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    Bibliothèques chinoises

    Printemps 1981

    Par Monique Cohen

    BÉNÉFICIANT d'une bourse de Mission de la Recherche, Aire Culturelle Chine, il m'a été possible de visiter plusieurs bibliothèques chinoises d'étude, lors de mon séjour d'un mois environ en avril 1981. Il s'agissait pour moi de prendre contact avec quelques grandes bibliothèques susceptibles d'intéresser les sinologues, d'étudier les méthodes de travail et de conservation en vigueur pour le traitement des ouvrages chinois modernes et des documents anciens.

    D'un accès difficile, les bibliothèques chinoises sont mal connues en Occident, et il n'est pas inutile de rappeler quelques données historiques afin de mieux appréhender la situation actuelle.*

    Le mot qui désigne les bibliothèques est relativement récent, il date d'une centaine d'années seulement. C'est un paradoxe que le pays qui a inventé l'imprimerie, a toujours regardé le livre comme un produit réservé à une élite (l'analphabétisme en Chine était d'environ 70% vers 1930). Les grandes collections de livres étaient soit les collections impériales, soit les collections des monastères, soit celles de collectionneurs privés (bibliophiles et érudits).

    La première tentative de constitution d'un réseau de bibliothèques publiques remonte au 18ème siècle (ce qui est très tard pour la Chine). Il s'agissait en fait d'un dépôt de livres dans chaque capitale de province, constitué principalement des textes des 13 Classiques et des Histoires dynastiques, textes de base pour la préparation des examens officiels de recrutement des fonctionnaires.

    Il faut attendre la fin de la dynastie mandchoue, où sous le choc militaire et culturel avec l'Occident, la Chine sent la nécessité d'une réforme totale de ses structures éducatives.

    • En 1896 une adresse au trône demande la création de bibliothèques publiques dans chaque capitale de province, la première est construite à Hangzhou en 1903, et dès 1911, 14 provinces (sur 18) en sont pourvues.
    • En 1910 la Bibliothèque nationale est créée.
    • En 1910, un règlement général est publié pour les bibliothèques publiques.
    • En 1915, un corps de fonctionnaires spécialisés est créé.
    • En 1916, les premiers textes relatifs au Dépôt légal sont promulgués.

    Le développement des bibliothèques chinoises, qui démarre dès les années 20, est marqué par une forte influence étrangère et spécialement américaine. A cette époque, les Missions ont implanté en Chine des établissements scolaires et universitaires étrangers, dotés de bibliothèques modernes qui servaient alors plus ou moins de critère. En outre, la première école de bibliothécaires a été fondée en 1920 par Miss Wood à Wuchang, et un système de bourse permettait aux meilleurs élèves de faire des stages aux U.S.A.. Enfin, les indemnités de guerre consécutives à l'insurrection des Boxeurs étaient affectées pour partie par l'intermédiaire de la China Foundation (où siégeaient Chinois et étrangers, surtout Américains) au financement de la construction de bibliothèques, et de l'acquisition de livres.

    Ce démarrage a été quasiment stoppé par la guerre sino japonaise (1935) qui est une période noire pour la Chine. Un nouveau départ est pris au début des années 50, période pour laquelle nous ne disposons que de très peu d'informations sur les bibliothèques. La Révolution culturelle marque un nouveau coup d'arrêt pour le développement des bibliothèques, et même une régression. On peut dire que chaque fois que la Chine s'ouvre, veut se moderniser, les bibliothèques bénéficient de la faveur du pouvoir, chaque fois qu'il y a un durcissement politique vis-à-vis de l'étranger et des intellectuels, il y a un durcissement vis-à-vis des bibliothèques.

