Description : « La Loire admirable. S’asseoir comme un duc sur un escabeau et regarder du haut de la tour. » (Jules Renard). Un grand port d’estuaire recueille des eaux venues de loin, et son voisin, son double maritime ouvert sur l’océan, les voix du globe. Mais il faut plus d’un élément pour composer un monde ; au pourtour de ce bassin, l’administration lui a rattaché des terres profondes, leurs forêts, leurs bocages. À mesurer le pouls de cette réalité double, expansive et enracinée, nous avons surpris ses diastoles et systoles dans les incessants allers-retours de ses poètes,
le « sentiment géographique » de ses plus grands écrivains, prosateurs singuliers,
songeurs irréductibles. Nous leur avons prêté l’oreille, ils nous ont donné
le ton.
Ici, les mots semblent tissés d’action. Elle se règle sur eux, ils l’épousent. Nous
sommes donc descendus d’un degré sur le ducal perchoir. Certain pragmatisme
n’est-il pas la traduction professionnelle de cet accord ? Des animations qui brassent
les publics, des solutions originales engendrées par une réalité mouvante…
de la bibliothèque de plage à la librairie de poche, l’innovation a fui le dogmatisme,
le détail a investi la vision d’ensemble : les livres ont fait leur nid d’une
salorge ou d’une grange, d’une épicerie, d’un lavoir. Ce génie du lieu – unique…
– auquel les architectes se sont rendus perméables, qui s’exprime jusque dans
les histoires et les cases d’une génération de dessinateurs, il nous a bien semblé
le saisir tel que, lumineux, l’a cueilli Paul Louis Rossi :
« Alchimie du sol et de la lumière
En une saison qui donne aux raisins
De la vigne un goût de raison
Je vais adorer votre esprit mimétique. »