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Le vidéodisque "Images de La Révolution française"

1988

    Le vidéodisque "Images de La Révolution française"

    Par Denis BRUCKMANN, responsable du vidéodisque Révolution française, conservateur au Département des Estampes et de la Photographie

    L'initiative

    C'est à Michel Melot, alors directeur du Département des Estampes qu'on doit d'avoir, dès 1982, lancé l'idée de transférer sur un support optique l'ensemble des fonds révolutionnaires de la Bibliothèque nationale. Laure Beaumont-Maillet, qui prend sa suite, en 1983, reprend le projet et donne à ce qui n'était qu'une idée un contenu précis et des orientations techniques viables. Dans l'esprit de Laure Beaumont-Maillet, comme dans celui de son prédécesseur, il s'agit moins de commémorer le Bicentenaire que de fournir un instrument indispensable à sa préparation : en effet, les fonds révolutionnaires de la Bibliothèque nationale sont une source d'information indispensable pour l'histoire de la période. Mais ils sont insuffisamment catalogués, exagérément dispersés, éclatés, et tous ceux qui dans le cadre de la célébration du bicentenaire feront appel pour des publications, des expositions, des spectacles, aux fonds de la B ibliothè-que nationale, auraient besoin d'un accès simple et efficace à l'ensemble des fonds. Dès la fin de 1985, le projet est prêt dans ses grandes lignes mais son financement ne parvient pas à être réuni.

    Une alliance avec le secteur privé

    Peu à peu, s'enclenchent les multiples projets de célébration du Bicentenaire. M. Robert Maxwell, personnage clef du monde de l'édition, de la presse et de la communicationmondiales,etfrancophile passionné, décide par le biais de sa maison d'édition Pergamon Press, de lancer, sans aucune visée lucrative, un immense projet d'édition sur les archives de la Révolution française : le recensement et la publication sur microfiches de toutes les sources écrites et les bibliographies de la Révolution française : un million de pages, rassemblées en grands chapitres, dont la sélection, l'organisation et le commentaire seront confiés aux meilleurs spécialistes de la discipline. En France, malgré un effort financier important de l'Etat, et de multiples initiatives des milieux universitaires, aucun projet de la même ampleur ne voit le jour... et le projet britannique parvient à se rallier les plus grands spécialistes français de la période révolutionnaire : MM. Vovelle, Furet, Godineau, Bertaud et bien d'autres. «Les Archives de la Révolution française» doivent contenir une importante section iconographique : les microfiches de Pergamon Press et le vidéodisque de la Bibliothèque nationale se trouvent de fait dans une situation de concurrence. Très vite, la raison l'emporte, et Pergamon Press et la Bibliothèque nationale préfèrent unir leurs efforts sur un même objectif. En échange d'un financement important pour le vidéodisque, la Bibliothèque nationale collaborera étroitement à la réalisation des «Archives de la Révolution française» dont elle détient une large part des documents de base. Le vidéodisque sera joint à l'édition sur microfiches des sources écrites et pourra faire l'objet d'une diffusion séparée. Le mariage est consommé à l'été 1987 dans le cadre d'une convention entre l'entreprise et l'établissement public. Au cours de l'année 1988, cette union est encore renforcée par des aides financières du Ministère de la Culture, de la Mission du Bicentenaire de la Révolution française et par un appui bienveillant du Président de la République, M. François Mitter-rand qui veut bien accorder au projet son Haut Patronage.

    Les principales orientations de contenu

    L'élaboration du projet, dans les deux années 1984-1985, avait dû régler quelques questions de fonds qu'on ne manque pas aujourd 'hui encore de nous poser : pourquoi par exemple s'être limité aux collections de la Bibliothèque nationale et ne pas avoir, pour l'occasion, tenté un recensement national de l'iconographie révolutionnaire ? Une telle ambition aurait certes pu être la nôtre. Les quelques contacts noués à ce sujet ont montré que, si les collections des autres établissements auraient pu être incluses dans le vidéodisque au prix d'efforts supplémentaires, les conditions de diffusion, de reversement de droits et de royalties auraient conduit à un maquis de conventions suffisamment inextricable pour compromettre la réalisation du projet. Autre question fondamentale : à quelles dates limiter le recensement ? Fallait-il y adjoindre par exemple comme certains le souhaitaient, le Consulat, l'Empire ? C'est finalement la période 1789-1799 qui a été choisie parce qu'elle semblait la plus communément admise par les historiens spécialistes. L'élaboration d'un tel projet ne pouvait pas ne pas se heurter également à une double tentation : celle de l'exhaustivité et celle de la sélection. L'exhaustivité recueillait les suffrages des scientifiques qui auraient souhaité voir réunie pêle mêle toute la production iconographique de la période révolutionnaire, y compris les images sans rapport direct avec la Révolution elle-même (l'illustration littéraire par exemple, ou l'imagerie religieuse). La sélection présentait l'avantage d'être plus attrayante pour le grand public, de lui offrir le meilleur de l'imagerie, sans répétition prompte à le lasser, et de faciliter grandement la réalisation du vidéodisque. Aucun des deux partis n'a été retenu : le recensement entrepris s'est fixé une ambition certes moyenne mais déjà d'une ampleur considérable : se limiter aux documents directement en rapport avec la Révolution (globalement les documents «historiques») sans céder aux facilités de l'anthologie ou du condensé : on trouvera donc dans ce vidéodisque tous les documents de l'iconographie révolutionnaire même si pour beaucoup d'entre eux, dessinateurs, graveurs et éditeurs se sont largement inspirés les uns les autres. Enfin, il fallait régler la délicate question de la multiplicité des exemplaires et des états pour chaque document : il a semblé de peu d'intérêt de faire figurer pour chaque pièce toutes ses variantes : priorité a été systématiquement donné à l'état le plus abouti, et au meilleur tirage à moins que n'interviennent des modifications propres à transformer la signification ou la présentation du document. Les exemplaires non retenus sont cependant signalés dans les notices catalographiques.