    En effet en Chine, seules les bibliothèques détiennent des collections importantes d'ouvrages étrangers (donc éventuellement « subversifs » pour qui se méfie de ce qui vient de l'étranger). Elles détiennent aussi toute la littérature chinoise traditionnelle jugée suspecte par certains. Enfin bon nombre de bibliothécaires ayant eu une bonne formation dans les années 30-40, des responsabilités, et aussi accès à des cultures étrangères peuvent sembler suspects, en tant qu'intellectuels.

    Actuellement, l'une des « quatre modernisations » est la modernisation de l'enseignement et des bibliothèques, c'est donc une période où elles bénéficient de crédits et de personnel.

    Beijing

    (1) La Bibliothèque nationale (Zhongguo Guojia Tushuguan) a été fondée en 1910 et ouverte au public en 1912, elle occupe ses locaux actuels depuis 1931. Sa surface habitable, de 8.000 m2 à l'origine a été portée à 40.000 m2. Elle dispose actuellement de 4 annexes (dépôts de livres) dispersées dans Beijing. Une extension de 14.000 m2 permettant une meilleures organisation a été décidée il y a quelques années sous l'impulsion de Zhou Enlai. Elle sera située à proximité du Minzu Xueyuan, à peu de distance de l'Université de Beijing et de l'Université Populaire (Ren-min daxue) sur un terrain encore occupé par une fabrique de chaussures.

    Ses collections, environ 10 millions de documents comptent 60% de livres en chinois et 40% en langues étrangères. Pour les périodiques la proportion des langues étrangères atteint 80%. Elle est ouverte de 8 h à 20 h tous les jours de la semaine et de 8 h 30 à 16 h 30 le dimanche. La Bibliothèque reçoit 2 000 lecteurs par jour dans 14 salles différentes de taille souvent modeste : la « grande salle » compte 200 places, la plupart des salles spécialisées, une trentaine seulement. La salle des « périodiques scientifiques » où les nouveautés en toutes langues (chinois, russe, japonais, allemand, français) sont en libre accès a 79 places. La salle de la « Réserve » (Tecang yuelanshi), plutôt « Salle des collections spéciales » où l'on consulte les éditions anciennes, les manuscrits, les estampages, les inscriptions sur os, les cartes géographiques ainsi que les microfilms compte seulement 30 places. Chaque salle spécialisée dispose de ses fichiers propres. Le fichier central est dans le hall d'entrée.

    La Bibliothèque est organisée en Départements, administratifs ou techniques, et emploie plus de 800 personnes. La bibliothèque ne rédige pas la bibliographie nationale qui est du ressort de la « Bibliothèque des publications nationales » (Quanguo banku tushugan) qui dépend de la Direction de l'édition (Guojia chubanju). L'équipe de catalogage, de plus de 80 personnes, répartie en plusieurs groupes en fonction des compétences linguistiques, rédige des catalogues sur fiches. Pour les ouvrages chinois, les « normes » (en fait directives provisoires) de 1974 sont en vigueur, et il semble que les normes internationales sont inconnues. Ces fiches sont imprimées et diffusées auprès de 3 000 institutions.

    Plusieurs entreprises de catalogues collectifs sont actuellement en cours ou viennent de s'achever : le catalogue collectif (national) des collections mongoles est déjà publié, le mandchou est prêt, le catalogue des « documents précieux » est en préparation.

    J'ai pu visiter la bibliothèque en détail, y restant plusieurs jours. J'y ai rencontré les responsables du catalogage tant des livres modernes que des livres anciens, les responsables de la « Réserve » des livres chinois et des « collections spéciales » (c'est-à-dire manuscrits, cartes géographiques, inscriptions sur os, documents dans les langues des minorités nationales chinoises, estampages et microformes). Nous avons évoqué ensemble les problèmes de conservation et de traitement des documents.

    Dans le magasin de la « Réserve », où tous les ouvrages, particulièrement surveillés et soignés, protégés de la voracité des insectes par des morceaux de camphre, sont conservés dans des armoires vitrées ou dans leurs meubles d'origine en bois précieux, il m'a été présenté une sélection de manuscrits et d'éditions anciennes. J'ai par ailleurs pu voir des cartes géographiques, manuscrites ou imprimées, des estampages, commentés par les spécialistes qui en ont la charge.

