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Quelques notes et appréciations à propos du congrès de l'IFLA de Brighton, 16-21 août 1987

1987

    Quelques notes et appréciations à propos du congrès de l'IFLA de Brighton, 16-21 août 1987

    Par Alban DAUMAS-FLOCIA, Directeur Bibliothèque universitaire de Nice.
    Les congrès de l'IFLA qui rassemblent chaque année des centaines sinon des milliers de bibliothécaires du monde entier pour des journées de travail remplies d'exposés fort nombreux, sont des réunions si importantes qu'il il ne peut être question ici que de donner quelques impressions et de faire quelques remarques.

    1 - Le congrès, son organisation, son déroulement :

    Préparée plus de deux ans à l'avance l'organisation du congrès a été remarquablement assurée par nos collègues anglais de la "Library Association". Comme les buts et objectifs avaient été bien définis et les responsabilités convenablement réparties, il a été facile, nous a-t-il semblé, de constituer des équipes cohérentes et de trouver des aides nombreuses.

    Aussi le calendrier a-t-il été respecté alors même que les organisateurs pouvaient encore se soucier des moindres détails et faire preuve de surcroît d'une amabilité constante.

    Pas d'à-coup dans la mise en place matérielle, annonces faites à temps, délais respectés, attentions nombreuses envers les congressistes. Ceux-ci avaient tout lieu d'être satisfaits.

    Les locaux où nous fumes accueillis quoique peu modernes et pas toujours suffisants s'agissant du nombre des places assises et du confort d'ambiance avaient pourtant l'avantage d'être regroupés (salle pour les réunions plénières, salles pour les travaux des divisions, sections et sous-sections).

    Il y avait parmi les participants un meilleur équilibre qu'àTokyo. Beaucoup de petits pays étaient présents aussi bien du continent européen que de l'Afrique, de l'Amérique Latine ou du Pacifique. Au fil des années le monde hispanisant prend dans ces congrès (comme dans d'autres manifestations) une place de plus en plus grande. Aussi peut-on dire qu'il est normal (et qu'il était souhaitable et souhaité par nous) que l'espagnol soit devenue la cinquième langue de travail de l'IFLA.

    Cependant la traduction simultanée n'a pu être bonne tout le temps. Même si l'obligation d'assurer pour certaines séances des traductions croisées en cinq langues est très lourde, il reste qu'en dehors des anglo-saxons, personne ne souhaite voir le seul anglais employé'tout le temps et exclusivement ! Chacun y perdrait. Nous avons pu constater en tout cas que dans les réunions où cela était possible, il a été parlé en français bien plus qu'il y a quelques années. Le simple constat que quelques uns veulent et osent le faire a montré que cela était profitable. Il n'y a aucune raison au contraire de ne pas continuer dans cette voie où les Portugais, les Grecs, les Italiens et bien d'autres peuvent venir nous rejoindre.

    Quoiqu'il en soit, il y a des domaines où la supériorité des Américains et des Anglais est écrasante. C'est ce que nous a montré l'exposition commerciale et professionnelle. Absolument exceptionnelle en quantité et en qualité par le nombre, la variété des stands et par leur présentation, par l'abondance de la documentation proposée et par la disponibilité du personnel, elle a été une réussite totale. Tout était là pour une promotion des produits, moyens, fabrications qui intéressent les bibliothèques, l'édition, la librairie, la documentation, l'information scientifique et technique, l'informatisation. Un savoir faire et un succès publicitaire certains avec une profusion dans la concurrence qui donne à réfléchir.

    Il n'y a pas lieu de s'interroger sur la plus ou moins grande qualité des conférences. Dans une si grande abondance de communications l'inégalité des niveaux est inévitable. Comme de surcroît le peu de temps dont disposent d'une part l'orateur et d'autre part les auditeurs, ne permet pas une discussion approfondie, il n'y a en vérité qu'une possibilité informative immédiate faible. Aussi les textes multigraphiés ou imprimés restent-ils le meilleur moyen de connaître les sujets abordés.

