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    Commission autoformation

    Par Pascaline Blandin, Coordinatrice Médiathécaire Cité des sciences et de l'industrie
    Par Elisabeth Cormault, Chef du service didacthèque Cité des sciences et de l'industrie

    Historique de la commission

    Dès sa création en 1986, la médiathèque de la Cité des sciences et de l'industrie a intégré un espace d'autoformation lié aux nouvelles technologies : la didacthèque. Cet espace, qui met à disposition des logiciels d'enseignement assisté par ordinateur (appellation de l'époque), laisse le public libre de travailler à son rythme dans les domaines scientifiques et techniques.

    Un certain nombre de bibliothèques étaient intéressées par cette approche et travaillaient sur ces usages dans le cadre du groupe « Logithèques ». Lorsque L'ADDNB est née, elles ont donc poursuivi leur travail au sein de la commission Autoformation.

    Aujourd'hui, le multimédia en général et Internet en particulier deviennent des outils nécessaires par rapport au développement de la société de l'information et font de plus en plus d'adeptes. Que ce soit au niveau des collectivités locales ou à celui des institutions, de nombreux projets voient le jour et permettent la création de nouveaux espaces multimédias aux vocations diverses (autoformation, formation, information), au sein des bibliothèques ou en synergie avec elles. De plus, l'évolution des supports (passage de la disquette au cédérom), l'utilisation grandissante de l'interactivité et des possibilités du multimédia, ajoutées à la baisse du prix d'achat, mettent cet outil à la portée de tous, bibliothèques ou particuliers. Il est donc important pour les bibliothèques d'avoir des axes de travail et des outils communs, d'autant que le nombre de logiciels est en augmentation constante et que le choix est parfois difficile.

    Essai de définition de l'autoformation pour les bibliothèques

    Si, à partir de la Révolution française, les bibliothèques ont commencé à devenir des lieux d'autoformation et de démocratisation du savoir, elles le sont de plus en plus aujourd'hui où il est nécessaire de se former tout au long de sa vie afin d'être toujours plus performant. Elles deviennent des lieux où toute personne qui le souhaite peut mettre ses compétences à jour et peut rester ainsi en phase avec l'évolution de la société.

    Il faut préciser que, dans le cadre de la commission Autoformation, nous ne parlons que de l'autoformation liée au multimédia et donc des espaces appelés indifféremment logithèques, didac-thèques, espaces multimédias, qui proposent des logiciels d'autoformation et qui permettent une formation en autonomie totale avec une médiation plus ou moins importante selon les lieux et les modalités d'utilisation. Ces lieux n'offrent aujourd'hui aucun suivi du ou des projets de formation de l'apprenant. C'est une des différences fondamentales qui existe entre un stage suivi dans un organisme de formation et une formation réalisée dans le cadre d'une bibliothèque.

    Mais revenons au terme même d'autoformation. C'est un terme qui n'existe pas vraiment officiellement ; en effet, aucune définition n'existe dans les dictionnaires, à part dans un dictionnaire spécifique à la formation.

    Pourtant c'est un courant pédagogique qui est en train de prendre de plus en plus d'ampleur dans le domaine de la formation puisque, depuis maintenant sept ans, un groupe de travail sur l'autoformation s'est créé : le GRAF (Groupe de recherche sur l'autoformation en France), qui regroupe des chercheurs des universités et de différents organismes de formation.

    Ces derniers ont défini les différents courants de ce qu'ils appellent la « galaxie de l'autoformation Le point central et récurrent est l'apprentissage par soi-même. Puis ce point se divise en cinq branches spécifiques :

    • l'autoformation intégrale, qui repose sur le fait d'apprendre en dehors de tout lien avec les institutions et les agents éducatifs formels;
    • l'autoformation existentielle, qui représente pour G. Pineau le processus d'appropriation par le vivant de son pouvoir de formation ;
    • l'autoformation éducative, qui recouvre l'ensemble des pratiques pédagogiques visant à développer et à faciliter les apprentissages autonomes dans le cadre d'institutions spécifiquement éducatives ;
    • l'autoformation sociale, qui renvoie à toutes les formes d'apprentissage réalisées par les sujets eux-mêmes, dans et par la participation à des groupes sociaux ;
    • l'autoformation cognitive, qui réunit différentes conceptions des mécanismes psychologiques mis en jeu par l'apprenant dans l'apprentissage autonome (cf. « La galaxie de l'autoformation Ph. Carré, n° 370 des Cahiers pédagogiques, janvier 1999, « Faut-il avoir peur ,de l'autoformation ? ?,,).

    On peut se poser la question de savoir pourquoi l'autoformation suscite un tel engouement. Est-ce parce que l'on devient à ce moment-là acteur de sa formation ? De plus, le support multimédia permet d'apprendre non pas sans efforts mais d'une manière plus ludique, plus conviviale. En effet, parallèlement à ce courant sur l'autoformation, s'est développé tout un courant sur le jeu en formation. Aujourd'hui, de nombreux logiciels d'autoformation, en particulier pour les plus jeunes, sont des produits ayant toutes les apparences d'un jeu, mais avec un contenu de qualité et un parcours pédagogique réel quoique quasiment invisible pour l'apprenant. Ces produits sont très attractifs et permettent aux jeunes comme aux adultes d'apprendre dans un cadre moins contraignant.

