Rentrée des classes

yves alix

C’est la rentrée. Toute l’Enssib, retour de plage, esprit clair et locaux longuement passés à la loque à poussière, s’apprête à offrir à ses nouvelles étudiantes et à ses nouveaux étudiants[1] des cartables neufs, avec plein de beaux objets dedans : un amphithéâtre rhabillé de bleu, avec de nouveaux sièges, fermes mais confortables, trois salles de pédagogie innovante, une bibliothèque remeublée, repensée et aérée[2] et, comme vous le découvrez en lisant ces lignes, un site web tout nouveau, doublé d’un site dédié aux Presses de l’Enssib. Et, dès octobre, une nouvelle charte graphique, disséminant les valeurs de l’établissement sous toutes espèces, du marque-page aux signatures de courriels, des lettres à en-tête au crayon à papier[3] pour salles de lecture patrimoniales.

Un mot, avant d’aller plus loin, pour saluer le magnifique travail de toutes les équipes de l’école qui se sont engagées à fond dans ce projet « orienté utilisateur ». Le résultat est certes perfectible et nous comptons sur vous pour nous signaler les bêtises, fautes et oublis que nous n’avons pas encore détectés, mais il reflète bien ce que nous voulions vous offrir. À une vitrine institutionnelle de luxe, genre Tiffany (tout est à l’intérieur et on tremble d’entrer)[4], succède la brasserie du marché : tous nos produits sont frais, et le menu change tous les jours sur l’ardoise. Bienvenue !

Oui, bienvenue aux étudiantes et aux étudiants de nos six parcours de masters, du diplôme d’établissement « cadre opérationnel des bibliothèques et de la documentation », et bientôt du diplôme d’établissement international Dusib[5]. Bienvenue, dans quelques semaines, aux bibliothécaires stagiaires de la formation initiale des bibliothécaires d’État et, dans quelques mois, aux élèves conservateurs. L’Enssib est prête à les accompagner dans leur parcours de formation, au plus près possible de leurs besoins, dont chacun constate aujourd’hui qu’ils ne cessent de se différencier. C’est l’honneur du service public que de s’attacher à donner toutes leurs chances à celles et ceux qui lui font confiance. Et c’est le défi des écoles de service public comme la nôtre de savoir équilibrer socles communs de formation et parcours personnalisés, dans un paysage professionnel ressemblant chaque jour un peu plus à un chaos informationnel.

Si nos étudiants se préparent à toute la variété des métiers du document et de l’information, nos élèves, lauréats de concours nationaux, viennent ici se former à un métier, celui de bibliothécaire.

Comme l’écrit un récent rapport ayant fait quelque bruit dans le landerneau professionnel, « on ne s’autoproclame pas bibliothécaire. C’est un métier difficile que l’on ne maîtrise qu’après une longue formation. Et d’autant plus, justement, que les tâches n’ont cessé d’évoluer, par exemple en donnant à l’accueil et au contact avec les non-usagers une place de plus importante (…) Respect et attention à ceux qui savent »[6]. C’est un académicien et un inspecteur général des affaires culturelles qui le disent. On ne saurait dire mieux. Le rappel est d’ailleurs utile, en ces temps de déprofessionnalisation rampante : les bibliothèques doivent être animées par des professionnels. Lesquels doivent être formés de la façon la plus exigeante qui soit, pour être à la hauteur d’un enjeu fondamental, la place de la bibliothèque publique dans la société ouverte de la connaissance.

Donc, respect et attention à ceux qui savent, certes. Mais, vu d’ici et tout autant, respect, attention et dévouement à ceux qui apprennent.

Yves Alix

 

[1] Que cela soit entendu une fois pour toutes – ou au moins jusqu’au prochain siècle : l’école ne sait pas ce qu’est un.e étudiant.e. Et ne veut surtout pas le savoir.

[2] Avec la même richesse de collections et des services encore améliorés.

[3] Ou « de » papier ? C’est un débat essentiel, voyez le Huffington Post : https://www.huffingtonpost.fr/2017/10/18/crayons-a-papier-ou-crayons-de-papier-la-carte-du-francais-de-nos-regions-qui-fait-hurler_a_23247359/

[4] Sauf si on s’appelle Holly Golightly, bien sûr…

[5] https://www.bibalex.org/dusib/fr/home/home.aspx

[6] Voyage au pays des bibliothèques, lire aujourd’hui, lire demain, par Erik Orsenna et Noël Corbin, février 2018 :  http://www.culture.gouv.fr/Espace-documentation/Rapports/Voyage-au-pays-des-bibliotheques.-Lire-aujourd-hui-lire-demain