Sandra Adamantiadis

Originaire du Vaucluse, Sandra Adamantiadis a été recrutée en 2020 par une commune de 6 000 habitants, suite à sa réussite au concours d’assistant de conservation du patrimoine et des bibliothèques. Titulaire d’un DUT métiers du livre et riche d’une expérience de 10 ans en librairie et dans l’édition et de 15 ans dans la communication territoriale, elle est aujourd’hui Directrice de la culture et de la communication, en charge de la création d’une médiathèque. Elle vit avec son fils de 17 ans à Pernes-les-Fontaines.

Rencontre avec Sandra Adamantiadis, inscrite au diplôme de Cadre opérationnel des Bibliothèques et de la Documentation après une Validation des Acquis Personnels et Professionnels (VAPP)

1/ Vous avez bénéficié de la Validation des Acquis Personnels et Professionnels (VAPP) de manière à pouvoir intégrer le COBD* alors que vous ne disposiez pas d’une licence.  Expliquez-nous en quoi consiste ce dispositif ?
Sandra Adamantiadis : La VAPP permet d’accéder à un diplôme, pour moi le COBD, sans avoir le diplôme pré-requis. Il faut pour cela avoir une expérience capitalisable et une réelle motivation.

 

2/ Quelle est la différence avec la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) ? Pourquoi la VAPP correspondait mieux à votre situation ? 
S. A. : La VAE permet de valider ses acquis professionnels et d’obtenir des équivalences pour prétendre à un diplôme. Me concernant, je pense que cela aurait été adapté si j’avais, par exemple, été directrice de bibliothèque depuis plusieurs années mais sans avoir le diplôme correspondant. J’aurais eu les connaissances, ne m’aurait manqué que le diplôme.
Je tenais à la VAPP parce que j’avais réellement besoin de suivre l’intégralité des cours, de me former. Le DUT métiers du livre, je l’ai passé il y a 25 ans. Je tenais à actualiser et à enrichir mes connaissances, rencontrer des professionnels, avoir leur avis sur mes travaux, leurs conseils. En mairie, à la création d’une bibliothèque, on se sent seul à réfléchir sur le sujet. J’avais besoin de me sentir soutenue. Comme je l’ai dit à la directrice des études de l’Enssib, ce n’est pas le diplôme en soi dont j’avais besoin mais des cours, des ateliers pratiques et des conseils des professeurs. La VAE m’aurait demandé de travailler seule et m’aurait privée des cours. Tout l’inverse de ce dont j’avais besoin.

 

3/ Comment s’est déroulée la démarche ? Quelles en ont été les principales étapes ?
S. A. : La première étape, c’était candidater au printemps dernier de manière classique au diplôme de COBD, puisque la VAPP n’était pas encore proposée à l’Enssib. J’avais alors pris soin d’expliquer ma situation à Armelle de Boisse, responsable du pôle Formation tout au long de la vie, et à Élisabeth Noël, responsable du diplôme de COBD. Je leur avais montré à quel point j’étais motivée. Elles m’ont encouragé à candidater, pensant ma demande justifiée. Malgré cela, j’ai essuyé un refus de la commission au mois de juin, faute du diplôme requis. J’ai beaucoup échangé avec Armelle de Boisse et Élisabeth Noël, qui ont fait le maximum pour trouver une solution, car mon projet professionnel tenait bien la route, et la VAE ne convenait pas. La création formelle d’une VAPP s’imposait. J’ai attendu tout l’été la confirmation et à la rentrée, après une délibération du conseil d’administration qui a validé le dispositif interne, j’ai reçu le premier dossier VAPP de l’Enssib à renseigner. Motivations, diplômes, expériences… Cette fois j’ai été acceptée à mon grand soulagement. Un message d’Élisabeth m’a ravie, elle me disait que l’école avait évolué grâce à ma situation. J’aime bien l’idée d’être pionnière, mais ça me met une sacrée pression, je n’ai pas le droit d’échouer. Or le niveau de mes camarades est élevé, heureusement que ce n’est pas un concours... car je sens bien qu’il me manque un certain niveau universitaire. J’ai perdu la rédaction universitaire au profit d’une écriture journalistique, plus synthétique. J’ai la chance d’avoir des camarades de promo adorables, qui disent apprendre de mes expériences et de mon vécu, alors pour les travaux de groupe, c’est un échange enrichissant. Le travail en équipe, même à distance, c’est tellement motivant !
 

4/ Quelle était votre motivation ?
S. A. : Enrichir mes connaissances, me former, me professionnaliser, être entourée de professionnels, acquérir des méthodes de travail à mettre en pratique immédiatement. J’avais besoin de la théorie pour la mettre en pratique immédiatement car je suis en poste. Quand on me parle création d’un plan de classement, j’ai les oreilles grandes ouvertes, car c’est du concret au quotidien. Ça m’aide vraiment. Je ne fais pas ça pour obtenir un diplôme mais vraiment pour acquérir les bases du métier. Le diplôme sera la cerise sur le gâteau, mais le vrai plus, c’est la formation.
 

5/ Vous avez désormais commencé la formation de COBD. En quoi cette formation répond-t-elle à vos projets professionnels ?
S. A. : De nombreux exercices proposés correspondent à mes questionnements quotidiens, ce n’est plus un projet, puisque je suis en poste. La formation répond à mes besoins professionnels actuels.
 

6/ Suite à votre expérience, conseilleriez-vous la VAPP pour prétendre à une formation ?
S. A. : Oui, trois fois oui ! La VAE, c’est pour quelqu’un qui ne cherche qu’un diplôme validant des acquis. La VAPP, c’est conçu pour acquérir des connaissances et cela permet à des personnes qui n’ont pas validé leur licence d’accéder à une formation adaptée aux professionnels. Pour suivre ensuite la formation, il faut néanmoins être réaliste sur son propre niveau car celui des autres étudiants est élevé, plusieurs ont déjà des maîtrises. On peut vite se sentir dépassé. Il faut avoir la force de caractère de ne pas se comparer aux autres. Se dire qu’on dispose d’autres atouts. En outre, il faut avoir conscience que cela demande du temps et beaucoup de travail personnel. Il faut être en capacité d’absorber cette surcharge de travail. Heureusement que l’équipe est au top, on se sent soutenus !

 

Note :
* Le COBD est un diplôme de diplôme de niveau 6 (bac+3/Licence et bac+4/Master 1), inscrit depuis 2018 au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP). Il est accessible en formation initiale et en formation continue (CPF possible). La validation des acquis de l’expérience (VAE) est également possible.
Pour plus d’informations, découvrez la brochure.

 

Propos recueillis par Véronique Branchut-Gendron
Le 11 décembre 2020