Description : « Entre les ruines du passé et les poubelles du futur, le Mexique essaie de créer un espace vivable au présent. » Telle est la conclusion d’un essai magistral
de Carlos Fuentes, Un temps nouveau pour le Mexique, paru d’abord en 1994, mais qu’amendèrent en l’actualisant des préfaces successives lors de ses publications en traductions. C’est que les espoirs portés par ses analyses pénétrantes, embrassant des perspectives millénaires et les chocs de civilisations
d’un regard d’aigle, ont été sans cesse déçus, différés. Espoirs qui se résument en un plaidoyer lucide pour la démocratie. Une démocratie qui
serait la clé de voûte scellant l’équilibre des forces sociales, économiques et culturelles antagonistes entre lesquelles se trouve écartelé un pays qui
participe à la fois du premier, du tiers et du quart monde. Les bibliothèques ne seraient-elles pas l’image vivante de cette démocratie
vivante ? Le développement spectaculaire du réseau national ces vingt-cinq dernières années, des réalisations monumentales, mais aussi les difficultés
qui se sont fait jour dans le monde chaotique que les jeunes écrivains du Mexique excellent à décrire, tendraient à accréditer cette idée.
Les bibliothèques traduisent, à tout moment, la santé de la démocratie. Mais elles disent davantage encore. Lieu par excellence de mémoire et de désir,
lieu de leur fécondation mutuelle, elles augurent encore de son avenir, en ce pays tant ancien et pourtant jeune. Carlos Fuentes ajoute : « La mémoire et
le désir savent qu’il n’y a pas de présent vivant avec un passé mort, qu'il n’y aura pas de futur sans les deux. »