Succédant à une assez longue période sans exploitation à une assez longue période sans exploitation rationnelle des données statistiques les concernant, les Bibliothèques Universitaires françaises, sous la direction du Service des Bibliothèques au Ministère de l'Education Nationale, ont organisé à partir de l'année 1973 la grande enquête appelée « Enquête statistique générale des Bibliothèques Universitaires (ESGBU) ». Cette enquête pourrait faire l'objet d'une étude dès que seront connus les résultats de 1978 et 1979 en cours d'exploitation.
02. - Parallèlement, une autre enquête commençait dès 1975, concernant le seul prêt interbibliothèques. Les résultats en sont connus et exploités de 1975 à 1979 pour toutes les BU françaises ; je dispose en outre des résultats locaux de la BU de Nancy pour 1980.
Il s'agissait, pour le Service des Bibliothèques, d'avoir les données nécessaires pour préparer un certain nombre de décisions :
En outre, il était nécessaire de savoir si une institution, le prêt interbibliothèques, créé en 1886, ayant fait l'objet d'une réglementation nouvelle en 1935 et 1936, avait la capacité de supporter les demandes qui seraient suscitées par l'informatique documentaire qui faisait son entrée dans nos bibliothèques.
03. Les résultats de 1975 à 1979 ont été ainsi publiés à ce jour:
En condensant ces quatre rapports et en exploitant les résultats propres à la BU de Nancy, qu'il me soit permis de dégager un certain nombre de réflexions.
Les BU françaises disposent, entre elles et avec la Bibliothèque Nationale, de la franchise postale. Cette disposition favorise bien entendu son fonctionnement.
En outre, depuis la fin de 1977, des télex ont été installés dans les grandes BU médicales, plus récemment dans un certain nombre de BU Sciences, et devraient l'être dans l'ensemble des bibliothèques CADIST.
Les statistiques nationales des effets du télex ne sont pas encore très fiables mais environ 10 % des prêts et un peu plus des emprunts sont déjà obtenus par ce moyen, plus rapide certes que le moyen postal traditionnel. Mais l'effet psychologique créé chez les bibliothécaires utilisateurs, en a encore renforcé la rapidité et l'efficacité : à la BU Médecine de Nancy, plus de 55 % des prêts et plus de 45 % des emprunts sont obtenus par ce moyen, cependant que le nombre des prêts était multiplié par 2 et celui des emprunts par 2,3 depuis 1976 (le télex est installé depuis novembre 1977).
111 - L'Inventaire permanent des périodiques étrangers en cours (IPPEC) recense les publications en série étrangères reçues par plus de 2 000 bibliothèques et centres de documentation français. Les éditions successives depuis 1956 se sont terminées par le Supplément 1971-1974 publié en 1977. Toutefois, son fichier, relativement à jour, peut être consulté par téléphone ou par télex (environ 3 000 demandes par an).
Il est complété par un liste annuelle des abonnements nouveaux et désabonnements des périodiques des sections Sciences/Médecine/Pharmacie des BU, tenue à jour par l'Amicale des Directeurs de BU (ADBU).
112 - Le Catalogue Collectif des périodiques médicaux en cours (français et étrangers) publié par la section médicale de l'Association des Bibliothécaires français (ABF) :
113 - Les catalogues collectifs de périodiques conservés dans les bibliothèques d'une région ou couvrant une discipline, traités actuellement par informatique, ont permis le développement que nous verrons plus loin :
1 14 - Le Catalogue collectif des ouvrages étrangers (CCOE), créé en 1952 possède actuellement entre deux et trois millions de fiches. L'intercalation des fiches nouvelles est de l'ordre de 140 à 150000 par an, venues d'environ 250 bibliothèques françaises, surtout des grandes bibliothèques parisiennes et des BU.
Il répond à environ 16 000 demandes de localisation par an, et depuis 1977 par télex.
Il a pour mission d'orienter et de coordonner les demandes provenant des bibliothèques étrangères et de servir d'intermédiaire entre la BN et les autres bibliothèques surtout parisiennes. Il prête, en outre, certains documents aux bibliothèques françaises. Il est appelé à prêter surtout des documents français.
Il n'a été concerné que par les enquêtes 1975, 1976 et 1977 et a effectué les prêts suivants :
Elles ont été soumises aux enquêtes de 1975 à 1977, cependant qu'à partir de leur enquête annuelle spécifique, on a pu aussi retenir les chiffres des autres bibliothèques municipales non classées.
Nous pouvons dégager le tableau suivant concernant les deux catégories :
Il faut faire une place à part au Service bibliographique des Centres hospitaliers universitaires de Paris qui est un véritable centre d'information et de prêts de documents au service de plusieurs centaines de bibliothèques et de services médicaux parisiens.