    Il reste que le congrès IFLA est une très importante manifestation professionnelle, complexe et diversifiée d'autant plus que le congrès lui-même est précédé ou suivi de nombreuses réunions de groupes ou associations spécialisés (bibliothèques de médecine, de droit, bibliothèques pour aveugles, pour la jeunesse, etc.).

    II - Les réunions de groupes de travail et les discussions :

    Je ne peux parler évidemment que des réunions où j'ai pu être présent et participer aux discussions pour certaines d'entre elles :

    a) il s'est agi d'abord des réunions regardant les bibliothèques universitaires :

    J'ai pu assister à trois de ces réunions ; elles étaient avant tout des exposés de la situation des bibliothèques universitaires et de l'information scientifique au Portugal, en Espagne et en Italie.

    Mme Moura (qui a parlé en français) a dit la pauvreté du système des bibliothèques universitaires et de l'information scientifique et technique au Portugal encore de nos jours. On peut penser que son exposé a été un appel à la communauté européenne en général et à la France en particulier qui pourrait jouer un grand rôle d'appui pour nos amis portugais (sans même y consacrer des moyens très importants).

    Quoiqu'il en soit la situation des bibliothèques universitaires au Portugal n'est pas bonne. Pourquoi ? Mme Moura pense que les universités portugaises ne sont pas assez autonomes et qu'elles ne prennent pas assez en considération leurs services de documentation. Il y a manque d'articulation à tous les niveaux et pas assez d'esprit de coopération entre les bibliothèques et les bibliothécaires : par exemple le prêt inter bibliothèques même s'il se pratique n'est pas encore organisé officiellement ! (il est vrai qu'il n'existe même pas un bureau au Ministère de l'Education nationale portugais pour s'occuper des bibliothèques universitaires !). Pourtant certains signes de changements et d'améliorations apparaissent. L'Association des bibliothécaires portugais qui a une audience certaine a agi surtout à propos de la qualification et de la formation professionnelle.

    Le collègue espagnol (qui a parlé en espagnol et qui remplaçait au pied levé l'orateur prévu) a divisé son exposé en quatre grandes parties : 1) comment en Espagne les bibliothèques d'étude et de recherche sont un appui pour la recherche; 2) comment sont organisées la Bibliothèque nationale et les bibliothèques universitaires espagnoles ; 3) comment se met en place un réseau informatisé espagnol ; 4) comment l'Espagne entend avoir une place dans la communauté européenne et dans le monde hispanisant.

    On peut retenir quelques points principaux de cet exposé :

    a) la structure administrative espagnole est bien différente de la structure française par la place qu'y ont les communautés territoriales (grandes villes, provinces, communautés autonomes).

    b) la Bibliothèque nationale espagnole est la première bibliothèque du pays, et elle est et sera le point central du réseau des bibliothèques consacrées à l'étude et à la recherche.

    c) les systèmes automatisés existent ou se créent : Sabina (système automatisé de la B.N.), C.C.P.E.B.E. (catalogue collectif des périodiques des bibliothèques espagnoles), catalogue collectif des livres anciens.

    d) il existe un programme national de documentation scientifique (on y consacre 200 milliards de dollars en 5 ans) qui s'intéressera :

    • à l'accroissement du nombre, de la qualité, de la diffusion des périodiques scientifiques espagnoles ;
    • au développement des bibliothèques, des musées et des services de documentation ;
    • à l'amélioration de l'organisation de l'information scientifique et technique ;
    • au développement des services documentaires dans tous les secteurs et toutes les sciences ;
    • aux actions de recherche en bibliothéconomie et en information scientifique et technique ;
    • à la coordination de tous ces efforts avec les pays de langue espagnole ou portugaise.

    e) l'informatisation des bibliothèques universitaires espagnoles progresse, un quart d'entre elles seraient automatisées, ainsi que la bibliothèque du C.N.R.S. espagnol.

