Description : L’enfance est un commencement sans fin. L’adolescence, une chrysalide ; la jeunesse, une inconscience, un souvenir. Pays lumineux – aveuglants –, espaces brouillés, impénétrables aux arpenteurs qui doivent se contenter d’observer de loin, avec les yeux de l’âme, les instruments de la mémoire, de grossiers compas. Comment, dès lors, faire profession d’inscrire ces contrées aux « incertaines frontières», aux climats capricieux, dans une géographie rigoureuse, où une place est assignée à chaque chose et à chacun ? À considérer que cet enfant qui « n’arrête pas de tirer la moustache des choses » (Michel Chaillou) est aussi une cible accueillante aux sollicitations les plus agressives, l’on comprend qu’il suscite, ensemble et contradictoirement, l’enthousiasme et le désarroi. Penser, classer, conserver, animer pour la jeunesse et avec elle, c’est confronter une réalité agencée selon de bien stricts principes à l’action de cette "machine à produire du possible", telle que la définit Pierre Péju dans sa magnifique préface à Espace à lire…S ’ensuit une nécessaire et permanente redéfinition des rôles et des fonctions au sein de la bibliothèque comme dans ses relations aux univers limitrophes de la famille et de l’école. Ce qui appelle une attitude vigilante, en écho aux exigences nouvelles de souplesse et d’évolutivité de la bibliothèque de demain : tel est le secret pour y cultiver la « vie vivante ».