    Ainsi, ces espaces de formation deviennent des lieux facilitateurs, qui permettent l'accès au savoir et à l'utilisation des nouvelles technologies pour tous.

    Nos objectifs

    La structuration de l'Association en commissions permet l'élaboration d'un travail par centres d'intérêt. Ainsi, les membres de la commission Autoformation ont une expérience concrète de mise en place, ou bien sont intéressés par le montage de tels projets et souhaitent ainsi bénéficier des conseils de leurs collègues.

    C'est pourquoi notre objectif premier est un objectif de mutualisation. Chaque réunion est pour nous l'occasion de faire le point sur l'évolution de nos dispositifs. Réalisations et projets sont ainsi présentés aux collègues.

    Les difficultés techniques rencontrées par l'un trouvent souvent leur écho à l'autre bout de l'Hexagone. Des solutions peuvent être apportées à des problèmes de configuration, de protection, de réseau, d'habillage, de tarification... Les sources d'information sont mutualisées : adresses d'éditeurs, publications spécialisées, associations ou institutions compétentes dans la formation.

    L'expérience de médiations originales, la mise en place de partenariats avec des entreprises locales ou des institutions éducatives sont portées à la connaissance du groupe. Ces échanges permettent à chacun de nourrir ses propres projets.

    Se doter d'outils communs

    Face à l'explosion de l'offre, nombre de bibliothèques connaissent de réelles difficultés à repérer et à tester des outils susceptibles d'être proposés à leurs publics. Il nous a donc paru essentiel d'engager un travail sur l'offre éditoriale. Ainsi, une liste de références d'outils dont l'usage a été plébiscité par les publics des bibliothèques est élaborée et régulièrement actualisée. Une cinquantaine de titres sont identifiés en bureautique, informatique, mathématiques, médecine, physique, techniques professionnelles et autres domaines.

    Un travail est également engagé autour des sites Internet. Il permet l'identification de sites ayant un intérêt pédagogique.

    Réfléchir ensemble

    Notre commission est aussi un espace de réflexion. Elle permet, nous l'avons vu, d'alimenter nos propres projets, de voir le champ des possibles. Elle nous permet aussi de réfléchir au rôle que peuvent avoir les bibliothèques en complémentarité des institutions éducatives dans la formation du citoyen tout au long de sa vie. Elle donne des éléments permettant de mieux discuter avec les élus, et de valoriser ce concept lié à la rencontre du support multimédia et de l'usage formation dans des espaces accessibles au plus grand nombre : les bibliothèques.

    Des configurations variées

    Le paysage des bibliothèques proposant des multimédias de formation est hétérogène. Les bibliothèques membres de la commission reflètent cette très grande diversité des réalités.

    Ainsi:

    • * La bibliothèque propose-telle une offre :
      • en consultation sur place ou/et en prêt ?
      • sur un poste ou plusieurs postes ?
      • dans un espace identifié ou sur des postes disséminés ?
      • dans un domaine (langue, bureautique) ou dans tous les domaines de la connaissance ?
    • * Une médiation est elle prévue et de quelle nature ?
    • * Cette offre est-elle mélangée aux autres documents électroniques ou non ?
    • * Les mêmes consoles permet-tent-elles la consultation du catalogue et de l'ensemble des documents électroniques ?

    Autant de questions dont le traitement reflétera, au-delà des moyens mis en oeuvre, la place donnée d'une part aux documents électroniques et d'autre part à l'usage formation.

    Nous pouvons ainsi dresser deux profils types résolument différents :

    • * Scénario n° 1 : une bibliothèque proposant sur une dizaine de postes des ressources en bureautique, langues et remise à niveau des connaissances de base. Avant de commencer son itinéraire de formation, l'usager s'inscrit et fait l'objet d'un entretien qui a pour objectif de mieux cerner ses besoins et de lui proposer un parcours et un rythme adaptés.
    • * Scénario n° 2 : une bibliothèque offrant en libre accès, sur des consoles dispersées dans ses espaces, des titres d'autoformation sur des consoles non dédiées à cetusage qui proposent également des outils de référence ou culturels ainsi que le catalogue de la bibliothèque.

    Entre ces deux modèles très différents, il existe autant de cas de figures que de bibliothèques.

    À la didacthèque de la Cité des sciences, 25 stations informatiques permettent l'accès à quelque 400 multimédias de formation dans les domaines des sciences et des techniques.

    L'usager accède librement et gratuitement à ces ressources dans un espace identifié, dédié à cet usage, où il trouve les conditions nécessaires à la mise en oeuvre de sa démarche. Un médiathécaire spécialisé peut le guider dans sa recherche.

    Les bibliothèques intéressées par le développement de tels services sont de plus en plus nombreuses. Ce phénomène coïncide avec les préoccupations sociétales liées au chômage, à la nécessaire mise à jour des connaissances, mais aussi à l'augmentation du temps libre et à l'indispensable maîtrise de l'outil informatique.