    Il y a une volonté très affirmée de l'Espagne de prendre sa place dans l'Europe et l'Amérique latine du point de vue des bibliothèques, de l'information scientifique et technique, de la documentation. Il faudra à l'avenir en tenir compte et multiplier les contacts avec les bibliothécaires espagnols.

    l'orateur italien Giovanni Solimine a aussi parlé en français. Son exposé s'intitulait "Automation et coopération en Italie s'agissant des bibliothèques universitaires". Alors que pendant longtemps il n'y a pas eu de coordination entre les bibliothèques universitaires italiennes, qui étaient des micros bibliothèques subsistant dans un cadre réglementaire vague et où les bibliothécaires avaient une formation professionnelle approximative, des progrès récents et importants ont changé la face des choses.

    Certes il n'a pas été possible de regrouper matériellement les petites bibliothèques en unités plus importantes et plus fortes, mais des efforts très grands ont été faits pour instaurer un système coopératif de documentation universitaire, système basé sur un réseau ramifié des ressources informatiques.

    L'automatisation des bibliothèques universitaires italiennes a été marquée par trois étapes :

    • 1) logiciels créés sur place et ne portant que sur quelques fonctions bibliothéconomiques,
    • 2) utilisation de produits commerciaux (en particulier Dobis-Libis),
    • 3) utilisation de systèmes fonctionnant sur micro-ordinateurs : projet C.O.B.U.L. de chez Sperry dans sa nouvelle version C.I.B.A.

    Quoiqu'il en soit depuis 1980 le S.B.N. (service bibliothéconomique national) auquel toutes les bibliothèques peuvent adhérer, prévoit l'organisation et la mise en place d'un réseau de bases locales (sur ordinateurs hétérogènes) reliées entre elles pour constituer le Catalogue Unique (ou catalogue collectif des livres), par le catalogage partagé avec des notices descriptives "uniformisées". Le but final étant bien la coopération des bibliothèques entre elles par l'automatisation.

    Le gouvernement italien espère que ce réseau sera installé dans les trois ans qui viennent. Pourtant le projet S.B.N. fait l'objet de critiques : est-il bien adapté aux besoins des bibliothèques universitaires ? et que deviendra le C.A.M. s'il n'y a pas de listes de référence ?

    A propos des exposés des collègues espagnols et italiens je suis intervenu pour dire qu'à mon avis dans ces deux pays qui sont peu centralisés et administrativement complexes l'institution d'une coopération efficace passe aussi et peutêtre surtout par une formation professionnelle unifiée, cohérente et reconnue par tous.

    Et pour dire d'une façon plus générale que dans une Europe qui se veut en progrès et forte il faut absolument que les inégalités entre les systèmes documentaires des pays du Nord et du Sud de notre continent diminuent. Faute de quoi il n'y aurait pas véritable coopération et esprit communautaire mais prépondérance de certains, alors que d'autres se tourneront vers des pays étrangers au risque d'un asservissement progressif.

    b) Ce furent aussi les réunions de la section des statistiques :

    il y a eu quatre réunions de cette section. Les trois premières ont été extrêmement intéressantes.

    Anthony J. Loveday secrétaire de l'association S.C.O.N.U.L. fit un exposé remarquable de précision et de clarté qui s'intitulait : "Statistics for management and trend analysis : a Sconul experiment".

    C'est surtout parce qu'il y a eu de la part des autorités de tutelle et des responsables financiers, des demandes répétées et pressantes de justification des coûts, dépenses de fonctionnement ou d'investissement que des tableaux statistiques ont dû être mis en place en Angleterre dans les universités et les bibliothèques universitaires (comme dans les autres secteurs d'activité d'ailleurs).

    L'association S.C.O.N.U.L. qui sait (et pour cause) ce que sont les bibliothèques universitaires et qui a une longue expérience de leur fonctionnement a pu étudier et mettre en place des questionnaires et tableaux avec des indicateurs multiples concernant d'une part les dépenses proprement dites et d'autre part les activités bibliothéconomiques. Les données recueillies étant structurées et comparées pour arriver à des ratios significatifs, on peut, surtout lorsque les recueils statistiques portent sur plusieurs années dégager des tendances significatives qui aident aux décisions.

