Pourquoi choisir une stratégie de classification plutôt qu'une autre ?

Attention, cette réponse est ancienne. Son contenu peut être en tout ou partie obsolète.

Question

Bonjour,
Dans le cadre d’un cours sur les bibliothèques publiques nous nous intéressons aux stratégies de classification de celles-ci. 
Quelles sont les raisons qui poussent les établissements à choisir la CDU, une classification maison ou encore de proposer une classification thématique à la manière des librairies ?
Nous serions intéressées à analyser les résultats/retours du public de bibliothèques ayant opté pour une classification «thématique », ou ayant changé de système.

Réponse

Date de la réponse :  06/03/2018

Vous étudiez les stratégies de classification des bibliothèques, et vous voulez savoir quelles sont les raisons qui poussent les établissement à choisir la CDU, une classification maison ou encore à proposer une classification thématique (comme en librairie).
Vous aimeriez collecter des retours  d'expérience de bibliothèques ayant opté pour une classification «thématique », ou ayant changé de système.

Vous ne l'avez pas déjà identifié, vous pouvez consulter ce billet sur le classement par centre d'intérêt :
Le « bookstore model » : le retour de la vengeance des classements par centre d’intérêt. Nicolas Beudon, décembre 2016

Au delà, vous pouvez consulter ce manuel, qui propose plusieurs retours d'expérience :
Mettre en œuvre un plan de classement. Sous la direction de Bertrand Calenge. Presses de l’enssib, 2009
Dans ce manuel, Bertrand Calenge décrit ainsi les principaux motifs d'insatisfaction liés au classement physique des documents :

« - dispersion d’un sujet pourtant recherché par les publics comme unique … ;
- impossibilité à représenter une discipline émergente avant que son expression classificatoire ne soit validée ;
- ignorance des problématiques interdisciplinaires pourtant source d’une importante production documentaire ;
- multiplication de documents sous des cotes complexes du fait du caractère nécessairement partial de la classification universelle utilisée »

Il décrit ensuite l'alternative de la classification par centres d’intérêt :

« La tentation est grande alors de revoir l’ensemble du processus en partant de la question intellectuelle, et de construire une autre vision du monde qui pourra trouver sa représentation documentaire, bref d’inventer une nouvelle classification. Parfois cela réussit, correspondant au souci constant d’une communauté déterminée, sûre de ses concepts et de ses processus de recherche, et appuyée sur des institutions capables de garantir l’évolution de la classification (c’est le cas de la NLM, et la CDU a été sauvée par la création d’un consortium international structuré). Souvent, l’entreprise court le risque de l’échec, notamment lorsque le projet n’est le fait que d’une équipe de bibliothécaires locaux.
Le classement par centres d’intérêt, qui connut son heure de gloire dans les années 1980 et rencontre encore quelques épigones, en est un exemple propre aux bibliothèques publiques. Fondé sur la conviction que le « grand public » est insatisfait du classement prescrit par la classification décimale de Dewey, ce projet veut élaborer une représentation ordonnée du monde du point de vue des intérêts du grand public. Les catégories « traditionnelles » assises sur l’organisation disciplinaire du savoir sont remplacées par des catégories assez proches des rubriques de magazine (société, culture, santé, etc.) elles-mêmes subdivisées en sous-catégories significatives (famille,…) et ainsi de suite. Le projet, pour louable qu’il soit, suscite de nombreuses questions…»

Page 66-67, il aborde à nouveau le classement par centre d’intérêt, qui consiste à "tenir compte ponctuellement d’une distorsion excessive entre les besoins d’un public majoritaire et les contraintes d’une classification encyclopédique", et formule un certain nombre de mises en garde concernant l’adoption de cotes de regroupement :

« - le public susceptible de gagner à ce regroupement doit toujours être suffisamment important et demandeur ;
- le sujet doit être suffisamment durable - autant qu'on puisse en juger - pour justifier un tel aménagement ;
- la masse documentaire concernée doit être suffisamment importante et bénéficier d’une actualisation prévisionnelle régulière ;
- enfin, point essentiel, la discrimination dans les classements doit paraître évidente pour les gestionnaires de collection comme pour les publics... »

Vous trouverez de nombreux documents sur la classification et le classement des documents sur le site Poldoc (groupe de recherche bibliothéconomique appliquée aux outils des politiques documentaires). Exemple d'alternative à la Dewey : le plan de classement de la Bibliothèque de la Cité des sciences et de l'industrie (pour en savoir plus : Construction et évolution du plan de classement).

Vous pour aller plus loin, vous pouvez consulter :

Pour recueillir des retours d'expérience, vous pouvez contacter des bibliothèques ayant récemment changé de système de classement ; par exemple la médiathèque de PAU, le SCD de la Réunion ou la bibliothèque de l'ENS Lyon.
Vous pouvez également lancer un appel via le forum Agorabib.