Les archives de l'internet - une étude prospective sur les représentations et les attentes des utilisateurs potentiels - Notice bibliographique | Enssib
Description : Une étude qualitative a été conduite fin 2010–début 2011 par la délégation à la Stratégie et à la recherche de la Bibliothèque nationale de France (BnF), en lien avec la direction des Collections et la direction des Services et des réseaux de la BnF, auprès de publics potentiels des archives de l’Internet afin d’explorer leurs besoins en termes de contenus et de services. Il s’agissait également d’analyser leurs représentations de ces archives pour identifier les moyens permettant d’accroître leur consultation. Quinze entretiens ont été réalisés au sein de trois populations : 1) chercheurs (histoire, philosophie, sociologie, sciences et techniques), 2) professionnels (avocat, consultant marketing, documentaliste, ingénieur brevet, journaliste), 3) le « tout venant » de la bibliothèque de Recherche sur le site François-Mitterrand.
Les chercheurs interrogés travaillent dans un univers web dont ils reconnaissent à la fois la richesse et la volatilité. Si l’intérêt d’une mémoire du web leur paraît évident, ils se heurtent à la difficulté de définir et circonscrire, dans un espace qui semble illimité, des corpus significatifs. Face à cette difficulté, la BnF est perçue comme un tiers de confiance capable de garantir au chercheur l’accès à des collections raisonnées et documentées. Les chercheurs ont également besoin que l’histoire du web, aujourd’hui disséminée dans les souvenirs de quelques spécialistes, soit reconnue, préservée et partagée.
Les archives soulèvent cependant pour les chercheurs des questions éthiques et méthodologiques :
- tout sur le web n’est pas de l’ordre d’une publication mise à disposition d’un public. En particulier, ce qui relève d’actions personnelles (discuter, acheter, participer à des réseaux sociaux, etc.) apparaît impropre à l’archivage, même s’il constitue un lieu d’observation particulièrement riche pour l’historien et le sociologue ;
- archiver un flux semble impossible, voire paradoxal. Les archives du web requièrent un effort de définition et de modélisation préalable, car elles ne peuvent être assimilées à une archive traditionnelle renvoyant à des unités documentaires stables : le « site », capturé isolément et ponctuellement, peut difficilement jouer ce rôle, car c’est son inscription dans un réseau et dans le temps qui intéresse d’abord les chercheurs. En outre, il n’existe pas encore de méthodologie bien définie pour analyser et utiliser les sources du web, si bien que les chercheurs hésitent à manipuler ce type de matériau.
Les entretiens avec les professionnels et le « tout venant » de la bibliothèque de Recherche ont permis de relever la présence de représentations concurrentes qui viennent brouiller la perception de ce que sont les archives du web. Les moteurs de recherche, mais aussi les archives en ligne proposées par certains sites comme les blogs donnent l’illusion à l’internaute que le web s’auto-archive. Pour ces deux catégories de public, les archives de l’Internet doivent préalablement démontrer leur pertinence face à un réseau qui semble déjà d’une profondeur et