
Nathalie Marcerou-Ramel
Directrice de l'Enssib
Photo : Laurence Papoutchian
Pour ouvrir cette lettre d’information de mars 2022, les sujets n’auraient pas manqué : j’aurais pu vous parler du projet d’établissement EXPERT2026 de l’Enssib, qui vient d’être adopté par son Conseil d’administration, du contrat quinquennal 2022 - 2026, dont nous amorçons la préparation, ou encore du stage de formation continue intitulé Biens culturels spoliés pendant la seconde guerre mondiale : recherche de provenance et valorisation, piloté par David Zivie, qui s’est tenu à l’Enssib du 14 au 16 mars : nous sommes très heureux de pouvoir proposer cette formation, résultat d’une coopération fructueuse avec l’Institut national du patrimoine.
Mais aujourd’hui, alors que l'agression de l'Ukraine par la Russie se poursuit depuis le 24 février, comment aborder un autre sujet que ce drame ? Une guerre sans mobile fait rage au cœur de l’Europe, des millions de personnes ont dû fuir leur foyer, des civils sont assassinés, un dirigeant manipule l’information de tout un pays avec une impudence que même George Orwell n’aurait pu imaginer dans ce qui aurait dû rester une dystopie, 1984… L’Europe se sent – de nouveau - impuissante face à la barbarie, réduite à la faiblesse parce que l’emploi de la force pourrait conduire à un drame bien plus grand, encore : situation injuste s’il en est et qui rend nos intentions et nos actions bien dérisoires.
Cependant, comme de nombreux établissements d’enseignement supérieur et de recherche, l’Enssib a fait part de son émotion face à cette crise. Au-delà de propos simplement humains, elle s’efforce maintenant, avec ses moyens, de donner corps à son soutien, en candidatant notamment au programme PAUSE « Solidarité avec l'Ukraine », coordonné par le Collège de France : ce programme permet l’accueil d’enseignants - chercheurs et chercheuses ukrainiens en France.
L’école se sent touchée à plusieurs titres : parce qu’elle dispense des enseignements et effectue des recherches en histoire et en sciences de l’information, alors que cette guerre interroge, à différents titres, ces deux disciplines, mais également parce que certains de ces élèves, étudiants et enseignants entretiennent des relations privilégiées avec l’Ukraine. C’est ainsi que l’engagement de l’Enssib est à la fois porté par Nicolas Beaupré, professeur en histoire contemporaine, et par Natalia Leclerc, conservatrice stagiaire de la promotion DCB 30 « Gisèle Halimi ».
Grâce à leur mobilisation, l’Enssib, le Centre Gabriel Naudé et le laboratoire ELICO organiseront le 5 avril 2022, de 18h à 20h, une table-ronde pluridisciplinaire sur la guerre en Ukraine et ses enjeux humains, juridiques et culturels. Il s’agira d’apporter un éclairage sur les conséquences de cette invasion sur la société ukrainienne et d’aborder des questions liées au patrimoine ukrainien. Plusieurs spécialistes viendront débattre, et notamment Valentyna Dymytrova, maîtresse de conférences en sciences de l’information à l’Université Jean Moulin Lyon 3, membre d’ELICO, et Dorota Dakowska, professeure de Science politique à Sciences Po Aix. Vous êtes invité.es à nous rejoindre à l’Enssib, si vous en avez la possibilité, ou bien à suivre la captation qui sera réalisée de cet événement. Les informations pratiques seront prochainement disponibles sur le site internet de l’Enssib.
Peut-on espérer que, d’ici là, de véritables négociations se soient enfin engagées et qu’une solution viable ait permis d’arrêter les combats en Ukraine ? Si ce n’est pas le cas, ce 5 avril restera « a bright cold day in April » dans notre histoire individuelle et collective[i]…
Nathalie Marcerou-Ramel
Directrice de l'Enssib
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[i] « It was a bright cold day in April, and the clocks were striking thirteen » : ouverture du roman Nineteen Eighty-Four, George Orwell, Secker & Warburg, London, 1949.