Il a effectué, durant les années 1975 à 1977, de 15 à 18 000 prêts par an.
Il est totalement indépendant du Service des Bibliothèques et donc non concerné par les enquêtes sur le prêt interbibliothèques. Mais un très grand nombre de bibliothèques et de chercheurs isolés, français et étrangers, ont recours à son service de photocopies et de documents, qu'il produit à partir de ses collections propres ou des collections de quelques grandes bibliothèques parisiennes.
Les chiffres connus sont d'environ 300 000 documents photocopiés par an, c'est-à-dire beaucoup plus que la totalité des autres formules de prêt-interbibliothèques en France.
Elle nous a été donnée par notre collègue, Michel Nortier, qui publiait en 1965 un article sur « le prêt entre bibliothèques en France » (Bulletin des Bibliothèques de France, 1965, p. 119-131 et 155-168).
Les BU avaient prêté 19 051 documents et en avaient emprunté 15 432. Les 2 grosses bibliothèques prêteuses étaient la Sorbonne (2 388) et la BNU de Strasbourg (1 138)
A partir du tableau ci-dessous, nous pouvons constater que le nombre de transactions a plus que décuplé entre 1962 et 1979, alors que le nombre des usagers n'a guère que triplé.
L'accroissement de 1975 à 1979 est d'environ 70 % soit une moyenne un peu inférieure à 15 % par an.
Les différences relevées entre prêts et emprunts traduisent seulement le fait que le prêt interbibliothèques ne s'effectue pas en vase clos entre BU seules, mais aussi avec le SCP, les BM, le CNRS et divers centres de documentation.
Sur les 63 bibliothèques concernées par la statistique de 1979, recouvrant en réalité environ 170 sections de bibliothèques, 17 (11 en Province et 6 à Paris) ont effectué près de 82 % des prêts 21 (19 en Province et 2 à Paris) ont effectué près de 81 % des emprunts.
Les bibliothèques retenues sont celles qui ont effectué plus de 4 000 transactions.
Si les grandes BU de province sont sur les 2 listes, les bibliothèques parisiennes, sauf celles des CHU, sont surtout prêteuses, comme l'indique d'ailleurs ce tableau sur la totalité des transactions.
Il y aurait toutefois une observation à faire sur les plus gros prêteurs et les plus gros emprunteurs : le plus gros prêteur parisien est la BIU Médecine et les plus gros emprunteurs, les bibliothèques de Paris V et Paris VI, c'est-à-dire les CHU : ne s'agit-il pas, dans un certain sens, pour une part, d'un « prêt interne » ? De même pour Aix-Marseille : n'y a-t-il pas inclus dans les chiffres, des transactions d'Aix à Marseille et vice-versa ?
Nous pouvons faire ici trois remarques :
Ne peut être connue que l'efficacité des réponses positives aux demandes d'emprunts, les chiffres des demandes et les chiffres des documents reçus étant absolus, alors que les chiffres des demandes de prêts, ayant parfois circulé dans plusieurs bibliothèques, sont très relatifs.
Au niveau national les réponses positives évoluent entre 83,6 % (1976) et 90 % (1979) avec une moyenne de l'ordre de 87 %.
A Nancy par contre, ces pourcentages sont plus bas, évoluantentre 73% (1977) et 80% (1975, 1979 et 1980) avec une moyenne de l'ordre de 78%. Je n'ai pas d'autre explication à ce pourcentage d'efficacité plus bas, que de le rejeter sur les Lettres et surtout le Droit, qui se trouvent autour de 60%, ceci étant dû à un moins bon équipement en catalogues collectifs et au fait que ces sections empruntent et prêtent plus de livres que de périodiques. Seulement l'excplication devrait être valable pour toute la France.
261 - Il a été effectué selon les trois grands secteurs : Droit-Lettres, Sciences, Médecine-Pharmacie.
Dans les statistiques nationales, un certain nombre de transactions, mais plus d'emprunts que de prêts, ne peuvent être identifiées, provenant de bibliothèques pluridisciplinaires. Aussi le tableau suivant ne comprend pas tous les chiffres.
Ce tableau fait apparaître l'importance de la Médecine et une baisse sensible du groupe Droit-Lettres.
262 - Concernant Nancy, les chiffres n'ont plus du tout le même sens, s'agissant d'une BU seule.
Les emprunts : le groupe Droit-Lettres a toujours un pourcentage plus élevé que le groupe Sciences.
cependant que le groupe Médecine Pharmacie a en gros, les mêmes pourcentages que l'ensemble des BU françaises :
1976 53,7 et 53,7 1978 : 53,0 contre 53,1
Les prêts : la position de bibliothèques prêteuse de la SectionMédecine est affirmée :
1976 : 73,3 % des prêts de la BU Nancy1978 : 77,3 %1979 : 79,8 %1980 : 77,3 %
Le dépouillement de l'enquête générale entre les divers types de documents (monographies, thèses, périodiques) n'a été effectué que de 1975 à 1977. La 1re année, 1975, thèses et monographies étaient confondues, cependant que l'enquête n'avait pu porter que sur 85 % de réponses fiables.