    Les choix techniques

    Le vidéodisque Images de la Révolution Française n'a rien d'une expérimentation en laboratoire. Ses innombrables contraintes budgétaires et organisationnelles, son objectif éditorial, son calendrier très bref et incompressible ont souvent imposé des solutions là où les choix pouvaientparaître très ouverts, tant pour la reproduction des images que pour la base de données qui les accompagne. Les exemples pourraient être multipliés. Le désir de la Bibliothèque nationale et de Pergamon Press de diffuser à une large échelle cette banque d'images interdisaient le recours à toute technologie encore expérimentale ou dont l'utilisation requiert des équipements non standards ou trop peu répandus. C'est ainsi que se sont trouvées d'emblée écartées des solutions technologiques intéressantes mais inadaptées à cette visée éditoriale : les disques optiques numériques par exemple, pour la reproduction des images, ou le CD-ROM - encore trop peu répandus - pour les notices du catalogue, ou encore la diffusion - télématique - lourde, coûteuse pour l'utilisateur et paradoxale pour une base de données qui ne connaîtra aucune mise àjour. Il en va de même pour les contraintes de production : inenvisageable était toute opération de transfert direct sur film ou sur vidéo, les documents de tous formats se trouvant dispersés dans d'innombrables reliures qu'il aurait fallu ouvrir et réouvrir sans cesse pour organiser les images sur le disque. Inenvisageable également une campagne photographique sur ekta-chromes grand format, assurément de meilleure qualité que les diapositives 24 x 36, mais qu'il aurait fallu plusieurs années pour réaliser.

    C'est ainsi que peu ou prou ce sont les contraintes internes au projet qui ont guidé tous les choix techniques : pour la création du vidéodisque, une campagne photographique sur diapositives couleur. Les images plein cadre du document dans sa totalité ne suffisant pas à en permettre une parfaite lisibilité vidéo - comme le montrèrent des tests approfondis - il a été souvent nécessaire de faire plusieurs photographies du même document. Gérées par ordinateur, les diapositives ont été classées, organisées en chapitres, puis transférées une par une au banc-titre vidéo, simultanément en PAL (le standard européen de télévision) et NTSC (le standard américain et japonais).

    Pour le catalogue des images, le vidéodisque Images de la Révolution Française a bénéficié de toutes les expériences acquises en matière de catalogage informatisé d'images, au sein du Département des Estampes (1) : même système descriptif - une adaptation de l'ISBD - même format (Intermarc) - même vocabulaire d'indexation matière - une adaptation du système RAMEAU. L'ensemble des données sont stockées sur l'ordinateur de la Bibliothèque nationale, mais seront diffusées soit sur papier soit par le biais d'un programme utilisable sur micro-ordinateur. Là encore c'est le standard dominant, IBM, qui a été choisi pour que la plupart des utilisateurs n'aient pas à renouveler leur équipement.

    Les diverses utilisations possibles

    Notre première préoccupation a été de permettre à des utilisateurs appartenant à des domaines très différents - le grand public, l'université, l'enseignement secondaire, l'histoire de l'art, etc. - et très inégalement équipés, de pouvoir utiliser le vidéodisque dans une interactivité très ouverte.

    Entièrement structuré, chapitré, le vidéodisque contient sommaires et intercalaires d'information. Il peut donc être utilisé sans aucun document annexe : l'accès à la Fuite de Varennes, à la Fête de la Fédération ou aux portraits de Marat ne nécessite que quelques manipulations simples de la télécommande fournie avec le vidéolecteur.

    L'utilisateur plus érudit ou plus curieux peut quant à lui utiliser le catalogue des images, fournis en trois volumes très compacts. En parcourant le vidéodisque, il peut se rapporter au catalogue qui lui donnera l'auteur, l'éditeur, la date, la technique, le format, le sujet, etc. du document qu'il a sous les yeux. Il peut également, à l'inverse, commencer par parcourir les index du catalogue, y chercher un auteur, un sujet, un type de document, par exemple cartes à jouer, et appeler, toujours par la télécommande, les images pertinentes.