    La visite de l'atelier de restauration, où sont employés 15 restaurateurs a été spécialement instructive. J'ai pu y voir et photographier les principales étapes du travail effectué selon les méthodes traditionnelles chinoises. J'ai pu m'y informer des matériaux utilisés et de leur provenance.

    L'atelier de photographie, où a été fait le microfilm des manuscrits de Dunhuang conservés à Beijing, a également été l'objet d'une visite, il peut fournir des photocopies et des microfilms à l'étranger, aussi bien qu'en Chine.

    La Bibliothèque de l'Université de Beijing, (Beijing Daxue) est située dans la banlieue nord-ouest de Beijing sur l'emplacement d'anciens jardins Ming. L'Université, « Beida » est l'une des plus prestigieuses de Chine, avec 22 départements scientifiques ou littéraires. Son département langues enseigne 19 langues étrangères (dont le français). Elle a un département Bibliothéconomie. En 1975, la bibliothèque a été dotée de nouveaux locaux de 24.500 m2. 2.000 places réparties entre plusieurs salles sont à la disposition des lecteurs - 8 000 étudiants, 2 700 professeurs ou chercheurs auxquels s'ajoutent 180 étudiants et 20 professeurs étrangers. Il est à noter toutefois que les « Salles de lecture ordinaires » (putong yuelanshi) sont en fait de vastes salles d'étude, sans usuels, mises à la disposition des étudiants, tous internes, seules les salles de lecture « spécialisées », pour étudiants avancés, chercheurs ou professeurs disposent d'usuels.

    La bibliothèque (dix niveaux de magasins) possède 3.400.000 volumes, chinois ou étrangers (dont 1.500.000 volumes chinois publiés avant 1949), 9.000 périodiques, dont 7.000 chinois. Elle s'accroît de 80 à 100 mille volumes chaque année. Elle pratique des échanges avec 300 organismes étrangers. Dans les magasins, les livres sont classés systématiquement, conformément au système préconisé en 1975 pour les bibliothèques.

    Le catalogue des livres est effectué par une équipe de 45 personnes, le travail est réparti en fonction des compétences linguistiques, ou des types de documents (8 personnes sont affectées au catalogage des livres anciens).

    Un groupe de travail y étudie les problèmes de standardisation et de modernisation.

    L'Institut des Minorités (Minzu Kexueyuan) a deux fonctions essentielles. Il dispense un enseignement, de niveau primaire et secondaire aux enfants chinois d'origine non « Han » résidant à Beijing, et un enseignement de niveau supérieur, destiné aux « non Han » désireux d'accéder à des postes de cadres, ou à des examens chinois de niveau national. Les chinois d'origine (Han) peuvent y entrer pour étudier les langues et les cultures non Han de la Chine, ils représentent à peine 2% des effectifs. L'Institut est donc un centre d'enseignement et de recherche pour les langues, les littératures, le folklore (danse, musique surtout), des ethnies non Han de la Chine. Huit langues sont enseignées, mais les étudiants sont nombreux surtout pour le mongol, le tibétain, le coréen et le mandchou.

    L'Institut, logé dans de vaste bâtiments construits dès les années 50 dans un très agréable jardin, semble bien doté en crédits. La bibliothèque, créée en 1951 offre 300 places aux lecteurs. Elle conserve 700.000 volumes dont 300.000 publiés avant 1949, 700 titres de périodiques, dont 100 étrangers. Les xylographes tibétains sont relativement nombreux. On a pu noter, en passant dans les rayons que la production des dernières années est principalement constituée par les traductions des « classiques » du Marxisme-léninisme et du Maoisme.

