Fanny Ober est conservatrice-stagiaire des bibliothèques, promotion DCB34 "Madeleine Riffaud". Elle effectue son stage professionnel de 16 semaines dans les bibliothèques de l’Université de Montréal (UdeM), au sein de la Direction de la recherche et des initiatives numériques.
- Quelle est votre formation et où faites-vous votre stage ?
Je suis en formation post-concours de conservatrice d’État des bibliothèques. Dans ce cadre, je fais mon stage long dans les bibliothèques de l’Université de Montréal (UdeM), au sein de la Direction de la recherche et des initiatives numériques.
- Pourriez-vous décrire la mission que vous menez durant ce stage ?
Ma mission principale porte sur la science ouverte : je prépare une tableau de bord de la science ouverte dans les bibliothèques de l’UdeM. Il rassemblera l’ensemble des actions des bibliothèques autour de la science ouverte dans un triple objectif : valoriser ces démarches auprès des usagers et des autres services de l’université, contribuer au rayonnement des bibliothèques et encourager les partenaires des bibliothèques à suivre le mouvement de la science ouverte.
J’ai également une seconde mission de stage qui s’apparente davantage à un rapport d’étonnement autour des services à la recherche des bibliothèques et leur insertion dans l’offre de service de l’université. Il s’agit ici d’analyser le positionnement des bibliothèques et la coordination des services à l’échelle universitaire dans l’objectif d’identifier les opportunités d’évolution pour les bibliothèques.
Ce stage a également été l’opportunité d’assister à plusieurs congrès, conférences et formations dans tout le Canada. Étant donné que je suis encore en formation et que je connaissais encore peu le sujet, ce stage me permet de me former et me spécialiser.
- Qu’est-ce qui vous étonne le plus dans ce que vous découvrez de la vie au Québec, est-ce si différent de la France (d'un point de vue professionnel ou dans votre quotidien) ?
D’un point de vue professionnel comme dans mon quotidien, la liste des chocs culturels est longue, c’est justement ce qui est enrichissant et fascinant dans une expérience à l’étranger !
Dans mon travail, et si je ne dois citer que les principales, je mettrai l’accent sur deux d’entre elles. D’une part, la gestion des équipes en bibliothèque repose sur la coordination des “bibliothécaires disciplinaires” (formés en musique, par exemple) et les “bibliothécaires spécialisés” (formés en impact de la recherche, par exemple). Le temps de service public en salle de lecture est très limité pour les deux, qui se concentrent sur toutes les autres missions. Ces éléments se répercutent sur tout le fonctionnement interne des bibliothèques. D’autres part, le contexte fédéral et nord américain est sensible à tout point de vue. Par exemple, étant donné que la liberté académique est un des fondements de la science au Canada et que l’enseignement supérieur et la recherche dépendent de la province (le Québec, ici) et non pas du niveau fédéral, les initiatives liées à la science ouverte et la collaboration entre établissements se font généralement en dehors des canaux étatiques. C’est également sensible en termes de culture professionnelle, comme en gestion des espaces et des collections : l’UdeM a choisi un modèle d’accroissement des collections fondé sur les demandes et besoins des usagers, dans un démarche orientée utilisateurs. Les livres acquis en version papier résultent désormais d’une demande explicite des usagers.
Dans mon quotidien, je suis émerveillée par l’ampleur de l’offre culturelle à Montréal, qui est une ville profondément cosmopolite et ouverte sur le monde et sur son territoire. J’ai été particulièrement frappée par l’enjeu des droits des premières nations, qui est une question très prégnante à Montréal et plus largement au Canada. Elle est présente autant dans les musées qu’à l’université, dans des salles de spectacles ou encore dans les rues et quartiers de la ville.
- Comment cette expérience internationale contribue-t-elle à votre formation de conservateur des bibliothèques et à votre future pratique professionnelle ?
Passer d’un point de vue français à un point de vue international était absolument évident en arrivant au Québec, d’autant plus que l’UdeM a une dimension internationale très portée sur la francophonie. C’est pourquoi, lorsque j’ai décidé de faire un parangonnage dans le cadre de ma mission de stage, je me suis naturellement ouverte sur le Canada mais aussi sur le monde francophone et sur l’Europe. Non seulement j’ai pu me former dans les domaines qui m’intéressaient, j’ai également rencontré des personnes et collègues du monde entier et ainsi découvrir plusieurs systèmes organisationnels et de gouvernance. Mes missions de stage étaient particulièrement propices à ces rencontres et à cette vision stratégique qui est inhérente aux conservateurs.
Pour le domaine des services à la recherche et de la science ouverte, cette ouverture au monde est absolument essentielle : c’est en travaillant ensemble et en se rencontrant que les projets se développent et que la science ouverte progresse. C’est l’idée la plus importante que je ramènerai en France ainsi que pour mes futures pratiques professionnelles.
- Quels conseils donneriez-vous à de futurs élèves ou étudiants souhaitant effectuer une mobilité à l’étranger ?
Foncez, c’est l’opportunité d’une vie ! On a très rarement l’occasion d’étudier ou de travailler à l’étranger, d’autant plus avec autant de sécurité qu’offre l’Enssib. Si c’est quelque chose qui vous titille ou peut-être même juste une idée qui vous passe par la tête, écoutez-vous : vous avez déjà fait le premier pas et cette curiosité vous portera tout le long du séjour.
Je rajouterai également que la langue ne doit pas être un obstacle. Si votre niveau dans votre seconde langue ne vous permet pas de vous sentir à l’aise dans un contexte professionnel, n’oubliez pas que le monde francophone est riche d’opportunités et de découvertes ! (D’autant plus si vous choisissez le Canada, vous finirez probablement par tomber en amour avec le Québec !)
Propos recueillis par Frédéric Deroche
Le 10 novembre 2025