Index des revues

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    Ecrire, c'est toujours vers l'inconnu

    Par Michel Séonnet, Écrivain

    (1) Et puisqu'on me demande à quoi ça sert tout ça, à quoi je sers, moi, écrivain, dans ces territoires hors-livre que sont écoles, bibliothèques, usines, centres sociaux, tous ces lieux communs de la ville et de la vie (et particulièrement de la vie des moins nantis : nul salon dans cette liste, ni haut lieu d'intellectualité, ou de spiritualité, ou de culture ou tout ce qu'on voudra ayant un peu dorures sur les accoudoirs de fauteuil), puisqu'il faut donc expliquer, s'expliquer, et peut-être même se justifier (c'est vrai, après tout : les écoles sont pleines de professeurs, les bibliothèques de bibliothécaires, les usines d'élus responsables et les centres sociaux de travailleurs du même métal, alors qu'est-ce qu'il vient faire celui-là, il croit qu'on a besoin de lui, qu'on ne peut pas se débrouiller sans lui, et en plus faut voir ce qu'on le paie), puisqu'il semble à peu près acquis que d'un côté on fait des livres (sérieux, des vrais livres de faiseurs de livres) alors que de l'autre, on fait des « ateliers » (sous-entendu : faut bien gagner sa vie, ce qui laisserait supposer que tout écrivain gagnant correctement sa vie ne s'abaisserait plus à de telles fadaises, d'où il en ressort que seuls des écrivains de moindre importance se prêtent à ce petit jeu, que c'est leur manière à eux de faire des ménages ou quelque chose comme ça), puisque malgré tout ça il existe des gens (il ne faut pas s'affoler, il sont rares) qui s'obstinent à vouloir faire entrer des écrivains dans des lieux où on ne les attend pas, il leur a bien fallu, à ces vaillants pionniers, tel le chariot bâché pour ceux qui conquirent l'Ouest américain, telle la souris électronique pour ceux qui s'aventurèrent sur Internet, il leur a bien fallu, dis-je, s'inventer l'outil décisif, le concept de leur conquête : la médiation.

    Voilà pourquoi (par quoi, au nom de quoi) nous, écrivains dûment enregistrés à l'Agessa et au 3617 ELECTRE réunis, nous pointerions notre nez et notre stylo. Un pont, quoi ! Une passerelle tendue au-dessus d'un insondable ravin et reliant les personnes que nous serions appelés à rencontrer en ces lieux improbables, à ... À quoi au juste ? Parce qu'un pont, ça ne tient pas en l'air tout seul, il faut deux bouts, deux bords, ça conduit de.. "à... ,. Si le «à... vient à manquer, le pont aussi : que de ravins où sombrent des médiateurs lancés sans savoir vers quel autre bord !

    Car si effectivement les lieux susnommés (école, bibliothèques, etc.) sont des lieux de médiation et ceux qui y exercent, des médiateurs (enseignants, bibliothécaires), il était tentant de faire entrer tout nouvel intervenant dans le même tiroir à fonction. Il vient faire quoi, lui ? Médiateur. La question est réglée. Il y a une ligne pour ça, une place. Tout le monde fait semblant de comprendre, d'ailleurs tout le monde y est habitué puisqu'il y a déjà l'animateur de jeu d'échecs, la formatrice en cuisine, le conteur, le moniteur d'escalade, etc., etc., nous voici en territoire connu.

    Il y a juste un petit hic. Un mot : écrire. C'est quoi, écrire ? C'est du même ordre qu'escalader, jouer aux échecs, faire la cuisine (activités passionnantes et enrichissantes par ailleurs) ? Ou bien il y va de quelque chose d'autre qui, du coup, obligerait à considérer autrement l'intervention du monsieur ou de la dame qui fait métier d'écrire ?

