Gratuité des bibliothèques rime-t-elle avec démocratisation ?

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Question

Bonjour dans un souci de démocratiser l'accès des bibliothèques municipales de la Ville pour laquelle je travaille, je réfléchis à la gratuité de l'abonnement. Or les informations dont je dispose ne m'apportent pas d'éléments permettant de dire que les bibliothèques gratuites attirent plus de CSP traditionnellement peu abonnés dans les bibliothèques (ouvriers, demandeurs d'emploi, inactifs). En effet, si passer à la gratuité permet, comme on le sait, d'augmenter le nombre d'abonnés adultes et de révéler au grand jour des usagers masqués utilisant la carte de leur conjointe ou de leurs enfants (ah les coquins !), ce serait encore plus intéressant pour la démocratisation culturelle que la gratuité amène l'inscription de csp qui ne fréquentent que peu les bibliothèques. Existe t-il des études sur le sujet ? Merci d'avance pour votre réponse

Réponse

Date de la réponse :  18/02/2019

Vous recherchez des études sur l'impact de la gratuité des bibliothèques en termes d'inscription des catégories socio-professionnelles "traditionnellement peu abonnées dans les bibliothèques (ouvriers, demandeurs d'emplois, inactifs).


La question de la gratuité des bibliothèques municipales est une question récurrente dans la profession, et documentée depuis de nombreuses années comme vos propres recherches l'ont montré.
Si cet aspect vous intéresse, la notice Gratuité du Dictionnaire de l'Enssib propose une série d'articles de 1986 à 2010.

Nous n'avons pas trouvé d'étude récente portant sur la gratuité en bibliothèque et son impact sur les inscriptions de certaines catégories de la population.
Une enquête sur les usages et les publics apporte toutefois quelques éléments :
Publics et usages des bibliothèques municipales en 2016. Ministère de la Culture et de la Communication - direction générale des Médias et des Industries culturelles, 16 juin 2017


Le rapport Orsenna, Voyage au pays des bibliothèques. Lire aujourd'hui, lire demain, n'évoque pas la gratuité.

Toutefois, l'ABF s'est prononcée sur ce sujet dans le cadre d'une future loi sur les bibliothèques :
Une loi sur les bibliothèques pour “la gratuité de l'accès et du prêt” (ABF). ActuaLitté, 8 juin 2018

Extrait :
Outre cette sécurisation, cette loi pourrait aussi évoquer la gratuité de la bibliothèque, tant pour l'accès que pour l'inscription, pour l'emprunt de la totalité des documents. À l'heure où l'on souhaite améliorer la fréquentation des établissements, la gratuité lève énormément de freins symboliques auprès des publics visés. Même s'il y a une mesure comme la gratuité pour les chômeurs, il reste toujours délicat de devoir justifier son statut. Quand c'est gratuit pour tous, l'entrée est facilitée.

Au cours de notre assemblée générale, nous allons débattre de ce qu'il faudrait dans une loi sur les bibliothèques, de l'environnement juridique, des missions des bibliothèques et des enjeux liés à la gratuité d'accès ou d'inscription, voire de la définition d'un socle minimal pour ce qu'est une bibliothèque. Il est nécessaire que les élus comprennent bien les enjeux d'une bibliothèque et n'inventent pas des choses décalées par rapport à ce qu'est la lecture publique.


L'article suivant revient sur le passage à la gratuité à la bibliothèque de Bordeaux.
Où l'on voit que les arguments qui ont pesé auprès des élus ne sont pas forcément ceux qui motivent les professionnels de la lecture :
Les raisons de la gratuité dans les bibliothèques de Bordeaux. Éclairs, la revue numérique de l'ALCLA,  14 janvier 2016

Extrait :
Avant de prendre la décision de la gratuité vous avez réalisé une enquête sur les coûts. Qu’en est-il ?

O.C. – L’enquête a livré les données chiffrées : l’inscription a rapporté moins de 300 000 € sur toute la métropole en 2014. À la Bibliothèque de Bordeaux, les coûts générés par la gestion des inscriptions se portaient aux 2/3 de la recette… et cela, en ne prenant en compte que les coûts internes à la bibliothèque, donc sans les coûts imputés au traitement financier externe. En réalité, la perte de recette due à la gratuité ne serait, au plus, que de 40 000 €. Dans certaines bibliothèques de la métropole, les coûts de collecte sont plus élevés que les recettes de l’inscription. Cela a été un argument qui a parlé aux élus et a pesé dans la décision de la gratuité. C’est donc un choix politique autant que rationnel.
F.D. & C.L. – Quelles sont les retombées après quelques mois de gratuité ?
O.C. – Il y a eu 3000 inscrits supplémentaires dans les deux premiers mois… Il s’agit bien de nouveaux lecteurs. Pour une meilleure gestion, nous avons reporté de quatre mois les réinscriptions. Dans ces nouveaux lecteurs, nous constatons une augmentation de la proportion d’adultes et aussi du pourcentage de non-Bordelais qui passe de 11 à 25 %.


Enfin, pour élargir les problématiques liées à la "démocratisation culturelle", nous vous proposons deux études :