiums et d’infrastructures de recherche.
La preuve de l’utilité des consortiums dans le jeu des relations entre établissements d’enseignement supérieur et de recherche et éditeurs n’est plus à faire. Le récent élargissement de Couperin apparaissait à tous comme une nécessité car l’union fait la force ; il ne faut pas pour autant dissimuler les doutes qui peuvent saisir les professionnels de la documentation dans ces établissements « historiques », car la diversité qui fait la richesse d’une telle association et assoit les processus de mutualisation pourrait aussi être génératrice de blocages. Associer des établissements et des professionnels dont la tutelle, la culture, les intérêts sont de plus en plus variés gomme nécessairement les individualités et peut faire craindre aux établissements de ne plus se retrouver dans l’intérêt général porté à un niveau stratégique et politique qui paraît aller à rebours du mouvement d’autonomie des universités. Ces mêmes établissements comptent sur l’action du consortium pour les aider à reprendre en main leur politique documentaire dont ils ont été peu à peu dépossédés par l’empreinte financière croissante de quelques éditeurs en situation de monopole ; la notion de licence « globale » peut elle aussi sembler aller à l’encontre d’une maîtrise de la politique documentaire à l’échelle locale.
Souce : Intégrer des ressources numériques dans les collections. Sous la direction de Géraldine Barron et Pauline Le Goff-Janton. Les Presses de l'enssib, 2014. Présentation

En 2011, un rapport de l'Inspection générale des bibliothèques sur l'Optimisation des coûts de la documentation électronique dans les établissements d’enseignement supérieur et les organismes de recherche français formulait la conclusion suivante :

"Le groupement de commandes doit être encouragé de préférence à de simples accords tarifaires dès qu’une ressource peut être acquise par un nombre suffisant d’institutions. (…)
Le groupement de commandes permet à la fois d’obtenir des économies d’échelle en termes financiers, de ressources humaines mobilisées et de gestion. (…)
La négociation de ressources courantes en licence nationale devrait être préférée aux groupements de commandes dans deux cas : quand le nombre d’institutions abonnées à la ressource rend marginale le coût de l’extension de licence, quand il s’agit d’une ressource très spécialisée pertinente pour la recherche dont le coût empêche actuellement l’achat par des établissements isolés.
Quel que soit le modèle de négociation, il reste toutefois que les tarifs des éditeurs ont une courbe inflationniste très supérieure à l‘évolution des conditions économiques et des budgets publics, ce qui les rend difficilement soutenable à court ou moyen terme."

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter les sites des principaux acteurs en matière de documentation électronique pour l'enseignement supérieur et la recherche :

  • le 1er segment de la Bibliothèque Scientifique Numérique, qui concerne les acquisitions des revues et des archives (piloté par Couperin et l’ABES - Agence bibliographique de l'enseignement supérieur) ;
  • le projet ISTEX, qui « a pour principal objectif d’offrir à l’ensemble de la communauté de l’enseignement supérieur et de la recherche, un accès en ligne aux collections rétrospectives de la littérature scientifique dans toutes les disciplines en engageant une politique nationale d’acquisition massive de documentation : archives de revues, bases de données, corpus de textes… » (comprend notamment le programme des Licences Nationales) ;
  • le 4ème segment de la Bibliothèque Scientifique Numérique, qui concerne la politique d’Open Access (piloté par le CCSD et l'INRIA).