Index des revues

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    Bibliothèques et développement en Afrique

    Par Françoise Danset, Bibliothèque publique
    Par Jean-Claude Le Dro, Bibliothèque Municipale

    La littérature, les traditions et les cultures du monde africain rencontrent une audience de plus en plus large dans les médias et la production éditoriale.

    Le Ministère de la Coopération et le Ministère de la Culture poursuivent depuis de nombreuses années, une politique d'aide au développement de la lecture en Afrique. De plus en plus, ce développement s'appuie sur des réalisations prises en charge par les collectivités territoriales, tandis que des bibliothèques, des associations, des écoles prennent conscience du rôle qu'elles pourraient jouer dans ce mouvement.

    C'est ainsi que des initiatives ont été prises ici ou là pour favoriser' les échanges, les jumelages, les parrainages. Des bibliothèques ont été créées, des bibliothécaires africains ont fait des stages dans des bibliothèques municipales ou des bibliothèques centrales de prêt; il y a eu des échanges de conteurs entre la Bretagne et la Casamance, de grands voiliers prenant la route des alizés ont transporté des caisses de livres etc.

    Un séminaire de deux jours s'est tenu récemment à Vannes pour faire un bilan de ces diverses expériences, analyser les conditions de réussite et les difficultés techniques, administratives ou financières rencontrées.

    A l'issue de ce séminaire, un certain nombre d'orientations ont été définies :

    • les grandes collectes de livres usagés semblent receler un réel danger, même si elles s'appuient sur les sentiments humanitaires d'un très large public, et se justifient pour d'autres produits. L'attrait d'une bibliothèque se mesure en effet, à la qualité littéraire des ouvrages, à leur aspect, à leur actualité, à leur adaptation à une population où les alphabétisés sont minoritaires, au fait qu'ils prennent en compte les identités culturelles des pays auxquels ils sont destinés.
    • On ne peut créer de bibliothèque, même et surtout chez les plus démunis sans moyens financiers, sans mise en place de structures d'accueil, et sans réflexion sur le contenu des documents. Cette réflexion doit s'appuyer sur un éventail assez large d'expériences et sur des critères de choix spécifiques aussi rigoureux que ceux que nous appliquons dans nos propres bibliothèques. Dans le domaine du livre, la qualité compte infiniment plus que la quantité.
    • Les actions d'échange doivent toujours être préférées aux simples dons. En effet, les échanges permettent une approche globale de la culture et des besoins des partenaires. En favorisant le retour de l'information, ils permettent une amélioration des prestations, un ajustement à la demande du pays, de la région, du village concerné. Comme dans d'autres domaines, il semble indispensable de faire circuler l'information, de coordonner les diverses interventions, en particulier dans les mêmes secteurs géographiques, de veiller à leur cohérence et à leur complémentarité.
    • Toute efficacité repose sur la continuité. Tant dans le domaine de la formation des bibliothécaires, que dans celui de la constitution des collections de documents, et de leur utilisation, il est fondamental d'assurer le suivi, c'est-à-dire : le recyclage du personnel, l'entretien et le renouvellement des collections, la politique d'animation des bibliothèques.

    Le groupe réuni à Vannes, et qui a désiré rester informel et ouvert, a constitué un comité de coordination chargé de diffuser l'information et de préparer d'autres réunions de travail. La prochaine réunion aura pour thème : la formation des personnels et animateurs de bibliothèque.