    Bien sûr, il ne s'agit pas de mettre en branle les éléments d'une théorie de "qu'est-ce que c'est écrire ? » Simplement (et même si ici et là des bribes de définitions pourront émerger), je voudrais reprendre les quelques textes de présentation ou d'intention que j'ai rédigés à l'occasion des travaux menés au cours de l'année 1995 dans le département de Haute-Marne (Champagne-Ardenne), afin de tenter de voir si, malgré tout, ne s'y dessine pas quelque chose de la compréhension du « écrire-avec-des-autres ». Une expression qui pour moi a l'avantage de poser fermement les enjeux de cette pratique : il s'agit d'écrire (écrire, vraiment écrire, avec tous les enjeux et les risques de cet acte incertain), il s'agit des autres (les autres, vraiment les autres, différents et irréductibles).

    premier indice : "Ecrire, c'est souffler (sur quoi ?) jusqu'à la flamme. rtrajet : de la bouche à la braise.

    C'est le texte introductif au travail mené à froncles, dans le cadre du projet national conduit par l'ABF Portrait de famille : où travaillent mes parents ?

    Ici, l'usine est partout (même si tout le monde semble dire : « l'crntreprise » - avec une majuscule).

    Tendant des siècles tout s'est édifié, orienté, imaginé en fonction d'elle.

    Hlle a rythmé les jours, les années.

    Ille a nourri. Tille a habillé. Tille a aussi enterré.

    Tille a causé aussi bien la richesse que le deuil.

    Tille s'est nourrie des éléments - eau, bois, feu.

    Tille s'est nourrie aussi de ses enfants - sueur et sang.

    C'est une bien étrange mère.

    Mère nourricière ou bien Ogre dévorant ?

    Tit pourtant aujourd'hui la Mère (ou l'Ogre) fait défaut. Taillit.

    Tour la première fois (pour la première génération) on ne peut plus dire aux jeunes : « T'inquiète pas, tu auras toujours un boulot à l'crntreprise ».

    La Toute-puissante dit sa faiblesse. Et devient étrangère à ceux qui vivent toujours autour d'elle - mais plus uniquement d'elle.

    C'est là, dans cette incertitude entre dépendance et rupture de lien que vont avancer nos écritures.

    Il nous faudra dire la chaîne des gestes qui lie ici les hommes à la fusion des matières. 'Et ces matières habiteront nos phrases.

    Mais nous ne pourrons pas séjourner en nostalgie. Jious ne pourrons éviter ni la rudesse des souffrances passées, ni celle de l'incompréhension de la rupture, (Nous dirons aussi bien la fierté que la douleur.

    Tiviterons-nous la confrontation avec le mythe ? Quand on s'approche du feu, Trométhée n'est jamais loin. Taudra-t-il constater qu'il a abandonné à leur sort la vallée et ceux qui l'habitent ? Mais pourquoi, alors, avoir volé le feu aux dieux si c'est pour malgré tout ne plus pouvoir en vivre ?

    Disant les gestes de la forge, il nous faudra bien traîner autour de ce mot (si proche de frométhêe) : le progrès.

    On le voit : à souffler sur les braises de la mémoire, on risque peutêtre de mettre le feu à des questions ouvertes au lendemain.

    'D'où, provisoirement, le nom que nous donnons à ceux qui vont s'engager dans cette aventure : écrire a toujours à voir avec cet irraisonné de souffler sur un feu où l'on ne voit plus que cendres.

    Deuxième indice : Écrire, c'est chercher à se référer. trajet : de l'oeil au paysage (à la rue, à la ville, au monde).

    La ville, près de Froncles, c'est Chaumont. Et dans cette ville, des jeunes, sans emploi. avec eux, un travail de trois mois. Le cadre : la Mission locale pour l'emploi des jeunes. Et ce texte pour le dire.

    Les mots et la cible. Ils s'appellent Béatrice, Carine, TJany, Malika, Marco, Mourad, Stéphane, Thibaud. Ils ont entre dix-huit et vingt-cinq ans. Ils habitent leur vie sans vraiment la connaître. Leur ville aussi. Leur temps. Sans trop savoir dans quelle direction se tourner pour faire un pas en avant. S'ils sont là - dans ce stage : ce « Chantier-Ecole » - c'est d'ailleurs pour cela. farce que depuis le temps qu'ils vont dans la vie, ils n'ont toujours pas choisi un pas plutôt qu'un autre. farce qu'ils n'ont pas su décider si ce chemin était préférable à cet autre. f eut-être ont-ils eu le sentiment très tôt qu'on ne les attendait vraiment nulle part. Comme des enfants non désirés. C'est cela, leur difficulté, il leur faut désirer à la place d'un monde qui se passe bien d'eux. Il leur faut vouloir deux fois plus que tout autre.