    Tout l'exposé de J. Loveday mériterait d'être cité : pourquoi l'emploi de statis-. tiques comparables, régulières et cohérentes s'est imposé en Angleterre pour les bibliothèques universitaires, comment la chose n'était pas facile à faire étant donné la multiplicité historique et administrative de ces bibliothèques, (elles ont été divisées en neuf catégories différentes), qui a pris la décision de confier une étude par contrat à l'association Sconul (c'est le British Library Research and Development Department). L'orateur nous a dit aussi la façon pratique dont le projet a été étudié (avec l'aide d'un ordinateur bien entendu), les obstacles rencontrés : la "nécessaire" confidentialité de certaines données fut mise en avant par certains, l'attitude défensive et méfiante de beaucoup d'autres. Les données recueillies dans un premier temps furent d'abord financières : elles montrèrent vite aux autorités compétentes combien les moyens dont disposent les bibliothèques universitaires anglaises ne sont pas adaptés depuis quelques années à l'accroissement du nombre des étudiants et à l'inflation des prix de la documentation.

    Depuis trois ans enfin les statistiques proposées par la Sconul portent aussi sur les fonctions bibliothéconomiques et donnent des indicateurs de performance, mais s'agissant des coûts des opérations bibliothéconomiques les études commencent à peine.

    Beryl L. Anderson fut tout aussi claire et précise dans son rapport "Canadian Library statistics : current use and future development".

    Il est intéressant de savoir que c'est une agence centrale ("Statistics Canada" qui a pouvoir et devoir au Canada de définir et de recueillir toutes les statistiques jugées nécessaires dans tous les domaines. Jusqu'en 1980 cette agence s'est intéressée aux bibliothèques universitaires mais depuis cette date elle ne le fait plus faute de crédits ; ce sont les associations de bibliothécaires et les universités elles-mêmes qui ont pris le relais car elles ont pensé que les statistiques sont indispensables pour la bonne gestion et un management positif des bibliothèques (prises de décisions, justifications et transparences des dépenses, niveau des collections). Mais il faut encore comparer ce qui est comparable et ne pas se tromper dans le choix des indicateurs qui se doublent et se superposent). Quoi qu'il en soit les statistiques ne doivent pas seulement être utilisées pour une autoévaluation de chaque bibliothèque. Elles doivent aussi servir sur le plan national à la définition des buts et objectifs du système éducatif, à la constitution de normes et à la constatation de moyennes. Enfin les statistiques au Canada comme ailleurs devraient aussi être étudiées et recueillies pour aider l'Unesco dans sa collecte de données sur le plan mondial. Beryl Anderson termina son exposé par l'annonce de la mise en place au Canada en mars 1987 par "The National Librarian" d'un groupe de travail qui va étudier les développements que pourront prendre les statistiques dans les bibliothèques universitaires pendant les prochaines années.

    Philip Clark, professeur à la St John's University, département des sciences de l'information, est un spécialiste de l'utilisation des ordinateurs dans les bibliothèques. Dans son exposé (appuyé comme celui de A. Loveday par la projection de plusieurs transparents) il nous a montré comment il était possible d'utiliser les logiciels Lotus 1,2,3, Javelin et Reflex pour recueillir de nombreuses données statistiques, dresser des tableaux comparatifs, obtenir des moyennes, des pourcentages, des fréquences etc. pas seulement pour une bibliothèque mais pour tout un réseau d'établissements.

    P. Clark a été en effet confronté lui-même au problème d'avoir à recueillir simultanément les données de 27 bibliothèques ou points documentaires faisant partie d'un même ensemble, (s'agissant en particulier de la gestion financière.)

    A son avis les logiciels Reflex et Javelin sont plus particulièrement intéressants pour les bibliothèques. Ces deux logiciels sont utilisables sur IBM PC ou autres clones. Les mêmes applications devraient aussi pouvoir se faire sur les Macintosh (réponse à une des questions que j'ai faites).

