Description : "Comment, c'est pas la Vénus de Milo? Il tourne le dos à la belle dame ( ) N'êtes-vous pas absolument fous de Saint-Marc? Ces coupoles, on dirait de merveilleux navets retournés ( ) Ils admirent en gros. Parfois même ils se vautrent dans cette admiration." Tandis qu'il y a bientôt un siècle, D.H. Lawrence fustigeait déjà "un des genres de vandalisme américain", le consumérisme des philistins, l'idée, l'exigence dun développement d'une "lecture publique" en était encore à ses balbutiements. Elaborés dans l'indifférence des pouvoirs publics, celle-ci ne connaîtra son plein essor que sous l'impulsion des personnalités, de "gens du livre", d'un mouvement associatif naissant, il faudra plusieurs décennies pour qu'une véritable politique publique en matière de bibliothèque ne voie le jour après la deuxième guerre mondiale, plus tard étayée par une foi, un mot d'ordre : la démocratisation de la culture. Mais le véritable développement du réseau français moderne date des années 1980. Au moment-même où la conception humaniste de la culture se trouve débordée par le "tout-culturel". L'Histoire connaît parfois de semblables courants contraires. Aujourd'hui, la bibliothèque n'est plus un temple, la culture n'est plus sacrée, Marianne descend doucement de son piédestal. Et si, pris en étau entre les nouvelles instances politiques européennes et la puissance des acteurs de l'économie mondiale, l'Etat est peu à peu dessaisi de ses pouvoirs, l'accélération des échanges, leur intensification, la constitution de nouveaux réseaux sociaux par la voie d'internet ramènent les individus au centre d'un jeu où leur rôle reste encore ambigu : citoyens ou usagers? c'est en se précisant, que ce statut encore incertain donnera le sens de ce retour du politique qui peut traduire aussi bien une revitalisation de la démocratie qu'un tour de passe-passe de l'illusionnisme démagogique. Après ceux que Bibliothèques(s) a consacrés au Service public et aux relations entre Bibliothécaires et décideurs, que sont venus compléter, sous un angle plus technique ceux qui ont abordé les questions de la Médiation et des Biens communs de la connaissance, le présent dossier laisse penser que la bibliothèque n'est pas seulement 'concernée" par cette alternative, mais que son sens même et la forme de son avenir sont en jeu, pas moins.