    Ticrire, alors, c'est bien moins essayer défaire de belles phrases, que de tenter de dresser le contour d'une table d'orientation. Comme un jeu à reconstruire, fasses et impasses. Choix et refus. Tentatives et échecs. TJ'où la première étape effectuée ensemble. La mise en colonne du choisi et de l'imposé. J'ai choisi. Je n'ai pas choisi. Que tout y passe de la couleur du jean à l'acte premier de vivre. De la figue au chat adopté. De se lever à ne pas mourir. Et dans les blancs de ces deux listes parallèles, les premiers traits, déjà, d'un visage : le leur.

    Mais un visage n'existe que de se tourner vers... Vers quoi ? Vers quoi se tourner quand on manque d'horizon, de perspectives (la perspective, c'est ça : ce point dans le tableau peint, vers lequel convergent toutes les lignes, tous les regards), il manque un point à leur horizon : une cible. Qu'ils vont essayer de fixer à travers des images apportées, choisies, préférées. Que voit-on dans ces images (mer, oiseau, femme, athlète, silence, pierre) ? Que voit-on qui, pour un temps (pour ce temps d'écrire que nous partageons), pourrait servir de cible ?

    ainsi viendront sous leur plume et sous leur regard : une mouette, un griffon, la mort, la mer, l'imprévu, un requin (blanc), un contrôleur de la SNCF, un regard dans le noir. alors écrire fera son travail. Tt la cible deviendra appel de mots. Jusqu'à être parfois oubliée. Mise de côté.

    à la troisième étape, le réel (le monde tel qu'il est ou au moins tel qu'il prétend être) sera convoqué. Où, dans la ville, placer la cible

    que l'on vient de se donner ? Avec quelles rues, quels bâtiments, quels événements la faire entrer en dialogue - ou en conflit ?

    Ace moment-là s'écriront les attentes, les rages, les découvertes et les oublis face à une ville qu'ils ont, en écrivant, choisi de regarder. Comme un oiseau en vol fixant la terre à la recherche d'un endroit où se poser. Comme déjeunes hommes et des jeunes femmes qui simplement s'avancent ici pour dire : « Coûtez l'écume de nos rêves ».

    T)ans ces mots où ils se sont reconnus (et qui les ont aidés à se reconnaître) ils attendent désormais que le lecteur accepte de les découvrir. Le regard de celui qui lit croisant alors le regard de celui qui a écrit. Le début d'un dialogue ? d'un accueil ?

    troisième indice : Ecrire, c'est reconnaître son visage (Trajet : de je suis à je deviens (quoi ?)

    Toujours à Chaumont, un groupe de femmes. Sans travail elles aussi, bénéficiaires du RMl. Le cadre : le service d'interventions sociales de la CAF. Un travail de plusieurs mois. Et ce texte pour en dire la naissance.

    TJans le regard des anges. La rencontre avait eu lieu comme toutes les rencontres, fresque par hasard. J'étais venu au service d'interventions sociales de la CAF sans projet véritable sinon celui qui animait tout le travail fait à Chaumont : écrire la ville, faire de la ville un lieu d'écriture, faire de l'écriture une manière d'être en ville.

    avec quand même une raison supplémentaire : écrire n'a de sens qu'à relever les humbles. Comme on dit : tout le reste est littérature. Ces femmes faisaient partie de ces humbles. Le rendez-vous était pris d'avance.

    La ville, donc. La place qu'y tient chacun. [Nous avions sorti plans et crayons et chaque femme en était à pointer sur la feuille les endroits de sa vie - écoles, logements, déplacements, formalités. Ce n'étaient que quelques points jetés sur un ciel à peu près inconnu. Un territoire qui leur semblait étranger et où ces points n'étaient pas même des repères. Comme s'il n'y avait rien eu autour. lies points posés sur une ville absente. 'Et elles, leur fragilité, leurs incertitudes, comme unique cohérence de cette dispersion.

