Héloïse Courty © Stéphane Amarsy

 

Héloïse Courty a dirigé successivement deux créations de médiathèques en région parisienne. Ces expériences enthousiasmantes la conduisent à s’intéresser à la professionnalisation de l’accueil en bibliothèque. C’est aujourd’hui le cœur de son activité de formatrice et de consultante : accompagner les équipes pour investir pleinement la mission d’accueil à travers le management, la posture physique, l’aménagement ou encore le langage. Pour cela, elle s’intéresse à de nombreuses initiatives menées dans le secteur public et privé ; et elle s’est formée à la communication non violente et à l’intelligence collective. Ces compétences nourrissent sa réflexion pour accompagner les professionnels dans l’évolution des bibliothèques (BU, BM et BD). Héloïse Courty a coordonné l’ouvrage « Développer l’accueil en bibliothèque : un projet d’équipe », édité aux Presses de l’Enssib.

Rencontre avec Héloïse Courty, tutrice de formation à l’Enssib pour l’Institut culturel français

1/ Vous intervenez régulièrement dans le cadre de formations continues proposées par l’Enssib.  D’après vous, qu'est-ce qui distingue l'Enssib comme organisme de formation ?
Héloïse Courty : sa taille et l’étendue de ses services d’abord ! L’Enssib est une grande école qui réunit un pôle d’experts en interne et en externe incontournable pour penser l’évolution des bibliothèques. Elle propose une offre de services foisonnante : formation initiale et continue, services en ligne aux bibliothèques, maison d’édition et organisatrice de journées pro. Personnellement, j’utilise beaucoup les ouvrages édités aux Presses de l’Enssib et les ressources en ligne pour préparer mes formations ; c’est un apport essentiel.

Enfin, j’apprécie beaucoup la dynamique d’innovation dans les formats et les thématiques des formations comme ce fut le cas pour le parcours Management.

 

2/ La plupart de vos interventions sont conçues sur mesure et réalisées au sein même des établissements commanditaires pour répondre à des problématiques spécifiques. Quels avantages voyez-vous à ces formations sur mesure ?
H. C. : J’aime beaucoup intervenir en intra car quelque part cette approche est plus « démocratique » que de ne former qu’une seule personne dans une équipe : tous les agents participent et sont concernés. C’est là que je me sens le plus utile, lorsque mes interventions agissent en faveur de la cohésion du collectif et de la qualité de vie au travail. La théorie de la « Symétrie des attentions », -et d’une autre façon aussi les philosophes du Care qui inspirent beaucoup mon approche-, stipule que plus de soin est accordé au travail de l’équipe et plus elle prend soin du public. À la médiathèque de Cournon par exemple (réseau de Clermont Métropole), à l’issue de formations en intra, l’équipe a mis en place différents temps collectifs dédiés à l’accompagnement de l’activité d’accueil. Après deux ans d’expérimentation, leur relation au public et leur motivation au travail se sont fortement enrichies.

 

3/ Vous êtes intervenue dans le cadre du parcours « Management » proposé à l’encadrement des médiathèques de l’Institut français à l’étranger. Quel a été votre rôle ? Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?
H. C. : Mon rôle a consisté à animer les échanges entre les stagiaires et à les accompagner dans l’appropriation des apports théoriques. Concrètement, j’ai encadré des temps de travail collectif en visio ainsi que des entretiens individuels pour échanger sur leurs problématiques managériales. Puis chaque jour, je diffusais du contenu sur la messagerie Slack en rapport avec les cours et modérais les prises de paroles des stagiaires sur ce réseau social.

Au départ de la formation, certains stagiaires se sentaient vraiment démunis, isolés, et manquaient de repères pour exercer leur rôle de manager. Au fur et à mesure de l’avancée de la formation, j’ai constaté combien ils avaient pris de l’assurance, gagné en clarté et proposaient un management vivant et attentif à la qualité de la relation. Être témoin de l’évolution des pratiques managériales des participants m’a bluffée ! Le management s’apprend ; et son enseignement contribue directement à la qualité de vie au travail. Ce type de formation est donc à promouvoir.

 

4/ Vous avez co-construit avec l’Enssib la formation « Management » que vous dispensez. Quel en est le contenu ? Quelles sont les compétences visées ?
H. C. : Ce parcours est innovant dans sa conception car il conjugue différentes modalités d’accompagnement (Moodle, Slack, visio et entretiens individuels) et multiplie les différents types de contenus : vidéos de témoignages, scénettes filmées, diaporamas de contenu théorique et, sur la messagerie Slack, débats et apport de ressources complémentaires. Cela le rend très vivant et permet une appropriation très efficace des contenus par les stagiaires.

Ce parcours vise à former les personnes responsables d’une équipe au management. Sa singularité réside dans la transmission de notions techniques (poser un cadre, transmettre le sens de l’action, gérer des conflits, animer une réunion, déléguer) et de compétences relationnelles (gérer son temps, négocier). Une complémentarité indispensable.

 

5/ Comment s’est déroulée cette formation dans le contexte sanitaire de l’année 2020 ? Quelles en ont été les spécificités ?
H. C. : La plupart des participants étaient confinés pour la première partie qui a eu lieu au printemps ; cela a été une aubaine car ils étaient particulièrement disponibles et demandeurs d’échanges et de liens. J’ai aussi beaucoup apprécié être en relation directe avec tant de pays (Japon, Indonésie, Maroc, Burkina Faso, Bulgarie, Chili, Costa Rica…), alors que nous ne pouvions pas sortir de chez nous ; nous l’avons tous vécu comme un grand bol d’air !

Puis, la visio apporte une certaine proximité entre les participants : on voit mieux les visages, l’écoute est plus attentive.
La session en présentiel prévue à l’automne a finalement eu lieu à distance ; ce que nous avons tous regretté car le parcours est très intense et qu’à l’issue nous avions vraiment envie de passer du temps ensemble.

 

6/ Qu'est-ce qui pour vous défini une formation réussie ?
H. C. : Une formation réussie est une formation où il y a beaucoup d’échanges, où les stagiaires s’approprient activement le contenu en posant des questions, en faisant le lien avec leurs pratiques, en débattant, et en enrichissant leurs points de vue mutuels. C’est aussi un espace d’ « encapacitation » où le stagiaire repart avec la confiance et la motivation nécessaires pour expérimenter dans son établissement les nouveautés vues pendant la formation.



Propos recueillis par Véronique Branchut-Gendron
Le 14 décembre 2020