Valérie Larroche

Maître de conférences en Sciences de l’information et de la communication, Valérie Larroche est responsable du master 2 Publication numérique de l’Enssib. Membre du laboratoire Elico, ses recherches portent actuellement sur l’analyse du travail collectif dans des projets d’Open data territorial ou de publication numérique.

Rencontre avec Valérie Larroche, responsable du master 2 sciences de l'information et des bibliothèques, parcours Publication numérique

Valérie Larroche nous explique comment le parcours de master 2 "Publication numérique" prépare des futurs professionnels de l’édition aux enjeux du numérique. Il prépare aussi de futurs professionnels du web aux enjeux de l’édition.

 

1/ Vous êtes responsable du master 2 Publication numérique (PUN) de l’Enssib. Qu’entendez-vous par « Publication numérique » ?
Valérie Larroche : La publication numérique fait référence à tout contenu diffusé sur un support numérique. La formation privilégie la diffusion de contenus numériques qui comportent une dimension informationnelle ou savante en adoptant un point de vue éditorial. Les contenus ne sont pas envisagés comme des contenus autonomes. Ils font partie d’un ensemble cohérent qui respecte une stratégie éditoriale définie en amont. Les médias privilégiés sont essentiellement l’écrit et l’image.

 

2/ À quels métiers prépare un tel master ? Quels secteurs d’activité s’ouvrent aux étudiants diplômés ?
V. L. : Ce diplôme vise à former de futurs professionnels aptes à conduire des projets de publication numérique en maîtrisant à la fois les aspects économiques, stratégiques, techniques et critiques dans les secteurs pédagogiques, universitaires et littéraires. Ce master prépare les étudiants aux métiers de chef de projet éditorial, d’assistant éditorial notamment dans le secteur des technologies de l’éducation. Certains anciens étudiants travaillent dans l’entreprise Lelivrescolaire.fr en tant qu’assistant éditorial où les missions sont en lien avec la relecture d'épreuve, la correction de manuscrits, la gestion des droits (images, cartes, etc.) et les recherches iconographiques et documentaires. D’autres étudiants ont des missions liées à l’éditorialisation de contenus pédagogiques. C’est le cas d’étudiants en contrat d’alternance au centre de documentation de l’École de management de Lyon et en stage chez Digischool, un média numérique de contenus parascolaires. Enfin, d’autres étudiants se dirigent vers la science ouverte. Une étudiante va réaliser cette année son stage à la bibliothèque universitaire de Lyon 3 dans le service qui héberge des revues en Open access (plateforme Prairial) et proposer un accompagnement éditorial. Des anciennes diplômées travaillent chez OpenEdition comme chargée d'édition web ou comme chargée des adhésions. Pour finir, je citerai Rocambole, une application de série à lire qui a été co-créée en 2018 par une ancienne étudiante du master.

 

3/ Quels sont les profils des étudiants qui s’inscrivent en master 2 PUN ? Quel parcours est recommandé pour y accéder ?
V. L. : Les profils sont variés.  Certains ont effectué le master 1 Sciences de l'information et des bibliothèques de l’Enssib, d’autres proviennent de master 1 en édition ou sont en reconversion professionnelle.
Les étudiants recherchés pour ce parcours ont essentiellement des profils littéraires, issus de licences en sciences humaines et sociales et qui ne sont pas réfractaires à la programmation, tout en ayant une bonne maîtrise rédactionnelle. Nous privilégions les profils avec une expérience (même bénévole) ou un projet professionnel lié à la publication numérique.

 

4/ Quelles compétences les étudiants vont-ils acquérir pendant l’année du master ? Quels sont vos objectifs pédagogiques ?
V. L.: Les étudiants vont obtenir des compétences en matière d’édition numérique qui leur permettront d’accompagner des organisations ou des services éditoriaux dans leur transition numérique. Ils vont se familiariser avec les écritures numériques et avec les pratiques numériques de l’édition et du web.

 

5/ En quoi ce master se distingue-t-il d’autres masters ? Quelle est sa valeur ajoutée ?
V. L. : Ce master fournit aux étudiants des clés pour aborder l’édition sous l’angle numérique. Il permet aussi à des étudiants intéressés par la gestion de contenu de l’aborder sous l’angle éditorial. Ils sont formés pour assurer un rôle de médiation entre le monde de l’édition et le monde du web.

 

6/ Le master 2 PUN est désormais accessible en alternance. Quels projets vos étudiants ont-ils pu conduire grâce à ce dispositif ?
V. L. : Le calendrier est adapté à l’alternance. Les cours ont lieu une semaine sur deux. Une étudiante en alternance chez Tallandier a démarré l’année en participant aux activités quotidiennes du service communication et du service presse.  S’est ajoutée depuis janvier une mission numérique pour accompagner la sortie d’un ouvrage papier :  elle doit réaliser le format numérique de l'ouvrage et créer un contenu supplémentaire (pages facebook, site compagnon, réseaux sociaux) à destination d'un public scolaire.
Pour certains enseignements, les rendus peuvent être liés au travail effectué dans l’entreprise. C’est le cas pour cette même étudiante qui a travaillé sur l’écosystème des rééditions de livre papier au format numérique pour une unité d’enseignement.
L’alternance est un dispositif appréciable pour passer du statut d’étudiant au statut de salarié, car il ne faut pas oublier qu’à l’issue de ce master 2, les étudiants se retrouvent sur le marché du travail. L’alternance est à la fois une première année d’expérience et une année d’apprentissage où les discussions régulières avec un tuteur de l’Enssib et la promotion facilitent l’insertion professionnelle. En plus d’acquérir une expérience et d’avoir une année de transition accompagnée, l’alternance permet aux étudiants de financer leurs études.

 

7/ Le contexte sanitaire a bousculé les modalités d’apprentissage et d’évaluation. Comment avez-vous adapté le master pour faire face à la situation ? Comment travaillent les étudiants ?
V. L. : Les étudiants ont démarré l’année en présentiel. Depuis fin octobre, la plupart de leurs enseignements sont à distance. Nous leur avons ouvert des espaces de visioconférence pour leur permettre de travailler en groupe. Les enseignants ont adapté leur contenu à ce type d’enseignement. Nous avons obtenu une dérogation pour obtenir depuis janvier des cours en présentiel pour l’apprentissage de certains logiciels comme In Design, Latex et la chaine Métopes. J’ai des réunions régulières avec la promotion pour connaître leurs difficultés et y remédier quand cela est possible. Nous avons par exemple, suite à la demande des étudiants, modifié l’emploi du temps pour regrouper les cours en présentiel sur une journée pour réduire les allées et venues dans les transports.

 

Propos recueillis par Véronique Branchut-Gendron
Le 15 mars 2021