inauguration

Exposition "One foot on stage" de Michel Étienne du collectif ITEM, du 12 mars au 19 avril 2019.

Inauguration de "One foot on stage" de Michel Étienne, collectif ITEM

Accueil du collectif item (une quinzaine de personnes) dans le cadre d'une saison riche en émotions fortes. Peut-être cette exposition va déranger, aussi,..
Je veux dire comme la précédente qui était… inhabituelle, plus par son sujet d’ailleurs, que par son traitement.
 

En tout cas, cette exposition détone. Pas tant par le noir et blanc, les bibliothécaires sont des habitués des photos dans leur culture de l'écrit, de l'estampe et de l'encrage, ici nous sommes presque dans la manière noire, le mezzotinto. C’est plutôt dans votre production que le N&B détone, parmi des couleurs qui portent sur des sujets plus arides sur le plan social (ZAD, homosexualité en Turquie, vie à Gaza).

Elle surprend un peu par la scénographie, des éléments directement collés au mur (sas d'entrée, façade, pilier). Et encore aurait-elle pu être plus invasive – je n’ai pas dit intrusive – dans le hall, s’il n’avait pas été aussi complexe d’accrocher en hauteur.

Elle étonnera aussi par l'abondance des tirages, les murs ne sont pas saturés mais bien occupés, c'est aussi dense à l'extérieur du cadre que dedans et d’une certaine manière le spectateur se retrouve pris dans le mouvement. Merci pour la générosité de cet apport.

Sur le plan du cadrage, je me demande combien d’images il a fallu prendre pour que celles-ci soient exposées sans éléments qui viennent détruire la photo comme un bras, une perche…

 

Elle étonne bien sûr par son sujet, beaucoup moins feutré que l'on ne s'y attend dans une école de bibliothécaires. J’ai dirigé pendant 30 ans des bibliothèques municipales et puis vous dire la difficulté qu’il y avait à faire de la médiation autour des musiques contemporaines, a fortiori amplifiées. C’est très dérangeant pour le lectorat traditionnel (sans compter les installations techniques). Une expo photo, c’est moins problématique.
Cette expo, ce n'est pas seulement un pied sur scène mais le riff du photographe, qu'on imagine presque fondu dans les groupes qu'il photographie. Au moins est-on sûr qu'il n'a pas lui-même jeté son appareil au sol sans quoi nous serions privés de ces fortes images, parfois étonnantes.

Les stridences de la musique sont presque audibles, particulièrement par les cadrages rapprochés et les gros plans d'attitudes paroxystiques.

Et même les flashs sont rendus, on croirait à dessein par les reflets des vitres, quelle chance que d’exposer dans un bâtiment aussi lumineux !

Mais cette lumière printanière nous guide dans un monde étrange, sans doute peu fréquenté par certains, et en tout cas par moi-même (je le confesse).

 

Romain Étienne, journaliste documentariste et photographe, vit depuis plusieurs années au rythme des scènes musicales souterraines et volontiers marginales. Entre rock sauvage, expérimentations sonores, folk sommaire et blues métallique, il témoigne par l’image de l’énergie vitale de cet univers et des individualités qui composent la pléthore de collectifs mouvants, passionnés, rageurs, enthousiastes et militants.
Avec pour seul mot d’ordre «Fais-le toi-même» (DIY/Do It
Yourself).

 

J’évoquais la manière noire, pourrait-on dire matière nuit avec cette expression de la libération d'expressions que, sans les micros et les sunlights, on verrait bien illustrer des scènes de sabbat, sans que, comme chez Berlioz dont on commémorait vendredi les 150 ans du décès, cela mène à l’échafaud (ce qui est une autre manière de monter sur les planches).

Il serait curieux que vous investiguiez dans les bibliothèques, elles proposent des univers obscurs, dignes des cités du même nom, mais des univers plus feutrés, sous la scène, two feet backstage, où les seuls grincements sont ceux des chariots et des charnières (quoique, certaines installations électriques sont parfois aussi acrobatiques que peuvent l’être celles de concerts). Et surtout, nous sommes une profession très DIY, voire DIM Do it Myself. Mais on va jouer collectif cette fois avec les 2 jours d’atelier que vous animerez pour une dizaine de participants.

Mais si vous n’allez pas de suite en bibliothèque, nous allons faire venir pas loin de 200 visiteurs qualifiés avec le congrès de l’ACIM, pour les 19es rencontres nationales des bibliothécaires musicaux : « Musique en bibliothèque, quelles formations aujourd’hui ? ». Je puis vous dire que pour eux, et, mutatis mutandis (un peu de latin quand même !) pour toute la profession, l’avenir c’est aussi one foot on stage.

 

André-Pierre SYREN