Philippe Colomb

Philippe Colomb, élève en DCB 25 a bénéficié en fin de formation d'un stage professionnel à l'Institut français de Bosnie-Herzégovine où il a exercé ses missions avec une grande autonomie et un professionnalisme qui ont été très enrichissants pour lui. Il répond à nos questions en nous dévoilant son expérience.

Philippe Colomb : aménagement des collections pour la mise en place d’une médiathèque ouverte au public, stage à Sarajevo, Bosnie

Dans l’établissement dans lequel vous faites votre stage, pouvez-vous nous parler d’une des missions qui vous ont été confiées ?

J'ai effectué mon stage professionnel de trois mois à l'Institut français de Bosnie-Herzégovine et, plus précisément, à son siège à Sarajevo. Ma mission a consisté à mettre en place une médiathèque ouverte au public, sachant que l'Institut disposait déjà de plusieurs milliers de documents. Il m'a donc principalement fallu faire une sélection parmi ces documents et essayer de bâtir une collection cohérente à partir de cet ensemble principalement issu de divers dons. J'ai également pu travailler sur l'aménagement des salles de lecture de la médiathèque et aussi contribuer à la formation des personnels.

 

Dans votre environnement de travail, avez-vous été étonnée par des pratiques ou perspectives professionnelles différentes des habitudes françaises ?

Le point le plus frappant pour moi a été la souplesse et la vitesse des prises de décision dans ce contexte. En trois mois, j'ai par exemple pu concevoir et voir réaliser le mobilier des espaces publics. J'ai également bénéficié d'une grande autonomie dans la réalisation de ma mission, ce qui était très satisfaisant professionnellement et intéressant à l'issue de ma formation. Je me suis par ailleurs rendu compte de l'importance de la culture professionnelle dans nos métiers : les personnels en charge de la médiathèque étant précédemment sur des postes administratifs, il a été nécessaire de les sensibiliser aux enjeux de l'accueil et du renseignement bibliographique. Cette transmission d'un certain savoir-faire et d'une réflexion sur les services qui doivent être rendus au public m'a paru très enrichissante pour les deux parties.

 

Parmi les bibliothèques visitées (celle de votre stage ou une autre), pouvez-vous nous raconter une chose que vous avez trouvée particulièrement surprenante, innovante ou enthousiasmante ?

A Sarajevo, j'ai fait principalement deux visites de bibliothèques : l'une complètement déprimante de la bibliothèque universitaire et l'autre très excitant de la bibliothèque du centre culturel Gazi Husrev-Begova. La BU n'a plus de budget depuis plusieurs années et ne reçoit plus de dons, comme c'était le cas dans les années qui suivirent la guerre. Les collections sont dans un état catastrophique et c'est la première fois de ma vie qu'une collègue me demande de ne pas faire de photos dans son établissement tellement elle en a honte. De son côté, le centre Gazi Husrev-Begova a bénéficié d’un très important soutien du Quatar et a ainsi pu construire un très beau bâtiment et acquérir un matériel très haut de gamme pour l'entretien, la restauration et la conservation de ses collections. Le centre dispose d'un fond historique très important sur la culture musulmane en Bosnie et développe une politique de recherche et de valorisation ambitieuse. Le contraste entre ces deux bibliothèques est donc très frappant et montre bien les différents niveaux de prise de conscience des différentes autorités sur les enjeux liés à la mémoire documentaire.