Description : Peut-on traiter de la philosophie en sociologue ? Comment rendre compte d’une discipline comme de n’importe quelle autre activité sociale ou culturelle ? Longtemps, les philosophes ont repoussé les tentatives de la part des sociologues et des historiens pour élargir le champ du questionnement. Les choses sont différentes aujourd’hui et on peut proposer une autre manière d’écrire l’histoire de la philosophie, à la fois respectueuse des concepts et soucieuse de leur vie sociale, à travers les modes de présence des livres philosophiques, des dispositifs institutionnels qui installent la discipline dans le monde social et de l’engagement des philosophes dans les disputes de leur époque. Il s’agit de penser l’unité d’une pratique culturelle à travers le temps, tout en faisant droit aux émergences et aux points de rupture.
Dans une œuvre riche et diverse, Jean-Louis Fabiani, directeur d’études à l’EHESS, interroge la sociologie historique de ce qu’il appelle les configurations de savoir entendues comme les manières dont les disciplines et les institutions savantes se construisent et se modifient (Les philosophes de la République, Éditions de Minuit, 1988 ou plus récemment Après la culture légitime : objets, publics, autorités, l'Harmattan, 2007).
Il étudie également les publics de la lecture (Lire en prison : une étude sociologique, Bibliothèque publique d'information, 1995) et la science des mondes naturels et de l’action environnementale (La Société vulnérable, avec Jacques Theys, 1987).
Sa dernière publication, Qu'est-ce qu'un philosophe français ? La vie sociale des concepts (1880-1980) (Éditions de l'EHESS, 2010), retrace une histoire à pas vifs de la philosophie et des figures qui la représentent, offrant une lecture vivante, accessible à tous, et parfois impertinente sur les figures les plus remarquables de la vie intellectuelle française.