    Enfin, l'utilisateur équipé d'un microordinateur compatible IBM/AT disposant d'un disque dur peut y charger les données et un programme interactif ne nécessitant aucune connaissance préalable de l'informatique. Ce programme qui pilote automatiquement le vidéolecteur permet de retrouver les accès permis par la télécommande : la libre circulation dans le disque, ou l'accès par chapitres. Il permet également une recherche documentaire plus approfondie : les croisements entre index plus nombreux (un auteur et un sujet, deux sujets, une ville d'édition et une date, etc.). Enfin, il met à la portée de chacun des ressources propres à une banque d'images de haute technologie : la possibilité de stocker dans un espace réservé ses images préférées, de commenter les documents dans des zones personnalisées, ou de créer des sélections d'images. Ces sélections ont un double intérêt : pour le chercheur, elles permettent de créer un fichier de travail ou d'étude ; pour le responsable d'établissement, elles peuvent devenir de véritables diaporamas mettant à la disposition du public des anthologies des images les plus séduisantes.

    Un pari audacieux

    En cette année de la commémoration du Bicentenaire, il était un peu du devoir de la Bibliothèque nationale de rendre au public une consultation libre et simple de l'ensemble des documents révolutionnaires dont la collectivité lui a confié la garde.

    Elle a mis à remplir ce devoir beaucoup d'énergie et a tenté de faire au mieux en l'état de la technologie. Mais ce devoir représente également un pari audacieux, en terme d'investissement financier. Ce vidéodisque sera diffusé internationale-ment, à un prix très raisonnable. De l'accueil fait par tous les publics à ce premier vidéodisque dépendra largement l'avenir de la diffusion des banques d'images conçues par la Bibliothèque nationale.

    Les sources des documents :

    • Département des Estampes et de la Photographie :
      • Collections historiques (Hennin, De Vinck, Qbl, Smith-Lesouef)
      • Portraits, imagerie, oeuvres d'artistes, etc.
    • Département des Imprimés :
      • Illustrations d'ouvrages, almanachs, périodiques
      • Fonds commun et fonds de la Réserve.
    • Département des Monnaies, Médailles et Antiques
      • Intégralité des monnaies, médailles, sélection d'assignats et d'objets de l'époque.
    • Département des Manuscrits : Dessins et objets.
    • Département des Cartes et Plans.
    • Département de l'Arsenal.
    • Département des Arts du Spectacle.

    Les chapitres du vidéodisque :

    Les événements de la Révolution :

    Les prémices

    Les grandes journées révolutionnaires

    L'abolition des privilèges

    La religion

    Le roi et la famille royale

    Actes constitutionnels et débats législatifs

    Rivalités politiques et antagonismes sociaux

    La politique au quotidien

    La France en guerre - L'Europe

    Aspects culturels et artistiques :

    Allégories et symboles

    Les héros

    Fêtes et célébrations

    Architecture

    Arts décoratifs, Jeux et loisirs

    Archives et documents :

    Portraits -Costumes

    Documents administratifs

    Cartes et plans

    Paris révolutionnaire

    Monnaies - Médailles

    Commémorations et célébrations de la révolution :

    1880 : le 14 juillet devient fête nationale

    Les commémorations du XIXe siècle

    Les commémorations du XXe siècle

    La Révolution dans les polémiques politiques du XIXe siècle

    La ridiculisation de la Révolution

    Le rappel de ses excès et de ses acquis

    La France à la fin du XVIIIe siècle

    Paysages de la France,

    Principaux événements politiques du règne de Louis XVI jusqu'à la Révolution,

    Les événements d'Amérique vus de France; les moeurs, les arts, les sciences.

    Les fonds révolutionnaires de la B.N. et le vidéodisque :

    Reportage sur la réalisation du vidéodisque.

    Le Vidéodisque Images de la Révolution française en chiffres :

    13000 estampes, 3000 dessins, 2000 monnaies, médailles et objets, 18000 documents transférés en 40 000 images soit :

    13500 notices bibliographiques.

    • Montant du budget : 5 MF.
    • Equipe de réalisation :

    3 conservateurs, 2 bibliothécaires adjointes, 7 documentalistes.

    • Campagne photographique : 20000 supports utilisés.

    Spécifications techniques :

    Le vidéodisque :

    Vidéodisque interactif Laservision PAL ou NTSC, couleur.

    Matériels nécessaires :

    • lecteur professionnel de vidéodisque Laservision PAL ou NTSC ou lecteur de compact dise vidéo susceptible de lire de l'image fixe.
    • Téléviseurs ou moniteur PAL/SECAM ou NTSC équipé d'une prise péri-télévision.

    Le logiciel :

    Turbo-thésaurus (société PUSS)

    Volume de la base : environ 40 Mégaoctets

    Matériel nécessaire :

    • Micro-ordinateur compatible XT/AT, mémoire vive de 640 Ko, sortie série (RS 232).

    La base de données est livrée sur disquettes de 1,2 Mo

    Le catalogue papier :

    3 volumes sous emboîtage carton.

    Historique des collections. Dictionnaire des sujets. 13500 notices bibliographiques. Index multiples.

    (Pour toute information : 47.03.80.55 Révolution française).

    1. Voir la base de données du Département des Estampes et la Photographie - Bulletin d'informations de l'ABF n° 113 (4e trimestre 1986) retour au texte