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Le catalogue des ouvrages arabes de la bibliothèque nationale

1985

    Le catalogue des ouvrages arabes de la bibliothèque nationale

    Par Josée Balagna, chargée du Service arabe Bibliothèque nationale

    IL existe aujourd'hui vingt-deux pays de langue arabe dont la production écrite intéresse peu ou prou la Bibliothèque nationale ainsi fidèle à sa tradition originelle d'ouverture à de multiple cultures.

    Chacun sait que Francois Ier fonda le dépôt légal français, sans doute sait-on moins qu'en 1516 fut édité à Gênes un prestigieux psautier polyglotte dédié au jeune roi de France dont les caractères arabes furent les premiers gravés du monde et qui devint le premier imprimé arabe de la Bibliothèque nationale.

    Comme tous les services spécialisés de langues dites rares de la Bibliothèque nationale, le Service arabe jouit d'un privilège appréciable: il accompagne le livre de sa parution à sa mise en place dans les magasins.

    Depuis 1972, une équipe stable de quatre personnes, dont deux conservateurs à temps plein assure la marche du Service arabe. En 1978, sort le premier catalogue des acquisitions arabes entrées de 1960 à 1969. A cette époque la Bibliothèque nationale accueille deux cents ouvrages arabes par an. Depuis, elle en reçoit sept à huit cents. Fin 1985, la publication de deux nouveaux catalogues, le 1514-1969 et le 1970-1979, offrira donc aux chercheurs l'inventaire du fonds des imprimés de langue arabe depuis 1514 jusqu'en 1980.

    Pourquoi avoir recherché et regroupé non sans d'interminables difficultés les imprimés arabes de 1514-1959? Déjà catalogués dans le passé, leurs fiches étaient inclues dans le Catalogue général des livres imprimés, le fichier général de 1936-1960, le fichier des anonymes orientaux. D'abord afin de pouvoir utiliser un instrument de travail fiable dont les vedettes seraient établies selon les normes actuelles, ensuite pour participer à l 'histoire des fonds de la Bibliothèque nationale, permettre des recherches qui conduiront à une meilleure connaissance de la politique d'acquisition d'ouvrages arabes dans les bibliothèques françaises depuis le xviesiècle, enfin donner un aperçu de la production en langue arabe dans le monde, dès lors facilement consultable.

    De 1514 à 1706, les Européens et les Français en particulier ont été les premiers à fabriquer des caractères typographiques arabes. Environ deux cent cinquante imprimés que possèdent la Bibliothèque nationale ainsi d'ailleurs que le British Muséum, en fournissent une preuve fort intéressante. Ces livres sont entrés régulièrement au fur et à mesure de leur édition sous les royautés françaises, puis les empires et les républiques. Les premiers ouvrages publiés en caractères arabes au xvmB siècle à Constantinople, au Mont Liban, font partie du fonds arabe.

    Lorsque l'Ecole des langues orientales est créée par la Convention, la Bibliothèque nationale continue cependant d'accroître sa collection d'imprimés arabes.

    Tandis que la Bibliothèque nationale conserve le Canon de la médecine d'Avicenne, la géométrie d'Euclide traduite du grec en arabe par Nasir al-Tusi, ia géographie d'Idrisi publiée en 1592 à Rome, expression de l'intérêt des européens pour les sciences arabes pendant la Renaissance, elle se procure au xixe siècle les traductions en arabe de Molière, ... du Docteur Girard de l'Ecole vétérinaire d'Alfort, d'oeuvres françaises de médecine, de chimie, de mathématiques éditées au Caire, expression de l'intérêt de l'Egypte pour les sciences modernes occidentales.

    Il est également possible de trouver dans ce catalogue 1514-1 969 un certain nombre de titres arabes édités en Algérie au xixe siècle, au cours de cette fameuse période réputée surtout pour être celle de l'expansion de l'orientalisme occidental et de la naissance de la jeune et dynamique imprimerie égyptienne. Ajoutons à cette nomenclature une pléthore de méthodes d'enseignement de la langue arabe... et, bien entendu, tous les travaux d'arabisants européens du xixe et de la première moitié du xxe siècle.

    A la fin de la guerre 1939-1945, Maxime Rodinson devient pendant quelques années le conservateur des imprimées du fonds arabe de la Bibliothèque nationale ; il entreprend en particulier la tâche difficile d'identifier les auteurs et de composer un fichier de vedettes d'autorité. En outre, il dote le Service arabe du système de translittération que nous utilisons encore, qui a été adopté par l 'ISO et que la Société asiatique avait commencé d'étudier cinquante ans auparavant. Maxime Rodinson donne alors au Service arabe des imprimés une impulsion remarquable dont nous sommes toujours les bénéficaires...

    Le catalogue 1970-1979 est le résultat d'acquisitions fructueuses. La Bibliothèque nationale achète en Egypte, en Irak, au Liban d'une façon régulière. Le Service arabe utilise les catalogues de libraires connus: Moutannah à Bagdad, Salah al-Din al-Munajjid à Beyrouth, lui-même chercheur et spécialisé dans la réimpression de textes anciens, Boustany au Caire, docteur ès lettres qui a publié le Journal de Napoléon en Egypte. La publication trimestrielle américaine de la Library of Congress de Washington au Caire, la bibliographie nationale égyptienne, la bibliographie de l'Algérie, des listes d'échanges irakiennes et tunisiennes, déterminent également nos choix. Pendant cette période le Service arabe reçoit deux cent cinquante à trois cents titres par échanges et par an. Ces échanges viennent en majorité de l'Irak, mais aussi du Maroc qui expédie au Service arabe son dépôt légal, de la Tunisie, plus rarement du Liban, de la Syrie et du Koweit.

    La tranche 1970-1979 traite de sciences humaines, entre autres d'économie, de politique, de sociologie et de l'histoire des sciences arabes. Elle comprend quinze mille six cents fiches en trois volumes, la mention des éditeurs scientifiques et des commentateurs, une importante série de renvois grâce auxquels il est relativement plus simple d'identifier les auteurs, ainsi que deux index.

    Au troisième trimestre de l'année 1982, un autre conservateur a rejoint l'équipe initiale. Peut-être le Service arabe pourra-t-il envisager la publication du Catalogue des Revues arabes de la Bibliothèque nationale. Mais l'heure est à l'informatique, thesaurus des mots-matière qui concernent le monde arabe et islamique, vedettes d'autorité des ouvrages dont les auteurs sont d'origine arabe et qui écrivent en diverses langues, catalogage du fonds arabe dont les listes d'acquisitions paraîtront en 1986 avec celles du service étranger.

    Comme les autres services spécialisés qui utilisent des caractères particuliers, le Service arabe espère dans un futur proche entrer dans la base de la Bibliothèque nationale en caractères arabes.