Bonjour, Comment définit-on les documents "anciens, rares ou précieux" mentionnés dans le Code Général de la propriété des personnes publiques ? Je...

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Question

Bonjour,
Comment définit-on les documents "anciens, rares ou précieux" mentionnés dans le Code Général de la propriété des personnes publiques ?
Je crois qu'il n'y a pas de définition juridique, mais qu'en est-il d'une définition bibliothéconomique ?
Merci d'avance pour votre réponse, bonne journée !

Réponse

Date de la réponse :  07/02/2014

Vous voulez savoir comment les bibliothécaires peuvent déterminer si un document est "ancien, rare ou précieux".

Le "Manuel du Patrimoine en bibliothèque" aborde la question pages 21 et suivantes ("Qu’est-ce qu’un document patrimonial ?") ; il décrit notamment la difficulté à déterminer ce qui relève du patrimoine ou non en ce qui concerne les fonds récents.

Nous vous citons les extraits concernés :

« Comment définir le patrimoine des bibliothèques :
Les lois et décrets consacrés plus précisément aux fonds patrimoniaux des bibliothèques parlent aujourd’hui de documents « anciens, rares ou précieux ». Répondre à un seul de ces qualificatifs suffit à faire ranger le document dans le domaine patrimonial. Mais cette définition est très réductrice : de nombreux documents conservés dans des collections patrimoniales ne sont en effet ni anciens, ni rares, ni précieux. »

[Suit un tableau des définitions des biens culturels en droit national et droit communautaire, puis une évocation de la définition des documents patrimoniaux dans la Charte du Conseil supérieur des bibliothèques, considérée comme très restrictive : « Article 8. Les collections patrimoniales sont formées des collections nationales constituées par dépôt légal et des documents anciens, rares ou précieux. »]

« Quels sont alors les documents patrimoniaux des bibliothèques ? Plusieurs approches se superposent généralement : typologique d’abord (par exemple : toutes les images), ou faisant appel à des critères comme la rareté ou la valeur. Ainsi, à l’ensemble mouvant des « livres anciens », né d’une limite d’ancienneté – qui sont donc considérés comme étant naturellement destinés à la conservation – s’ajoutent d’autres documents, sélectionnés suivant d’autres critères : la rareté ou la valeur.

Les livres rares sont en premier lieu les livres uniques, ce qui englobe les manuscrits, les dessins, et les livres imprimés conservés en un seul exemplaire ou très peu d’exemplaires. C’est le cas pour toutes sortes de livres, et particulièrement ceux qui étaient le plus répandus à leur époque, par exemple les livres de colportage, certains livres d’heures… Les imprimés ayant une spécificité, comme ceux qui portent une reliure particulière, une mention de provenance, un ex-libris, un ex-dono, qui ont appartenu à un écrivain ou un bibliophile célèbre entrent dans cette catégorie. Dans le cas des imprimés, quel que soit l’intérêt ou la valeur de l’édition, c’est ici cet exemplaire particulier qui répond au critère de rareté, devenant lui-même un livre unique.

Une approche intellectuelle, enfin, vient compléter, ou bouleverser, cette catégorisation. C’est alors l’aspect intellectuel, documentaire qui prime : le document fait partie d’un ensemble, ou contribue à la constitution d’un ensemble qui prend, lui, une valeur patrimoniale : constitution d’un fonds régional par exemple. Ou bien l’ambition est de constituer le patrimoine de demain : c’est dans ce cadre qu’une bibliothèque stockera précieusement une brochure publiée en plusieurs milliers d’exemplaires par sa collectivité, disponible partout au moment de sa publication, mais qui sera très vite quasiment introuvable.
Il est donc aisé d’identifier certains types de documents comme patrimoniaux :
– les « livres anciens », y compris les incunables : on entend généralement par là les livres imprimés par des moyens artisanaux ; longtemps il s’agissait des livres imprimés avant 1811, date de naissance de la Bibliographie de la France. Souvent une limite automatique au patrimonial est fixée : tout document « vieux de plus d’un siècle ». C’est une limite proposée par le Conseil supérieur des bibliothèques, généralement utilisée pour déterminer les autorisations de prêt ou de photocopie. (...) ;
– la presse ancienne, qui répond aux mêmes critères que les imprimés ;
– les manuscrits (quel que soit leur âge), qui comprennent aussi les tapuscrits, c’est-à-dire l’équivalent du manuscrit à l’ère de la machine à écrire ; on entend par là les documents écrits à la main ou dactylographiés, parfois reproduits automatiquement mais en petit nombre, qu’il s’agisse d’œuvres littéraires, d’archives historiques ou administratives… ;
– les collections iconographiques (imprimées et manuscrites) : estampes, gravures, dessins, photographies, cartes et plans ;
– les œuvres d’art, tableaux, sculptures, objets… ;
– la bibliophilie contemporaine, les livres-objets.

Mais pour aller plus loin que ces catégories traditionnelles, et englober les nombreuses collections récentes, il est intéressant de réfléchir autrement.
Les documents patrimoniaux, ce sont ceux que l’on conserve ou que l’on achète dans l’objectif d’une conservation à long terme. (...)

On comprend donc généralement dans le fonds patrimonial les livres et périodiques de plus de cent ans (ce qui n’empêche pas que l’on choisisse parmi ces ouvrages ceux que l’on veut conserver), les documents uniques ou très rares, les collections iconographiques, les objets (c’est-à-dire tout ce qui demande un traitement spécifique) auxquels on ajoute les documents achetés dans un objectif de conservation à long terme, ou récupérés de la lecture publique, souvent en mauvais état.
Pour les livres les plus récents, l’achat et la conservation dépendront de choix. À partir du contenu actuel du fonds patrimonial, de la politique documentaire globale de la bibliothèque, il est assez aisé d’établir des priorités de conservation et d’acquisition, et d’éliminer de ses réflexions des ouvrages anciens, certes, mais qu’on n’a pas particulièrement vocation à garder."

Enfin, si votre question est liée à un programme de désherbage, vous pouvez consulter la fiche pratique enssib « Désherber en bibliothèque », qui signale les plans de conservation partagée recensés dans le réseau Sudoc (http://www.abes.fr/Sudoc/Le-reseau-Sudoc-PS/Signalement-des-plans-de-con...) et indique que les livres désherbés peuvent être donnés, vendus, échangés ou recyclés :
- Désherber en bibliothèque. Fiche pratique enssib créée par Stéphanie David le 17 janvier 2008. Mise à jour par Amandine Jacquet le 16 décembre 2013 : http://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/documents/1735-desherber-en-...

Cordialement,
Le service Questions? Réponses! de l'enssib

MOTS CLES : Collections : Collections patrimoniales, Collections : Politique documentaire