Julia Lemery

Formée à l’ingénierie de projets culturels dans le cadre d’un Master dispensé par la Faculté de sociologie et d’anthropologie de l’Université Lyon 2, Julia Lemery a démarré son parcours par dix années de missions au service de projets et de politiques transversales au croisement des arts, de la culture, de l’éducatif et du social. Curieuse de la diversité des champs culturels, et surtout des espaces où les artistes peuvent inventer avec d’autres corps de métiers, elle a souhaité plus particulièrement s’engager sur le terrain de projets artistiques développés dans des lieux de soin. Après une expérience au 3 bis f, lieu de création en hôpital psychiatrique, et un passage au sein de l’association interSTICES coordinatrice de la démarche Culture et Santé en Auvergne-Rhône-Alpes, elle pose ses valises en 2014 à la Fondation OVE – organisme gestionnaire d’une centaine de structures médico-sociales, pour proposer la création d’un service ressources en appui aux équipes sur la mise en place de leurs projets culturels.

 

Crédit photo : © Julia Lemery

Julia Lemery, de la Fondation OVE, a fait le choix de l’alternance avec l’Enssib

Chargée de développement Culture à la Fondation OVE, Julia Lemery a choisi de recruter en alternance une étudiante du master 2 Sciences de l’Information et des Bibliothèques (parcours Politique des Bibliothèques et de la Documentation) de l’Enssib. Nous l’avons rencontrée pour témoigner de cette expérience, qui aura bénéficié pendant une année à l’étudiante, à la Fondation et à l’école.

 

1/ En septembre 2019, vous avez recruté en alternance Marine Mouton, étudiante en master 2 Sciences de l’Information et des Bibliothèques (parcours Politique des Bibliothèques et de la Documentation) à l’Enssib. Quelle était alors votre motivation ? Vos attentes ?
Julia Lemery : Nous souhaitions accueillir une ou un étudiant de l’Enssib pour améliorer nos outils d’information et de documentation au service des projets culturels de la Fondation, en partant d’une réflexion partagée avec nos équipes éducatives et soignantes investies sur ces actions. Nous avions donc besoin de compétences spécifiques. L’Enssib est une école unique en France pour ce type d’ingénierie, et par chance, « voisine » de notre organisme. Par ailleurs, notre « drôle de mission » - plutôt décalée par rapport à vos terrains habituels de professionnalisation – a suscité de l’enthousiasme tant de la part de l’école que de Marine, ce qui nous a motivés à inventer quelque chose ensemble.  

 

2/ Pour une organisation telle que la Fondation OVE, quels avantages présente l’alternance ? Y aviez-vous déjà eu recours ?
J. L. : Le dispositif d’alternance représente un vrai enjeu pour notre Fondation, qui souhaiterait le mobiliser davantage encore dans les prochaines années. Il offre le double intérêt d’accueillir de nouvelles qualifications et expériences permettant d’enrichir nos « ressources humaines », et de contribuer aussi, en retour, au développement et à la reconnaissance des compétences de ces étudiants.

 

3/ A l’issue de son année d’alternance, Marine Mouton a été recrutée par la Fondation OVE comme chargée de projets Ressources et Documentation. L’alternance est-elle selon vous la meilleure voie vers l’emploi ?
J. L. : L’alternance constitue un beau levier, oui : ce contrat sur un an permet un premier temps de découverte mutuelle et la co-construction de bases de travail sur une mission concrète. Ceci nourrit par ailleurs des allers / retours entre la « commande » de terrain, et les ressources théoriques et techniques dispensées par l’école. Autant d’ingrédients pour projeter une embauche par la suite. Après, c’est aussi une histoire de rencontre, et nous concernant, nous voulions continuer à développer notre réflexion et nos outils avec l’appui de Marine précisément.

 

4/ Pendant cette année d’alternance, vous étiez tutrice « employeur ». Comment définiriez-vous votre rôle ? En quoi a-t-il consisté ?
J. L. : A l’évocation du mot « tuteur », plusieurs mots me viennent. Celui d’accueillir, d’accompagner. Mais aussi l’image de ce petit objet en botanique qui permet aux plantes de se redresser et surtout se développer. Je me dis que ce rôle emprunte sans doute à ces deux manières de se positionner vis-à-vis de la personne, entre donner un espace de liberté pour lui permettre de proposer et réaliser des choses « à sa main », tout en donnant des repères et éclairages pour l’aider à structurer.   

 

5/ Concrètement, comment s’est déroulée votre collaboration avec l’équipe de l’Enssib pendant cette période d’alternance ? Quels en ont été les temps forts ?
J. L. : Un premier temps fort qui me vient, c’est la toute première discussion avec Agnieszka Tona. C’était précieux de pouvoir exposer notre idée de mission, même encore « fragile » dans sa définition, et de la peaufiner avec l’école. Pour la suite, ça a été plus complexe compte tenu de l’année chaotique que nous avons tous traversé avec la crise sanitaire. On a néanmoins pu garder des jalons d’échanges, au fur et à mesure. L’autre temps fort qui m’a marquée, c’est la participation à la soutenance de Marine, forcément avec beaucoup d’émotions en voyant tout le travail qu’elle a réalisé, et comment ça a pu résonner de l’autre côté pour son école.

 

6/ Qu’avez-vous appris de cette expérience ? La conseilleriez-vous à d’autres employeurs ?
J. L. : Ne pas se décourager avec le casse-tête des calendriers à croiser, entre celui de l’alternance et celui de nos besoins en tant qu’entreprise ! D’oser faire bouger les cadres surtout, tester des rencontres plutôt inattendues entre des champs de savoirs et de techniques, et des contextes « métiers » différents.


 

Propos recueillis par Véronique Branchut-Gendron
Le 4 février 2021