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Originaire du Gard, Gautier Chomel est actuellement prestataire de formation, consultant en édition numérique accessible. Titulaire d’une licence d’histoire mention relations internationales obtenue en 2001 à l’Université Paul Valéry, Montpellier 3, il travaille dans le domaine de l’édition depuis cette même année. Marié et père de deux enfants, il réside à Montpellier. Gautier Chomel est désormais diplômé d’un master PUN, avec un mémoire de VAE  pour partie accessible sur https://scriptorium.editadapt.net/

Rencontre avec Gautier Chomel, prestataire de formation et consultant en édition numérique accessible, diplômé du master PUN obtenu en VAE

1/ Vous avez obtenu en juin dernier votre master 2 Publications numériques (PUN) à l’Enssib par Validation des Acquis de l’Expérience (VAE). Pourquoi vous êtes-vous engagé dans ce dispositif ? Quelle était votre motivation ?
Mes expériences de travailleur indépendant, salarié ou bénévole ne me satisfaisaient pas complétement en terme de liberté de réflexion et d’action. Je ressentais un manque et souhaitait explorer le milieu universitaire que j’avais quitté 20 ans auparavant, voir ce qu’il pouvait m’apporter et expérimenter la réflexion pure, hors objectifs de production à court ou moyen terme, hors cadre hiérarchique ou contractuel.
Par ailleurs mon parcours atypique reposant sur des savoirs acquis par le faire m’a confronté à des incompréhensions. Il me fallait une validation extérieure de mes compétences pour assurer une reconnaissance professionnelle.
L’offre de formation relative aux métiers du livre est immense et variée, faire un choix n’était pas facile. Alex Bernier de l’association BrailleNet avec qui j’ai collaboré depuis plusieurs années au sein du groupe de travail DAISY France m’a orienté vers l’Enssib et le master PUN.


2/ En quoi consiste concrètement une VAE ? Comment s’est-elle déroulée pour vous ? Quelles en ont été les grandes étapes ?
Il s’agit d’identifier clairement les compétences acquises par l’expérience, professionnelle comme bénévole, en relation avec le diplôme et de les lister, puis de construire l’argumentaire qui justifie la compréhension ou la maîtrise du sujet. La sélection du diplôme est la plus complexe, car il faut identifier les compétences enseignées en se reposant sur la plaquette de présentation du diplôme et les référentiels nationaux. À partir de là, il faut construire un dossier de recevabilité, sorte de curriculum vitae étendu et détaillé, listant les expériences professionnelles en relation avec les compétences enseignées. Une fois validé, ce document sert de fil rouge pour construire un mémoire de validation des acquis de l’expérience.

 
3/ Quel accompagnement vous a proposé l’Enssib pour conduire votre VAE ?
Un accompagnement pédagogique d’une durée de huit heures est proposé. Je n’aurais sans doute pas pu obtenir une validation complète en un an sans cet accompagnement pédagogique assuré par Valérie Larroche, responsable du master PUN. Elle m’a permis de rattacher mes expériences pratiques à des textes académiques et de fortifier ma démarche réflexive et mes compétences académiques. Ses conseils de lecture et les interrogations qu’elle m’a soumis m’ont permis d’identifier rapidement des auteurs et des concepts en lien avec mes questionnements professionnels.

 
4/ Vous êtes passé devant un jury constitué de professionnels en poste et d’enseignants du diplôme.  Que vous a appris une telle expérience ?

Le délai entre le dépôt du mémoire et la présentation devant le jury m’a permis de penser à autre chose, puis de relire mon travail avec un œil nouveau. J’ai construit un argumentaire sous un angle différent de celui développé dans le mémoire. Je suis resté focalisé sur mon expérience, mes compétences et mes pistes de réflexions pour le futur. La présentation dure 20 minutes, suivie de 40 minutes de questions. Ayant l’habitude de la prise de parole en public devant des grands ou des petits groupes, je n’ai pas eu d’appréhension, et je ne me suis rendu compte qu’après coup de la situation particulière d’un jury que je n’avais jamais vécue auparavant.


5/ Si vous aviez à donner trois conseils pour réussir sa VAE, quels seraient-ils ?
Le premier point, c’est de prendre le temps. Le cadre universitaire s’inscrit dans le temps long et certaines réflexions ne peuvent se débloquer qu’avec le temps.
Le second serait de prendre encore plus de temps en amont pour sélectionner avec précision le diplôme qui nous correspond.
Pour le troisième, je pense qu’avoir un projet a posteriori facilite l’implication dans le processus de VAE et permet de se rappeler les éléments de motivations pour lesquels cet objectif a été fixé.
 

6/ Vous êtes désormais diplômé du master PUN. Comment voyez-vous la suite ? Quels sont vos projets ? 
Le processus cognitif par lequel je suis passé m’a permis d’enrichir mon expérience et de mieux comprendre mon parcours et mes choix. Mon souhait était de me confronter à l’univers académique et de voir si le domaine universitaire pouvait me convenir. J’avais un projet de recherche un peu flou avant de m’engager dans la VAE, il est désormais beaucoup plus clair, et je souhaite le mener à bien. Mon objectif est de travailler sur les impacts culturels et cognitifs d’une démarche de production éditoriale accessible. Je sais maintenant que la démarche de recherche action me convient, et je vais travailler dans ce sens pour je l’espère entamer un doctorat dans les années à venir.

 

Propos recueillis par Véronique Branchut-Gendron
Le 7 décembre 2020