    Une vie, toute une vie, ce ne serait alors que cela : un trait, visible de personne, pas même de celui qui est censé l'avoir tracé, et reliant pourtant des instants et des lieux ?

    C'est sans doute cela que nous avons voulu dire alors sans en avoir clairement conscience. Ainsi :

    « Lorsque nous regardons le ciel nous voyons des constellations là où il n'y a que dispersions de points. C'est peut-être comme cela que les anges nous voient. [Non pas livrés au hasard, aux incidents de la vie (comme nous le croyons) mais nous aussi figures et constellations, vivants parmi les vivants. » L'idée fut aussitôt adoptée, lit l'envie de nommer chaque constellation, chaque femme telle que vue dans le regard de l'ange.

    Ce fut un jeu. De fou rires. 'De silences. 'De découvertes aussi.

    Il y eut un nom pour chacune.

    Le travail de mots put alors commencer.

    (Ni récits de vie, ni confessions, ni interrogatoire, il s'agissait de prendre au sérieux ce visage de leur vie que dessinaient les constellations, éprendre au sérieux les deux bras du nageur. Toutes les pattes de l'araignée, L'aile du papillon. Le pied de l'arlequin. S'informer. Chercher. 'Rapporter d'un périple en bibliothèque des images capables défaire venir les mots. 'Et puis prendre au sérieux les souvenirs que toutes ces images appelaient. Les bruits, les couleurs, les joies et les blessures.

    Jusqu'à ce que chacune, de toute la force de sa constellation puisse alors accepter de rêver à mots ouverts.

    Jusqu'à ce que chacune s'étant reconnue, ayant été reconnue, dans un portrait d'elle-même dont elle n'avait ni honte ni peur, accepte de livrer ce visage à l'objectif du photographe.

    Quatrième indice : "Écrire, c'est chercher à monter. trajet : de en bas à en haut.

    Toujours à Chaumont, mais dans une école cette fois. Dans une cité. Une classe un peu particulière : CLlS (Classe d'intégration scolaire), Une classe destinée à des enfants qualifiés de « handicapés ». [Au bout du travail, une histoire et un livre : « La Sirène du Château d'eau ». Tit ce texte pour l'introduire.

    clic-clac c'est la clis. Qu'il est difficile de regarder le monde de haut quand on se trouve trop bas !

    Tout notre effort d'écriture n'a eu que cela pour objectif: monter, monter, aussi haut que nous pouvions. Le Château d'eau était le plus haut. Il fallut le gravir. Titage par étage. Comme une échelle dont nous aurions inventé les barreaux au fur et à mesure de notre ascension.

    'Dix fois au moins les enfants l'ont redit : s'il ya une sirène, c'est que nous l'imaginons. Il n'y avait pas besoin de recourir aux grandes références de la littérature. [Nous étions en plein dedans. Jusqu'à cette formidable fin que jamais des enfants de beaux quartiers, de bonne scolarité, n'auraient osé imaginer : un personnage de l'histoire (l'ami de la sirène) venant chercher de l'aide auprès des enfants en train d'écrire cette histoire pour qu'ils le conduisent à sa bien-aimée.

    'Écrivains, prenez-en de la graine. Ces enfants de la CLIS «< Clic clac Clic clac ») ont plus d'un tour dans la cervelle.

    Aller

    Si maintenant l'on tire un trait, on a à peu près ceci : écrire c'est aller de la bouche à la braise, de l'oeil au paysage, de je suis à je deviens, de en bas vers en haut.

    Ou, plus radicalement encore : écrire, c'est aller.

    Et c'est bien cela l'aventure. On part. On va. Ne pourrait être médiateur dans cette affaire que celui qui, partant, saurait où l'on va, celui qui, d'avance, connaîtrait les deux piles du pont à franchir.

    Or celui qui écrit ne sait rien. L'écriture est toujours expérience en train de se faire. Dans le cas présent, celui qui ne sait rien fait expérience avec les autres ».