Par contre, en ce qui concerne Nancy, si nous n'avons pas conservé les chiffres de 1975, si ceux de 1977 sont partiellement faussés, par la fermeture de la BU Médecine, ceux de 1978 à 1980 sont parfaitement exploitables.
La comparaison des deux tableaux n'est guère possible mais on peut quand même en dégager un certain nombre de constantes :
Ce qui a frappé (§ 27), c'est le développement des emprunts (et des prêts) des thèses françaises. Nous verrons plus loin (§ 32) que le prêt des thèses françaises à l'étranger est aussi assez important. Quant aux transactions portant sur les thèses étrangères, elles sont trop faibles pour avoir une signification quelconque.
Le tableau suivant, ne concernant que Nancy, ne veut qu'illustrer le développement des transactions de thèses dans les BU françaises.
Le nombre d'emprunts a été multiplié par 3,4 et le nombre de prêts par 2,2, la Médecine représentant plus de 80 % des emprunts et environ 75 % des prêts. Ceci est révélateur d'une situation française nouvelle : sauf en Lettres, et depuis les années 1976-1977, les thèses ne sont plus distribuées dans les BU françaises, mais seulement dans une ou deux bibliothèques. On ne peut donc plus les obtenir que par le prêt interbibliothèques, d'où le gonflement des transactions de ce type de document qu'on aurait certainement vu dans les enquêtes générales 1978 et 1979 si elles avaient été dépouillées sur ce point.
L'enquête générale de 1975 n'a pas permis de dégager le pourcentage de photocopies sur l'ensemble des emprunts. Mais nous possédons les rapports pour 1976 et 1977 : 55,0 % (1976) et 52,7 % (1977) des transactions ont été effectuées par la photocopie. Les autres procédés photographiques, microfilms et microfiches, sont trop peu employés pour être significatifs.
Comme on pouvait s'y attendre aussi, la photocopie est très peu employée pour les monographies et les thèses (environ 5 %, beaucoup moins à Nancy). Par contre, les transactions de périodiques s'effectuaient à plus de 70 % par ce procédé, et ce pourcentage a dû augmenter depuis 1977 si j'en juge par les résultats de Nancy.
En outre, le pourcentage de prêts par photocopies effectués par la BU de Nancy peut être considéré comme très stable, autour de 90 %.
celle de 1975 n'était pas exploitable, celles de 1976 et 1978 ont révélé une fiabilité de 80 à 90 %, celles de 1978 et 1979 n'ont pas été assez poussées pour être comparées aux deux précédentes.
Toutefois, à la lumière des tableaux (incomplets) qui vont suivre, et de ceux de Nancy, très partiels comme on s'en doute, nous espérons pouvoir dégager quelques enseignements.
Le Prêt interbibliothèques avec l'étranger est faible, de l'ordre de 5 à 6 % des emprunts et de 3 % des prêts. Ici, toutefois, il faudrait comptabiliser les prêts à l'étranger effectué par le Service Central de Prêt de la Bibliothèque Nationale qui sont du même ordre et parfois plus que celui des seules BU.
Si la BU de Nancy est une très modeste prêteuse à l'étranger, elle accuse une moyenne d'emprunts proportionnellement plus forte, presque le double, de celle des autres BU françaises.
Les tableaux suivants font apparaître des distorsions importantes avec les tableaux du prêt concernant les BU françaises seules (CF. § 27).
Nous pouvons ainsi dégager quelques points :
Les séries constitutives du tableau sont assez modestes
Je ne proposerai que trois observations par comparaison avec le tableau § 26 :
En premier lieu vient la BLLD, mais le dépouillement des enquêtes ne permet pas de présenter des chiffres fiables : entre 10 % et 35 % des emprunts. Les enquêtes suivantes, ou plutôt leur dépouillement, car la question figure clairement dans l'enquête, devraient être plus précises sur ce point.
En second point, nous retrouvons le groupe des grandes bibliothèques germaniques (Allemagne, Autriche, Suisse), mais là aussi l'enquête devra être conduite avec plus de rigueur.
En ces domaines, les pourcentages sont très proches de ceux des transactions entre Bibliothèques françaises et, de ce fait, sans signification.