    Une synthèse pragmatique des trois exposés ci-dessus résumés permet de dire:

    D'une part que globalement les bibliothèques universitaires françaises ne sont pas en retard (et peut-être même en avance) par rapport aux autres en ce qui concerne l'établissement et le recueil des statistiques.

    En effet, l'orientation prise depuis la réunion organisée par l' A.U.P.E.L.F. à la Bibliothèque de l'Université de Nice a porté ses fruits puisqu'il existe chez nous des tableaux de bord financiers et bibliothéconomiques qui sont les mêmes pour toutes les bibliothèques universitaires et qui comportent un certain nombre d'indicateurs dynamiques peu usités semble-t-il ailleurs.

    D'autre part qu'il faut continuer à améliorer, à affiner et à alléger notre outil statistique. Nous pourrions alors montrer dans une réunion de l'IFLA (mais dans une session de la division Bibliothèque Universitaire et non pas dans la section statistique) ou dans d'autres réunions internationales ce que nous faisons et les progrès que nous envisageons. Toutefois l'utilisation finale des résultats des tableaux de bord n'est pas encore assez étendue dans le temps pour être correctement appréciée et par ailleurs nous ne savons pas comment et combien de bibliothèques universitaires françaises se servent d'un micro-ordinateur pour les tableaux de bord.

    Pour en terminer avec les réunions de la section statistiques, il faut dire que le quatrième exposé, le texte diffusé le prouve, avait un moindre intérêt. Il montre que l'Unesco n'a pas réussi à obtenir des réponses satisfaisantes de tous les pays à son questionnaire. Le recueil de données statistiques égales et comparables partout est un idéal qui n'est pas proche.

    c) J'ai pu assister et prendre aussi la parole dans d'autres sections ou groupe de travail :

    1) dès le lundi après-midi il a été intéressant pour le membre du C.O.R.I. que je suis d'assister à la réunion d'information générale sur l'organisation du congrès I.F.L.A., les problèmes rencontrés et les solutions trouvées. Il faut savoir qu'il y a eu pour Brighton à prévoir jusqu'à 21 réunions chaque jour (ce chiffre avancé par l'orateur me semble bas) et que pour Sydney et Paris l'équipe dirigeante I.F.L.A. souhaite des réunions sur des sujets regroupant divisions ou sections. En tout état de cause il faudra éliminer les communications qui se recoupent.

    Autres remarques dites dans mes interventions ou conversations avec les orateurs ou notées au passage.

    • le questionnaire d'évaluation du congrès I.F.L.A. qui a été distribué à chaque participant semble avoir été rédigé hâtivement. Il est difficile d'y répondre sereinement et sans commentaires et les résultats seront-ils véritablement exploitables et exploités ?
    • Il est à noter que le thème de la conférence annuelle est proposé par l'association qui reçoit et que ce thème doit être choisi "pour faire avancer la bibliothèconomie dans le pays hôte". Cette intention affichée est-elle toujours véritable ?
    • Le problème de la fourniture des documents aux congressistes (communications imprimées dans la langue de leur préférence) est encore et toujours difficile à résoudre. Cela a été assez bien fait à Brighton mais grâce à une solution chère (sponsorisée heureusement).
    • S'agissant de la traduction simultanée, l'I.F.L.A. proposera désormais une partie de la journée deux traductions en anglais et en français (et inversement), en plus des séances où les cinq langues de travail sont permises mais le nombre de celles-ci sera peut-être réduit.

    2) le mardi matin les deux exposés sur la recherche en bibliothèconomie, ont été bien instructifs.

    Même si aux U.S.A. et au Royaume-Uni cette recherche a lieu dans le cadre des associations, il est intéressant de noter

    que dans ces deux pays les chercheurs en information scientifique et technique se plaignent de l'indifférence du gouvernement et de l'opinion à leur égard. D'où des résultats sporadiques et sur des petits projets seulement. Pourquoi donc n'atteint-on pas un niveau plus élevé et un public plus large ?

