Description : Il est assurément trop tôt pour donner un sens précis à la révolution culturelle qui accompagne les changements introduits dans nos vies par les technologies
numériques, si ce n’est que l’ampleur du bouleversement en cours et de leurs conséquences attendues soutient la comparaison avec celle de la révolution
industrielle. Mais l’on sait en revanche qu’il n’en allait de rien de moins alors, ainsi qu’à la Renaissance, que d’une image du monde et de la représentation
que l’homme se faisait de la place qu’il avait à y tenir. Que dans cette universelle computation du monde, c’est aussi d’Histoire qu’il s’agit. Celle dont nous héritons, celle qui nous porte, et celle que l’on construit. Les bibliothèques actuelles sont le lieu par excellence où ces trois pans de l’Histoire se rencontrent et, du moins le souhaiterait-on, se fécondent. Elles sont aussi, comme les villes, le lieu d’un éternel conflit entre l’espace et le temps. La nouvelle donne du numérique rend possible comme jamais – selon du moins sa version enchantée – non seulement d’accueillir la production contemporaine tout en conservant l’héritage de l’Histoire, mais aussi, et c’est là une exigence propre à notre temps, d’anticiper au présent sur ce qui, à l’avenir, constituera notre passé. Telle entreprise ne va pas sans soulever nombre d’interrogations qui, ensemble, de près ou de loin, d’un point de vue légèrement surplombant ou de celui, tout pratique des techniques et du métier, lient cette nouvelle donne à la question de l’élaboration du sens dans l’Histoire. Interrogations dont le présent dossier se fait l’écho.