Pascal Ferry

Pascal Ferry, élève DCB [diplôme de conservateur des bibliothèques] a participé à Cyclobiblio pendant l'été 2017. Du  dimanche 18 au samedi 24 juin 2017 il a fait le tour du lac Léman à vélo, visité de nombreuses bibliothèques et échangé avec des collègues bibliothécaires. Il revient sur cette expérience tant sportive que bibliothéconomique. 

Pascal Ferry, élève DCB 26, a participé à Cyclobiblio 2017

Pouvez-vous nous rappeler le principe de Cyclobiblio ? Et nous dire ce qui vous a amené à participer à ce projet ?

Le principe est simple : pendant une semaine, un groupe de bibliothécaires à vélo suit un circuit qui le conduit à s'arrêter chaque jour dans des villes étapes où des collègues les accueillent, leur font visiter les lieux, organisent des rencontres, des ateliers, et durant le périple on suscite toutes les occasions possibles pour sensibiliser aux problématiques liées à la question "Une bibliothèque ça sert à quoi?" etc. C'était pour moi une première "au carré" : entrer dans le monde des bibliothèques et le faire accompagné de 70 cyclobibliothécaires c'est la garantie d'une formation professionnelle de haut vol !

 

Parmi les bibliothèques visitées pendant le tour, avez-vous été marqué par des services, des collections ou des bâtiments que vous avez trouvés particulièrement surprenants, enthousiasmants, enrichissants ?

Cette année autour du Léman, il faut reconnaître qu'entrer dans la somptueuse et imposante bibliothèque de l'ONU [Organisation des Nations Unies] en cuissard à bretelles et gilet fluo jaune c'est à dire dans les lieux où Adrien Deume (de Belle du Seigneur) observe jusqu'au ridicule le dress code (entre autres règles) de la SDN [société des Nations] avait quelque chose de très jubilatoire... Plus sérieusement, la bibliothèque du collège de Terre-Sainte qui mixe les fonctions d'un CDI d'établissement scolaire français et celles d'une bibliothèque municipale, avec notamment des publics qui se suivent dans la même journée sans se ressembler, était instructif sur des formules à explorer. Architecturalement c'est pour moi les locaux à Genève de l'Institut des Hautes Études du Développement qui a été le plus marquant : le lecteur progresse dans des espaces et des volumes en spirales, avec un souci du confort de lecture qui fait rêver. Beaucoup de choses ont déjà été dites sur le Rolex Learning Center qui présente quelques faiblesses à mon sens.

 

Quel est votre retour sur les rencontres avec les élus et les médias ?

On sent que l'événement CycloBiblio a été longuement préparé et les élu.es rencontré.es chaque jour tiennent à marquer de leur présence cette caravane insolite. Les discours font régulièrement l'apologie de la lecture publique, de l'engagement des bibliothécaires dans leur métier et du rôle de cette médiation dans la vie de la cité, auprès du public en général, des chercheur.es, des étudiant.es etc. La couverture médiatique de cette édition est très impressionnante : reportages télé, diffusion d'émissions radio, presse écrite aux grands moments, notamment à Lausanne et à Genève. L'équipe organisatrice est également très pro dans les relais sur les réseaux sociaux à usage interne bien sûr mais au-delà également, la diffusion quasi-virale de certains hashtags ou messages témoignent de l'audience de cette communauté très active. Je dois avouer que j'ai été très impressionné par l'étendue des savoir-faire maîtrisés et mutualisés par le groupe. Les "bibliothécaires" ont des cordes multiples à leur actif qu'ils savent combiner ensemble, c'est assez remarquable et très stimulant comme mise en musique!

 

Au final, que vous aura apporté votre mobilité internationale ?

Si par mobilité internationale on entend le franchissement de frontières qui à la fois séparent et mettent en relation, eh bien, au-delà des frontières franco-suisses traversées, j'insisterais surtout sur le grand plaisir éprouvé dans la fabrication au jour le jour d'un espace à multiples dimensions : que nos environnements professionnels sont très différents par le type d'établissement découverts (visité physiquement sur notre route ou décrit dans le "colloque permanent" de nos discussions animées!), que les responsabilités courantes de chacun dans la chaîne hiérarchique, grades et fonctions, peuvent être utilement suspendus et redistribués au moins le temps de Cyclobiblio, que des frontières générationnelles assumées sont autant d'occasion pour une socialisation professionnelle de premier ordre, et qu'en vertu de tous ces paramètres, faire évoluer sur deux roues un groupe dont la plupart des membres ne se connaît pas, dans des conditions météo ou matérielles pas toujours simples, devient une véritable entreprise de formation continue, et pas seulement à la vie en bibliothèque!