    Malgré tout, une vitrine présente des publications récentes, qui laissent entrevoir le début du développement d'une littérature originale.

    Les catalogues sont rédigés sur fiches dans les langues et les écritures originales, sans qu'il y ait de norme spécifique : on suit à peu près les habitudes de catalogage des livres chinois. La bibliothèque participe aux catalogues collectifs spécialisés nationaux.

    Fondée en 1949 sur les bases de l'Académia Sinica créée en 1928, elle-même fondée à Nanjing en 1928, I.Académie des sciences (Zhongguo Kexueyuan), énorme organisme de recherche, a été réorganisée en 1978 : elle a été scindée en deux organisations autonomes, l'une gardant l'ancien nom de Zhongguo Kexueyuan (Académie des sciences), l'autre s'appelant Zhongguo Shehui Kexueyuan (Académie des sciences sociales).

    Ces deux Académies sont subdivisées en branches régionales et instituts spécialisés qui disposent chacun d'une bibliothèque, l'Académie des sciences sociales, toute récente n'a pas encore de bibliothèque centrale en état de fonctionnement, mais ses chercheurs peuvent toujours, comme par le passé, s'adresser à la Bibliothèque de l'Académie des sciences.

    Située en plein centre de Beijing, sur Wangfujing dajie, elle dispose d'une annexe en banlieue.

    Elle reçoit 7 à 800 lecteurs chaque jour dans ses six salles de lecture (2 en ville, 4 en banlieue). Elle emploie 390 personnes dont 50 catalogueurs. Elle prête 460.000 volumes par an et fournit 620.000 photocopies.

    Ses collections, 4.500.000 volumes, sont classées systématiquement dans les magasins.

    Les ouvrages chinois, minoritaires, sont rangés à part, selon le système traditionnel chinois des « 4 classes » (siku) augmenté d'une section pour les collections (congshu), et d'une section pour les monographies locales (fangzhi), (la bibliothèque possède une collection très importante, 450.000 volumes, de monographies locales). Elle dirige d'ailleurs le catalogue collectif des monographies locales en cours de rédaction.

    Les accroissements, de 140.000 volumes par an, 10 à 20.000 obtenues par échange avec 1500 institutions situées dans 77 pays différents, sont à 80% en langues étrangères. Bien sûr l'anglais vient au premier rang, suivi par le japonais, l'allemand, le français et le russe. L'accent est mis sur les ouvrages et périodiques scientifiques, depuis la réorganisation de 1978.

    La bibliothèque, qui semble particulièrement dynamique, publie elle-même des périodiques spécialisés « Bibliothéconomie » (Tushuguanxue) « L'informatique et les bibliothèques », hélas interdit à l'exportation (neibu).

    La bibliothèque supervise les 5 bibliothèques des branches régionales (de Shanghai, Wuhan, Chengdu, Lanzhou et du Xinjiang), les 120 bibliothèques d'instituts spécialisés sont autonomes.

    L'Institut d'archéologie de l'Académie des sciences sociales, (Kaogu Yanjiusuo) situé au nø 9 de Wangfujing, à l'ombre de la Bibliothèque de l'Académie des Sciences a été créé en 1950. Un peu à l'étroit dans des locaux anciens et pleins de charme, il a un effectif de 220 personnes, la moitié étant des archéologues et une vingtaine d'employés à la bibliothèque.

    La bibliothèque, de dimensions modestes avec 140.000 volumes (12.000 seulement en chinois) est en fait un centre de documentation pour l'archéologie chinoise. Elle s'accroît par achat et par échange international.

    Le catalogue est conforme aux habitudes chinoises : fichier auteurs, fichier titres, fichier systématique, fichier des périodiques.

    L'Institut est éditeur : il publie des revues et des monographies (rapports de fouilles). Il dispose d'un petit musée où sont conservées quelques pièces prestigieuses, d'un service photographique et d'un atelier de restauration pour les objets.

