Romane Coutanson

Romane Coutanson, étudiante en FIBE a effectué son stage à la bibliothèque de la Casa de Velázquez, bibliothèque française de recherche, l’occasion pour nous de lui poser quelques questions. Suivez son expérience.

Romane Coutanson : de l’innovation à l’accès rapide à l’information scientifique

Dans l’établissement dans lequel vous faites votre stage, pouvez-vous nous parler d’une des missions qui vous ont été confiées ?

Au cours des cinq semaines de mon stage, j'ai eu pour mission d'établir un diagnostic de l'offre de services de la bibliothèque de la Casa de Velázquez et de formuler des propositions d'amélioration pour attirer de nouveaux utilisateurs. Pour cela, j'ai mené différentes actions : j'ai réalisé une enquête de satisfaction auprès des publics de la bibliothèque, et observé l'environnement des bibliothèques de recherche madrilènes en lettres et sciences humaines. Ceci dans le but de voir comment la bibliothèque pouvait s'y insérer de façon à communiquer et valoriser plus largement ses services et ses ressources. J'ai également établi un document comparatif du fonctionnement des bibliothèques des Écoles Françaises à l’Étranger (EFE) et des différents services qu’elles offrent afin d'analyser le positionnement de la bibliothèque de la Casa de Velázquez. En parallèle, j'ai suivi trois axes de recherche : celui des services innovants, celui des services à distance et celui des services spécifiques aux chercheurs et aux artistes, toujours dans le but d'améliorer les services actuels de la bibliothèque.

 

Dans votre environnement de travail, avez-vous été étonnée par des pratiques ou perspectives professionnelles différentes des habitudes françaises ?

Cette enquête auprès du public a notamment révélé la forte présence des chercheurs comme usagers de la bibliothèque. En effet, les post-doctorants représentent près de 50% des lecteurs et 34% pour les doctorants. Cet état de fait est intéressant au regard de la situation des bibliothèques de recherche françaises dont l’un des enjeux principaux aujourd’hui réside justement dans le développement des services aux chercheurs, en lien avec la difficulté rencontrée pour attirer cette catégorie d’usagers. La question de la facilité et de la rapidité d’accès à la ressource est primordiale pour ces derniers. La disponibilité et la compétence d’une équipe de bibliothécaires formés d’une part et d’une offre documentaire en accès libre (à la seule exception de la réserve) d’autre part constituent ici un atout majeur.

 

Parmi les bibliothèques visitées (celle de votre stage ou une autre), pouvez-vous nous raconter une chose que vous avez trouvée particulièrement surprenante, innovante ou enthousiasmante ?

Lors de ce stage, j’ai eu l’occasion de visiter trois autres bibliothèques situées, comme celle de la Casa de Velázquez, sur le campus de Ciudad Universitaria : la bibliothèque de l’école technique supérieure d'architecture de Madrid, la bibliothèque d’histoire-géographie et la bibliothèque Maria Zambrano (LSH-droit) de l’Universidad Complutense de Madrid (UCM). A chacune de ces visites, j’ai pu constater les difficultés budgétaires auxquelles les bibliothèques ont dû et doivent encore faire face, ainsi que les stratégies de coopération qu’ont développées les bibliothécaires pour pallier le manque de moyens. En effet, aux coupes budgétaires importantes liées à la crise économique, s’est ajoutée l’instabilité politique de l’année 2016 qui a vu s’organiser plusieurs élections successives faute de parvenir à une majorité gouvernementale claire. Cela a d’autant plus retardé le vote des crédits budgétaires alloués aux bibliothèques d’Etat et a placé certaines dans l’impossibilité d’acquérir leurs ressources documentaires annuelles. Dans cette situation, le rôle d’un établissement culturel étranger comme la Casa de Velázquez est important, car il permet aux usagers (étudiants et chercheurs) d’avoir accès à une documentation récente, nécessaire à l’actualité de leurs recherches, autrement indisponible sur le territoire.

 

Selon vous, que vous a apporté cette expérience internationale ?

Ce stage a constitué une expérience très enrichissante. Sur le plan personnel bien entendu, ce séjour à l'étranger m'a permis d'apprécier la culture espagnole (madrilène) et d'en approfondir la connaissance, ainsi que celle de la langue, mais également sur le plan professionnel. En effet, j’ai dû appréhender concrètement des questions de gestion du temps ou d'adaptation. L’aspect le plus fructueux de ce stage réside dans les divers échanges que j’ai pu avoir, qui m’ont permis de découvrir en immersion l'organisation quotidienne d'une structure et les difficultés auxquelles celle-ci doit faire face. J'ai apprécié la confiance et la nature détendue des relations créées en matière de management que j'ai trouvé efficaces et productives du point de vue humain et professionnel.