    Ne rien savoir

    Être écrivain, c'est peut-être avant tout cela : ne rien savoir de ce à quoi les mots vont conduire et accepter de ne pas le savoir, accepter de se confier à cette inconnaissance, savoir seulement que les mots vont conduire, quelque part, qu'il y aura une route, un chemin. Écrire est un exode. Si l'on voulait être franc, on dirait simplement aux gens avec qui l'on engage le travail : Voulez-vous partir en exode avec moi ? Pour ma part, je me contente de répéter cette phrase d'un grand Chinois, phrase souvent reprise par Armand Gatti: « La Longue Marche a commencé par un pas À ceux qui à la fin d'une séance de travail demandent : « Qu'est-ce qu'on fera la prochaine fois ? je ne peux que répondre que je n'en sais rien. Quitte à dévoiler ainsi la supercherie : celui qui a été engagé comme médiateur est en fait un passeur qui ne sait rien de l'autre rive. Allez donc expliquer cela à un élu ! Demander que l'on subventionne le travail de quelqu'un qui ne sait même pas où il va, et qui, non content de ne pas savoir, prétend y emmener des gens avec lui !

    Tout ça ne fait pas lire

    Puisqu'il semble de plus en plus évident que je suis en train de scier la branche sur laquelle j'aurais dû être assis, autant aller jus-qu'au bout. Il n'est même pas sûr que l'envie de lire ou d'écrire ait quelque chose à gagner dans pareilles aventures. Ou en tout cas, ce n'est pas leur but. Je veux dire : il n'y a pas un lien de cause à effet (même si, avant d'écrire, on va se promener dans les livres le plus longtemps possible ; même si, par exemple, les virées faites à la Médiathèque de Chaumont avec les femmes de la CAF sont parmi mes plus beaux souvenirs). On ne peut pas dire : j'ai un groupe de personnes (enfants ou adultes) qui ont des problèmes de lecture et d'écriture, je vais leur fournir les services d'un écrivain, après ça ira mieux. On ne peut y voir un remède, une solution. Pas en ce sens, en tout cas. On ne va pas chez l'écrivain comme on va chez le radiesthésiste quand toutes les autres solutions ont échoué. Si l'écrivain n'est médiateur de rien, il est encore moins remédiateur.

    Alors quoi ?

    Essayons-nous à quelques affirmations qui, au risque d'être péremptoires, n'en seraient pas moins des pistes de réflexion.

    • 1 - Écrire-avec-les-autres, ce n'est pas partir en direction du livre à lire, c'est circuler à l'intérieur de son propre livre (et donc, peut-être, découvrir ce qu'est véritablement un livre).
    • 2 - Écrire-avec-les-autres ce n'est pas jouer avec les mots, c'est jouer avec sa vie (et donc, peut-être, découvrir ce qu'est véritablement sa vie).
    • 3 - Écrire-avec-les-autres, ce n'est pas apprivoiser un outil, c'est nouer un pacte avec soi-même (et donc, peut-être, découvrir un peu de soi).
    • 4 - Écrire-avec-les-autres, ce n'est pas une activité culturelle, c'est une activité élémentaire (et donc, peut-être, découvrir un peu de l'essentiel).
    • 5 - Écrire-avec-les-autres, c'est s'approcher d'un geste qui humanise celui qui y consent, qui le rend plus homme (et donc, peutêtre, découvrir quelque chose de son humanité, de son être homme au milieu des autres hommes).

    Écrire n'est pas une activité . L'intime y est trop mis en jeu. Et la question de sa présence au milieu des autres.

    (Et ceci entendu autant pour ceux qui écrivent épisodiquement que pour celui qui en fait métier).

    Écrire me met en jeu et met en jeu mon rapport au monde, mon rapport aux autres.

    Si écrire humanise ceux avec qui j'écris, en retour ceux avec qui j'écris humanisent ma propre écriture.

    Dans cet échange : notre oeuvre-ensemble.

    Janvier 1996

    1. Dans le cadre du projet national Portraits de famille : où travaillent mes parents ?, il a conduit un travail d'écriture avec des élèves du collège de Frondes (Haute-Marne). Ce travail a donné lieu à un film La Rouille (Production Les Films à Lou »). Il a publié un roman Que dirai-je aux enfants de la nuit aux Éditions Verdier (1994). Son prochain roman La Porte sarrasine paraîtra au mois de septembre 1996 chez le même éditeur. retour au texte