Fanny Duprilot

Fanny Duprilot, étudiante en DCB a bénéficié en fin de formation d’un stage à la Cushing Whitney Medical Library, bibliothèque de médecine de l’Université de Yale où elle s’implique dans le programme de soutien aux chercheurs. Elle nous fait part de cette expérience.

Fanny Duprilot : évaluer les besoins des chercheurs biomédicaux par l’enquête et le benchmarking, stage à Yale, USA

Dans l’établissement dans lequel vous faites votre stage, pouvez-vous parler de l’une des missions qui vous ont été confiées ?

J’ai effectué mon stage au sein du Research and Education Department de la bibliothèque de médecine de l’Université de Yale (Cushing Whitney Medical Library). Ce stage s’inscrit dans un contexte singulier : le développement de la médecine de précision notamment depuis la Precision Medicine Initiative lancée par Barack Obama en 2015, et la mise en œuvre d’un programme de soutien aux chercheurs biomédicaux par la bibliothèque dès 2015. Afin d’améliorer le soutien à ces chercheurs et de faciliter l’analyse des leurs données, la CWML souhaitait disposer d’une connaissance fine de leurs besoins dans le cadre d’une étude intitulée « Understanding the role of the medical library in the era of omics and precision medicine ».

Une enquête a été menée au début de l’année 2016 et a fait l’objet d’un premier rapport. J’ai participé au cours de mon stage à la phase qualitative de cette enquête qui a reposé sur la conduite de 14 entretiens. J’ai réalisé trois entretiens auprès de chercheurs (un post doctorant, un chercheur associé, un chef de service) puis nous avons analysé grâce au logiciel d’analyse qualitative NVivo le contenu de ces entretiens. J’ai rédigé une première synthèse de cette analyse qui laisse apparaître des besoins davantage centrés sur l’expertise humaine, avec notamment d’importants besoins en formation, que sur les ressources, puisque la bibliothèque a déjà une offre importante de logiciels d’analyse bioinformatique. Il s’agit maintenant d’imaginer à partir de la demande identifiée le rôle que la bibliothèque pourrait jouer à cet égard, en s’appuyant notamment sur le benchmarking que j’ai réalisé, et plus particulièrement sur l’offre de services développée par les bibliothèques de médecine d’Harvard et de Pittsburgh.

 

Dans votre environnement de travail avez-vous été étonnée par des pratiques ou perspectives professionnelles différentes des habitudes françaises ?

J’ai particulièrement apprécié le concept des Lunch and Learn meetings, qui, à ma connaissance, n’existent pas sous cette forme en France. Il s’agit de groupes de discussion informels dont les membres se réunissent mensuellement à l’heure du déjeuner pour échanger sur un thème préalablement déterminé, tel que le leadership. Les sessions sont organisées par les membres du groupe qui choisissent à tour de rôle un article ou un texte qui constitue le support de la discussion. Et bien sûr, chaque personne amène son propre déjeuner ! L’aspect informel de ces groupes de discussion permet à chacun de s’exprimer très librement et d’être particulièrement créatif.

 

Parmi les bibliothèques que vous avez visitées, pouvez-vous nous raconter une chose que vous avez trouvée particulièrement surprenante, innovante, enthousiasmante ?

Sans aucune hésitation, le Cushing Center qui est au sein de la Cushing Whitney Medical Library. Ce centre abrite la collection personnelle d’Harvey Cushing (1869-1939), un pionnier de la neurochirurgie diplômé de l’université de Yale. Si la présence de jarres contenant près de 450 cerveaux et tumeurs peut de prime abord déconcerter, on n’en demeure pas moins impressionné par le travail de documentation qu’il a effectué sur chacun des cas étudiés. Certaines jarres sont d’ailleurs encore utilisées par des chercheurs et étudiants en médecine.