Description : La littérature scientifique sur le monde des archives est largement dominée par la thématique du numérique. Celle-ci est présentée comme étroitement liée à un « tournant majeur du métier d’archiviste » (Cœuré et Duclert, 2019). Ce mouvement global est engagé transversalement par l’État central depuis les années 1990 (Bellon, 2022), et cette dynamique s’est renforcée à partir des années 2000, dans un contexte de « dématérialisation » de l’État largement mis en œuvre par les politiques publiques (Deville, 2023). Pour les archivistes, ce mouvement est multiforme, mais n’est pas révolutionnaire pour autant. Et c’est à la polysémie de la catégorie « réforme » que nous avons recours en l’employant en titre : une « réforme » est un processus
de changement souvent pensé en opposition à une « révolution ». Les transformations du travail dans les archives s’inscrivent bien dans une réforme de l’État par le numérique, mais nous verrons que dans ces transformations se jouent aussi des mises à l’épreuve de normes, de croyances et de pratiques qui impliquent un retour aux fondamentaux pour redéfinir les contours du groupe professionnel.