    Il ne m'a pas été possible de visiter les autres bibliothèques des Instituts spécialisés (histoire, linguistique...() que j'avais souhaité voir : elles sont actuellement en cours de « réorganisation », ou de « relogement ». On peut cependant considérer la bibliothèque d'archéologie comme représentative.

    Fondé en 1949, le dépôt d'Archives des Ming et des Qing (Ming-Qing Dang'anguan) est logé à l'intérieur même du quadrilatère de la Cité interdite, dans le secteur nord-ouest. Il occupe des bâtiments récents, spécialement construits pour lui.

    Il conserve plus de 3500 pièces des Mong (1368-1644) et de 80 à 90.000 documents des Qing (1644-1911). Ces documents, fondamentaux pour l'étude de l'histoire chinoise sont pour la moitié rédigés en mandchou.

    Le catalogue, en cours, est constitué par un répertoire manuscrit par sujet, complété par un index sur fiches. Dans les magasins, de 9.000 m2, les documents sont classés dans des pochettes et des chemises portant l'intitulé du dossier calligraphié. Les dossiers sont rangés dans des grands coffrets métalliques superposés, fermant à clef. Les magasins sont munis de portes métalliques à serrures fortes. La salle de lecture, de 60 places, est ouverte aux chercheurs chinois et étrangers (qui restent toutefois très rares). Depuis 1974, le Service photographique peut fournir des microfilms.

    Shanghai -

    La Bibliothèque de Shanghai (Shanghai Tushuguan), créée en 1952, réorganisée en 1958, reçoit plus de 3.000 lecteurs chaque jour. Elle dispose de 1100 places réparties entre plusieurs salles (3 « ordinaires », 4 « spécialisées »), ouvertes de 8 h à 20 h 30.

    Elle emploie 540 personnes. Ses collections, 7.000.000 de volumes, dont 1.300.000 « reliés à la chinoise» (xianzhuang) et 150.000 livres rares, s'accroissent annuellement de 90.000 volumes (ou fascicules de périodiques) en chinois et de 15.000 volumes en langues étrangères.

    Les ouvrages sont classés par format et numéro d'inventaire sur 3 niveaux. Ce mode de classement est exceptionnel en Chine. Les livres chinois sont rangés à part, à plat sur les étagères selon la tradition chinoise. Les livres rares et les manuscrits sont spécialement empaquetés, chaque livre contenant une notice assez détaillée sur une feuille glissée à l'intérieur. Une équipe de 18 personnes est affectée au traitement et à la conservation de ces collections spécialement riches, surtout en manuscrits autographes. La bibliothèque participe au catalogue collectif des livres rares. Le catalogue des ouvrages chinois contemporains est effectué selon les directives de 1974 ; la bibliothèque imprime ses fiches et les diffuse auprès de 260 organismes différents (bibliothèques de la région).

    L'atelier de restauration, bien installé, emploie 10 personnes.

    Les méthodes traditionnelles sont mises en oeuvre pour la restauration des ouvrages anciens et le montage des manuscrits. En outre, un jeune graveur regrave sur pierre des textes, ou même des images, d'après des estampages conservés à la bibliothèque, et dont les pierres originales ont été perdues, un estampeur en tire des estampages que l'atelier monte en rouleaux et vend à l'extérieur.

    La bibliothèque a plusieurs annexes, réparties dans la ville, dont une importante section enfantine.

    L'Université normale, ou Ecole normale supérieure, (Huadong Shifan Daxue) a été créée en 1951. Elle compte 14 départements, dont un de bibliothéconomie et un de langues étrangères, où le français est enseigné, et 7 instituts de recherche. 5.000 étudiants et 300 chercheurs y côtoient quelques étudiants étrangers. La bibliothèque, créée en 1952, occupe 10.000 m2, conserve 1.500.000 volumes dont plus de 200.000 livres étrangers et 140.000 fascicules de périodiques, ainsi que 20.000 livres rares.

