Description : Les spoliations de biens culturels perpétrées par les nazis et les autorités de Vichy sont une composante des crimes commis envers les Juifs lors du second conflit mondial L’immense majorité des victimes de la Shoah étaient de condition modeste, et l’on a pu légitimement craindre qu’à se focaliser sur le pillage des œuvres d’art, le caractère général et systématique des persécutions dont les Juifs furent victimes entre 1933 et 1945 ne soit occulté. Cependant, trois raisons justifiaient qu’un intérêt particulier s’attache à ce sujet et que la Cour s’en soit saisie : l’ampleur, aujourd’hui encore méconnue des spoliations de biens culturels ; le long retard avec lequel l’État a entrepris, après le tournant des années 1990, de restituer les biens culturels spoliés et d’indemniser les victimes lorsque les biens avaient disparu ; le témoignage que ces biens continuent de porter sur les crimes de la période 1933-1945, au fur et à mesure que disparaît la génération des victimes directes de la Shoah et que vieillit celle
de leurs enfants. À ces divers titres, l’action des administrations publiques pour les restituer à leurs ayants droit et, à défaut, indemniser ces derniers, reste inachevée, et il était nécessaire d’en faire ici le bilan.