40. Nous avons déjà noté au passage, dans les 2eet 3eparties, la place, modeste certes, tenue par la BU Nancy dans le contexte du prêt interbibliothèques français, mais une place proportionnellement plus importante que celle que lui attribuent l'importance de ses moyens et le nombre de ses usagers : elle est beaucoup plus prêteuse qu'emprunteuse, mais ce fait est surtout dû à sa Section Médecine, qui, si elle se situe dans la moyenne nationale au niveau des emprunts, effectue à elle seule les 3/4 des prêts. Enfin, le chiffre élevé des transactions de thèses attire l'attention et pose la question de leur reproduction qui, semble-t-il, ne pourrait s'effectuer que par microfiche.
41. Au cours de l'année 1976, nous avons pu effectuer une étude exhaustive sur le temps passé pour chacune des actions de la bibliothèque et rapprocher le temps passé au prêtinterbibliothèques, 8 120 heures (5 230 pour le personnel technique et scientifique et 2 890 heures pour le personnel de service), et les statistiques du prêt interbibliothèques lui-même : 4 368 emprunts et 4 906 prêts.
Cette étude a été publiée dans le Bulletin de l'Association des Bibliothécaires français, 1978, 98, p. 7-38.
Par recoupement avec des études allemandes, il y était dégagé le temps passé par transaction positive, soit 72 minutes par emprunt et 36 minutes par prêt.
42. La même étude, mais un peu moins précise, pour 1980, me permet d'avancer le temps passé au prêt-interbibliothèques approximativement entre 9 700 et 9 800 heures, cependant que la statistique du prêt lui-même est de 8 300 emprunts et 10 613 prêts.
Le rapprochement de ces chiffres, doublement des transactions et augmentation du temps passé d'environ 20 %, m'a amené à affiner mes études de 1976.
Tout d'abord, par la même méthode, j'aboutis aux chiffres de 44 45 minutes pour les emprunts et 22 minutes pour les prêts, c'està-dire, les mêmes que les études allemandes qui ont servi alors de comparaison.
L'amélioration, en quelques années, est de 37 % à 38 %.
43. Je me suis alors efforcé de distinguer entre la BU Médecine, vraiment efficace, je dirais presque spécialisée, dans le prêt interbibliothèques, et les autres sections (Lettres, Droit, Sciences, Pharmacie).
En 1976, la Médecine avait employé environ 2 600 heures pour effectuer 2 227 emprunts et 3 423 prêts.
En 1980, elle a employé environ 4 000 heures pour effectuer 4 324 emprunts et 7 952 prêts.
Il m'est alors possible de dresser par un simple calcul, le tableau suivant :
44. A quoi attribuer ce progrès ? Pour la BU Médecine, c'est assez clair : bonne spécialisation du personnel, avec une amélioration du niveau liée aux divers stages de formation, utilisation du télex et son impact psychologique, meilleure rationalisation des différentes opérations, et aussi le fait que les mêmes facteurs positifs se sont produit dans les bibliothèques correspondantes.
Pour les autres bibliothèques, l'analyse est plus complexe : le personnel n'était peut être vraiment pas occupé à temps plein en 1976, et il a pu absorber plus de transactions sans y passer beaucoup plus de temps. Le développement de la photocopie qui supprime bien des manipulations n'est peut être pas non plus étranger à cette amélioration.
Une nouvelle réglementation, tendant à une normalisation plus rigoureuse, (Les Instructions d'avril 1981) apportera peut être aussi un effet, mais celui-ci ne pourra être vraiment attendu que d'un Catalogue collectif national des périodiques et d'un meilleur repérage des ouvrages.
On a écrit bien souvent que le développement du prêt interbibliothèques était lié à l'insuffisance des achats documentaires (qui sont en régression notoire en France depuis une dizaine d'années). Ce facteur a sûrement joué, mais ne me semble pas déterminant, car il faudrait alors expliquer pourquoi les bibliothèques anglaises et allemandes, qui sont beaucoup mieux dotées que les françaises, ont aussi un prêt interbibliothèques beaucoup plus important et lui aussi en progression.
Je pense plutôt que le prêt interbibliothèques est un phénomène en développement dans notre société documentaire, et que mieux informé de ce qui s'est écrit ailleurs (les abstracts, les bases de données) le chercheur s'efforce de se procurer les documents. Autrefois limité aux ressources de sa seule BU, il voit s'ouvrir devant lui toutes les bibliothèques françaises et déjà étrangères. Les bibliothécaires, affectés par la baisse des crédits documentaires, et sollicités par les chercheurs, ont, de leur côté, fait un effort certain pour répondre à cette demande.
Les bibliothèques françaises sont, peut être inconsciemment, en train d'imiter leurs voisins et de passer de l'exploitation individuelle du capital documentaire de chacune à une exploitation collective de l'ensemble :
1962: 15 000 emprunts 1979 : 191 000