    Les lecteurs disposent de 6 salles, dont 2 sont réservées aux professeurs. En outre chaque département a une petite bibliothèque spécialisée.

    La bibliothèque a des relations d'échange, surtout avec les U.S.A., mais aussi avec la Hollande et le Japon. Elle souhaite en établir avec la Bibliothèque Nationale.

    Héritière de l'Université Aurore, créée en 1922, l'Université Fudan (Fudan Daxue) reste l'une des plus prestigieuses de Chine. Elle compte 6.000 étudiants et 300 chercheurs, auxquels s'ajoutent quelque 4.000 « ouvriers-étudiants ». Sa bibliothèque, créée en 1958 conserve 2.000.000 de volumes, dont 1.200.000 en chinois (comprenant 300.000 volumes « anciens »), 100.000 en russe et 100.000 en japonais. Elle s'accroît de 140.000 volumes ou fascicules de périodiques chaque année. 103 personnes y sont employées, et elle dispose de 600 places de lecteurs réparties en plusieurs salles spécialisées selon les types de documents (périodiques) ou les sujets.

    Dans les magasins, les collections sont réparties sur 4 niveaux : un pour les périodiques, un pour les ouvrages chinois modernes, un pour les ouvrages chinois « anciens » (xianzhuang), et un pour les ouvrages étrangers.

    La bibliothèque utilise les fiches imprimées par la Bibliothèque de Shanghai, ainsi que celles de la Bibliothèque de Beijing pour les ouvrages chinois. Son service de catalogage rédige les fiches des livres étrangers.

    Elle a établi des relations d'échange dans le monde entier, y compris en France avec le CNRS et la Sorbonne. Elle souhaite en nouer avec la Bibliothèque Nationale.

    Si les démarches préliminaires pour entrer à l'intérieur des bibliothèques chinoises ont été longues et difficiles, l'accueil de nos collègues chinois a toujours été remarquable, et nous avons pu parler entre professionnels, désireux d'apprendre les uns des autres. Une curiosité vis-à-vis des bibliothèques françaises, le souhait d'échanges s'est manifesté, principalement à Shanghai.

    Après la période noire de la Révolution culturelle, il est évident que les bibliothèques ont redémarré. Toutes les bibliothèques que j'ai visitées étaient pleines, parfois bondées. Le slogan à l'ordre du jour est la modernisation, un gros effort d'acquisitions (et d'échanges) d'ouvrages étrangers - scientifiques et techniques, surtout en anglais et en japonais est manifeste.

    Autre point significatif, la formation professionnelle : jusqu'à ces dernières années il n'existait pas de formation professionnelle spécifique et le personnel était formé sur le tas. L'enseignement de la bibliothéconomie se met en place progressivement. Il est intégré au système universitaire, le cursus est de 4 ans, les 2 premières années sont consacrées à des études « générale », scientifiques ou littéraires, les 2 suivantes à la bibliothéconomie et à la bibliographie. A Beida (Beijing), 230 étudiants suivent actuellement les cours de 32 professeurs. En outre, un recyclage, ou complément de formation est dispensé à un millier de « bibliothécaires » déjà en fonction. A Huadong (Shanghai), un département de bibliothéconomie fonctionne depuis 2 ans, 106 étudiants y sont inscrits, 13 professeurs - la plupart sont des bibliothécaires de Shanghai - dispensent les cours. Plusieurs autres universités ont des enseignements similaires.

    L'association des bibliothécaires (Zhongguo Tushuguanxue Hui), reconstituée en 1979 publie un Bulletin (Tushuguanxue tongxum). Les problèmes de modernisation, de standardisation et de coopération sont largement débattus.

    Voir : Pelissier (Roger). - Les bibliothèques en Chine pendant la première moitié du XXème siècle. - Paris, 1969.

    1. Anciennement Pékin. retour au texte