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    Presse et bibliothèques

    Par Françoise BONY

    Seule journaliste à participer à cette table ronde, je voudrais vous faire part de quelques réflexions sur les rapports presse et bibliothèques, à la lumière du travail que j'effectue à Livres Hebdo. Brièvement, car travailler à Livres H ebdo oblige à faire court et une table ronde n'étant pas une conférence, je souhaiterais davantage répondre à vos questions.

    Voilà plus de 10 ans que je tiens la rubrique «Bibliothèques» et si les premières années j'ai eu quelques difficultés à faire admettre aux bibliothécaires qu'ils faisaient partie, au même titre que les éditeurs et les libraires, de la chaîne du livre et par conséquent devaient participer à la vie du journal, le message est désormais bien reçu et personne aujourd'hui ne rechigne - bien au contraire - à me communiquer des informations.

    Qu'en est-il de vos relations avec les autres organes de presse ?

    En 1981, à la suite du congrès de Monaco, j'écrivais : «La presse boude les bibliothèques. Quant aux bibliothécaires, ils ne gardent généralement de leurs quelques expériences avec la presse qu'un bien mauvais souvenir : déclarations falsifiées, erreurs d'interprétation, statistiques fausses, etc.»

    Je posais alors deux questions. La première était : les bibliothécaires sont-ils vraiment convaincus qu'ils ont tout à gagner à se faire mieux connaître ? La seconde : est-ce qu'ils sollicitent régulièrement les moyens d'information et de quelle manière ?

    Sur le premier point, il semble que je puisse - à leur place - répondre affirmativement. Les bibliothécaires souhaitent aujourd'hui être reconnus. Ils savent l'importance, pour leur image de marque auprès des élus et des usagers, d'une presse, caisse de résonance de leurs activités.

    En ce qui concerne la seconde question, ma réponse est plus nuancée. Je ne suis pas sûre que les bibliothécaires fassent tous les efforts nécessaires pour que la presse, encore trop timide à leur égard, s'intéresse à eux. Est-ce aux associations professionnelles de la mieux informer ?

    L'ABF, par exemple, a-t-elle envoyé un communiqué à la presse pour lui faire part de la tenue de cette manifestation ? Des journalistes ont-ils été invités à y participer ?

    Ce n'est pas seulement à l'ABF de régler les relations avec la presse comme l'a dit hier la Présidente. Les bibliothécaires, à la base, sont les mieux placés pour entretenir des rapports réguliers avec les journalistes. Rien ne remplace les contacts personnels et les occasions sont nombreuses pour les provoquer. Que de nouveaux établissements aujourd'hui qui pourraient faire l'objet de reportages ! Que de journées d'étude organisées régionalement qui sont le moyen d'attirer l'attention des médias sur tel ou tel aspect du travail des bibliothécaires !

    Cela m'amène à insister sur un point : la communication avec les journalistes. Ceux-ci, vous le savez, sont très sollicités et comme ils ont peu de place, ils doivent faire des choix dans les événements à couvrir, bien entendu en fonction de leur importance, mais aussi souvent en fonction de l'accueil qui leur est réservé. Aidez-les à organiser leur déplacement. S'ils viennent par un train, ne leur dites pas : «La bibliothèque est à dix minutes de la gare». Venez les chercher. S'ils viennent en voiture, faites-leur un plan. Les bibliothèques sont souvent très mal signalées dans les villes.

    Sachez aussi leur réserver des contacts avec des personnalités locales. Qu'ils puissent rencontrer le maire, son adjoint à la culture, sera un réel enrichissement pour leur article.

    Autre élément important : préparez-leur une documentation de base sur la bibliothèque, avec à l'appui chiffres de fréquentation, photographies. N'oubliez jamais les photographies. Un reporter débordé, qui n'a pas le temps de faire un long article, trouvera au moins le moyen de publier rapidement une photo légendée.

    Des bibliothèques organisent aujourd'hui, depuis Paris, des déplacements en groupe de journalistes, avec prise en charge des frais de voyage. Des initiatives dont vous pourrez tirer les leçons (impact, coût, etc.) auprès de trois bibliothèques qui ont récemment agi ainsi. La Maison du Livre de Villeurbanne, pour une rencontre avec l'architecte Mario Botta ; la BM d'Angers, pour l'anniversaire de son installation, il y a dix ans, dans un nouveau bâtiment ; la BCP de l'Ardèche pour l'exposition «Eloge du papier», organisée en coopération avec la Chambre de commerce d'Annonay et les papeteries Canson et Montgolfier.

    Je crois que les bibliothèques ont tout intérêt à s'ouvrir ainsi sur le monde. Je dis cela parce que j'entends trop souvent les bibliothécaires dirent que leur profession est méconnue, surtout des autres professionnels : libraires, éditeurs, journalistes.

    Au Salon du Livre, lors du débat sur le thème : «Revues et bibliothèques», organisé par le Syndicat de la presse culturelle et scientifique, pour France Culture, avec la participation de Françoise Dan-set, de Michel Melot, quelle n'a pas été la surprise des éditeurs des revues présentes de constater que les bibliothécaires faisaient autre chose que de classer purement et simplement les revues mais signalaient des articles, montaient des dossiers... Du coup, Roger Vrigny, qui animait l'émission, a promis dix minutes d'antenne régulière aux bibliothèques. Toujours au Salon du livre, des journalistes de Livres Hebdo couvrant les «Entretiens» et qui ont peu de contacts directs avec les bibliothécaires, sont revenus tout surpris de voir avec quelle passion ceux-ci parlaient de leurs activités. Depuis ils ont envie à leur tour de faire des «papiers» sur les bibliothèques. La chronique «Bibliothèques» va sûrement faire des petits...

    On m'a posé la question suivante. «Est-ce que les éditeurs et les libraires lisent la rubrique «bibliothèques» de Livres Hebdo ? Je réponds oui, mais sans doute irrégulièrement. Peut-être faudrait-il que la rubrique fasse davantage de place aux contacts avec l'interprofession et que les bibliothécaires montrent ainsi qu'ils se préoccupent de la chaîne du livre.

    Je vous remercie de votre attention et de votre fidélité à Livres Hebdo.