    D'après notre collègue américain, il y a quatre sortes de raisons à cela :

    1) il n'y a pas réellement autonomie du chercheur et liberté pour lui de choisir son sujet. Le jugement collectif (de l'association) sur l'intérêt de telle ou telle recherche n'est pas celui du chercheur, au mieux il y a compromis,

    2) le financement de la recherche en bibliothéconomie est difficile. Quand l'association est consultée par le gouvernement sur ses besoins elle n'est pas équitable (la promotion de la recherche reçoit moins de 1 % des crédits de fonctionnement de l'association),

    3) il est difficile d'avoir une forte motivation pour la recherche alors que les objectifs de l'association privilégient la promotion extérieure,

    4) le chercheur a un objectif, faire connaître ses travaux, alors que le prestige et l'influence d'une association sont ailleurs.

    D'après notre collègue anglais la recherche en bibliothéconomie a parfois des aspects inquiétants. Elle estpÓurceftains un simple exercice de style ou le reflet d'un intérêt personnel passager. Pour d'autres elle n'est en réalité qu'une simple compilation après une bibliographie plus ou moins poussée.

    Il est certain en tout cas que les utilisateurs finals de nos bibliothèques ne contribuent en rien au choix des études et recherches qui sont (ou pourraient être) faites dans leur intérêt. D'autre part en bibliothéconomie comme ailleurs en matière de recherche beaucoup commettent les mêmes erreurs en pensant que un peu c'est mieux que rien et que la quantité c'est bien (or nous le savons pourtant une étude rapide et abondante est "sale", elle est donc trompeuse). Au total y a-t-il un public potentiel qui assurera une diffusion satisfaisante des résultats des recherches en sciences de l'information ? Non car pour cela il faudrait que la recherche soit immédiatement utile ce qui n'est pas souvent le cas.

    3) le mercredi après-midi, j'ai pu assister aux exposés "Education and Training II" et notamment écouter B. Dankert de l'Ecole supérieure de formation professionnelle des bibliothécaires de Hambourg.

    Pour elle la formation professionnelle à venir doit s'orienter encore et toujours plus sur les besoins des lecteurs, or ceux-ci changent. Les nouvelles technologies et l'existence des bases de données font que le niveau scientifique des bibliothèques croît de plus en plus et que les bibliothécaires deviennent des techniciens et des scientifiques. Aussi dans les écoles professionnelles les enseignements de base doivent-ils s'adapter à ces nouvelles conditions : désormais le sa-voir-faire bibliothéconomique ce n'est pas seulement la transmission de l'information mais aussi sa structuration. Il faut remarquer qu'en R.F.A. il y a dans la plupart des cas une grande différence entre la formation professionnelle pour les bibliothèques universitaires et celle pour les bibliothèques publiques (sauf à Hambourg précisement). Dans beaucoup de pays les bibliothécaires des bibliothèques universitaires sont considérés comme d'un niveau supérieur à celui de leurs collègues des autres bibliothèques parce que leurs usagers ont des demandes plus élaborées, plus approfondies.

    Quoiqu'il en soit, nous ne pouvons pas être compétent sur tout. Idéalement nous voudrions ne rien perdre de notre formation traditionnelle et acquérir en plus une formation technique d'un niveau élevé dans le domaine de l'automatisation, de l'informatique, des bases de données. Dès rnaintertant'celan'est plus possibleet dans une grande bibliothèque il faudra bientôt avoir des équipes composées de spécialistes différents.

    Conclusion :

    Il est vraiment dommage que si peu de bibliothécaires français soient venus à Brighton.

    La complexité de l'organisation du congrès, la trop grande brièveté de nombreux exposés ne doivent pas masquer l'intérêt global du congrès I.F.L.A., il y a beaucoup à y apprendre et beaucoup à y dire.

    Les contacts avec les collègues étrangers sont révélateurs, enrichissants. Ils nous montrent combien il nous reste à faire pour atteindre un bon niveau dans nos bibliothèques. La comparaison par exemple avec l'organisation efficace, progressive et discrète des bibliothèques universitaires hollandaises bien automatisées et organisées en réseau donne à réfléchir.

    Il faut donc participer et apprendre pour mieux faire.