Reine Bürki

Dans le cadre de sa mobilité Erasmus à Jönköping en Suède en juin 2016 co-financé par l'Union Européenne, Reine Bürki, conservateur de bibliothèque en poste au BBF, a accepté de répondre à nos questions sur les bibliothèques qu’elle a pu visiter.

Reine Bürki : L'évidence de la bibliothèque suédoise

Dans les bibliothèques que tu as visitées, peux-tu nous décrire en quelques mots ce qui t'a le plus marquée ?

On mentionne souvent la qualité de l’aménagement intérieur des bibliothèques scandinaves et c’est un aspect que j’ai pu constater, que ce soit en BU comme en BM. Le design, l’ergonomie des mobiliers, les éclairages intégrés aux rayonnages, le choix des couleurs pour spécifier les espaces, les matériaux privilégiés pour leur qualité acoustique comme le bois ou le tissu, sont envisagés dans la continuité des services offerts. Un accueil de qualité passe aussi par cet aménagement intérieur, et ce n’est pas une simple question d’habillage ou de goût esthétique, mais bien une prise en compte globale de l’usager et de son expérience de la bibliothèque. Cela contribue à concrétiser une atmosphère à la fois studieuse et accueillante, respectueuse de ses usagers comme de ses personnels, la bibliothèque devient un lieu « naturel », « évident » à fréquenter parce qu’on y est bien. C’est aussi certainement un prolongement de la culture suédoise telle que je l’ai découverte lors de mon séjour, où tout semble pensé à échelle humaine, en conciliant simplicité, fonctionnalité et qualité de vie.

 

Peux-tu nous décrire une action dans ces bibliothèques qui te paraît vraiment différente de la France ?

J’ai trouvé que les préoccupations d’une BU suédoise sont en fait très proches de celles qui nous intéressent aujourd’hui en France : accès à une information de qualité, enjeu de la visibilité de la bibliothèque au sein de l’université, développement des services aux chercheurs et question de l’open access, capacité à interagir avec les usagers, prise en compte des enjeux pédagogiques liés aux évolutions des modalités d’apprentissage… Ce qui diffère, c’est peut-être l’approche qui en est faite, notamment dans la façon d’aborder les services aux usagers. J’ai souvent entendu les mots « flexibility » et « facilities », deux notions qui se traduisent par une organisation et des services qui intègrent la diversité des usages et des besoins d’un étudiant fréquentant la bibliothèque : l’autonomie, la mise à disposition des espaces de travail en 24/7, la modularité des mobiliers, du renseignement bibliographique par chat

J’ai également trouvé l’équipe très sensibilisée aux questions de formation et d’évolution en compétences professionnelles, soucieuse d’être en capacité de suivre – voire d’anticiper et d’accompagner – les usages de ses publics. Cela ne concerne pas seulement les outils ou les techniques documentaires, mais également l’évolution des enjeux académiques (open access, édition) et pédagogiques.

* Pour en savoir un peu plus sur les bibliothèques de Jönköping, voir également l’article de Reine Bürki, Välkommen till Jönköping ! Une excursion bibliothéconomique en Suède, BBF n°10, novembre 2016, pp. 114-125.