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Les collections slaves dans les bibliothèques et les centres de documentation en France

1989

    Les collections slaves dans les bibliothèques et les centres de documentation en France

    Par Françoise de Bonnlères, conservateur Ecole des des langues orientales
    Cet article est une actualisation du texte de M. Armand et F. de Bannières, publié sous le même titre dans les Proceedings of the first international conférence ofSlavic librarians & information specialists...-N.Y, Russica publ., 1982. Sur le même sujet, l'on pourra consulter avec avantage le dossier publié dans la Lettre de l'Association de la B.D.I.C.

    D eux remarques préliminaires peuvent s'imposer lorsqu'on évoque les bibliothèques et les centres de documentation français consacrés totalement ou partiellement à l'U.R.S.S. et à l'Europe de l'Est. Tout d'abord, nous avons affaire à une situation très centralisée : tout est concentré à Paris ou en région parisienne, avec cependant à une certaine époque une tendance à la création de centres de documentation dans les universités de province (Aix-Marseille, Bordeaux, Grenoble, Strasbourg...). En second lieu, il faut noter la nature des collections, à l'origine axées davantage sur les disciplines "classiques" traditionnelles : philologie, littérature culturelle et intellectuelle... Dans bien des cas, ces fonds se sont progressivement élargis aux sciences sociales avec le développement de ces dernières depuis une vingtaine d'années. Nous mentionnerons les établissements les plus importants et les plus significatifs, en nous réservant la liberté d'évoquer un peu plus longuement la Bibliothèque de l'Ecole des langues orientales, qui nous est familière.

    Tout d'abord, une place particulière doit être réservée à l'Institut d'études slaves (9 rue Michelet - 75006 PARIS, tél. 43.26.50.89), créé en 1919, avec l'aide des nouveaux Etats, Tchécoslovaquie, Yougoslovie, Pologne..., reconnaissants de l'attitude de la France pendant la première guerre mondiale.

    Originellement orienté vers la recherche et la documentation, cet institut est associé à une unité mixte du C.N.R.S. et de Paris IV, appelée depuis 1986 "Institut du monde soviétique et de l'Europe centrale et orientale" (IMSECO). Il coordonne la recherche et les études slaves au niveau national, diffuse l'information, organise des colloques. Il a une activité éditrice importante, publie la Revue des études slaves, et diverses monographies et manuels à l'intérieur de grandes collections. L'Institut dispose d'une bonne bibliothèque, de caractère essentiellement philologique, et qui s'enrichit de volumes reçus en échange de ses publications, largement diffusées à l'étranger. La collection comporte environ 80.000 titres, dont 32.000 pour le domaine russe.

    La Bibliothèque nationale ne saurait être comptée au nombre des bibliothèques spécialisées, cependant une évocation des collections slaves en France serait incomplète si l'on ne mentionnait pas son Service slave (2 rue Vivienne - 75084 PARIS Cedex 02, tél. 47.03.87.58), qui possède diverses sections, russe, polonaise, etc... Il faut préciser que des fonds dans ces langues existaient à la Bibliothèque nationale avant la création du Service slave vers 1950 (situation analogue à celle de la Bodléienne à Oxford par exemple). La Section russe abrite le catalogue collectif des ouvrages des bibliothèques parisiennes, depuis les origines jusqu'à 1960 ; c'est le catalogue dit Rockfeller, entrepris à l'aide de fonds accordés par la Fondation Rockfeller, et qui compte environ 120.000 fiches. La collection russe de la Bibliothèque nationale comprend plus de 120.000 volumes et environ 250 périodiques. Son profil est très classique : langue et littérature, archéologie, art, histoire... Le Service s'efforce d'acquérir des ouvrages rares et précieux, et a réussi à réunir ces derniers temps un beau fonds d'avant-garde russe. Il ne faut pas oublier de signaler la présence de documents russes dans d'autres départements que la Section russe : départements de la Musique, des Cartes et Plans, des Estampes, des Monnaies et Médailles. La Section polonaise est la plus importante après la Section russe : elle a de bons fonds concernant la civilisation et la littérature polonaises, notamment pour les XVIe et XIXe siècles, soit environ 18.000 volumes, 130 périodiques. Mentionnons encore l'existence des Sections tchécoslovaque, yougoslave et bulgare.

    La Bibliothèque de l'Ecole des langues orientales (4 rue de Lille - 75007 PARIS, tél. 42.61.62.03) a pour fonction première de desservir l'Institut de ce nom créé par le décret du 10 germinal An III, 30 mars 1795. La Bibliothèque n'a commencé à prendre un réel développement que dans le dernier tiers du XIXe siècle, grâce à l'action du directeur de l'Ecole Ch. Schefer et du bibliothécaire A. Carrière.

    Depuis 1978, elle a le statut de bibliothèque inter-universitaire, desservant trois universités co-contractantes : Paris III, Paris VII et Paris VIII, avec rattachement à Paris III-Sorbonne nouvelle. Dans son état actuel, la Bibliothèque s'articule autour d'un tronc commun de "généralités", qui couvre littérature, histoire et civilisation des pays dont les langues sont enseignées à l'Ecole. A côté de ce fonds général se développent divers fonds spécialisés, regroupant les ouvrages écrits dans ces langues : fonds chinois, japonais, arabe, hébraïque, slave... Dans le Département slave, le fonds russe est le plus important et le plus anciennement constitué, à partir de 1870 environ. Les fonds correspondant aux autres langues slaves se sont ébauchés à partir de 1921, à mesure de la création des chaires de langue polonaise, serbo-croate, tchèque, bulgare... Le nombre total des volumes de la bibliothèque étant évalué à plus d'un demi-million, une estimation d'après le classement en rayons a donné pour le fonds russe un chiffre de 80.000 volumes ; pour les autres langues slaves prises ensemble, il s'agirait d'environ 65.000 volumes. L'orientation traditionnelle des acquisitions est maintenue : langue, littérature, histoire (à l'exception de l'histoire très contemporaine qui intéresse surtout la B.D.I.C.), ethnographie, folklore. La Bibliothèque essaie d'acquérir les principaux ouvrages anglo-saxons consacrés à l'U.R.S.S. et à l'Europe orientale. Il est assez naturel de mentionner ces collections après celles de la Bibliothèque nationale, car elles ont à peu près la même orientation ; les lacunes des fonds ne sont pas tout à fait les mêmes, si bien qu'ils se complètent assez heureusement.

    La Bibliothèque centrale de la Sorbonne (17 rue de la Sorbonne - 75005 PARIS, Tél. 40.46.30.55) possède également un Service russe avec de bonnes collections, environ 20.000 volumes, dans les mêmes domaines traditionnels que les deux établissements précédents : langue, littérature, histoire, archéologie. Se rattache encore à l'Université de Paris la Bibliothèque universitaire du Grand Palais (Université de Paris-Sorbonne, Paris IV, Grand Palais, Perron Alexandre III, Cours la Reine - 75008 PARIS, Tél. 42.25.96.40), créée vers 1964, et déjà riche de 26.000 volumes.

    La Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (Centre Universitaire, 2 allée de l'Université-92001 NANTERRE Cedex, Tél. 47.21.40.22) a été créée sur une initiative privée en 1914. Elle s'est d'abord appelée Bibliothèque du Musée de la guerre, et se trouvait à Vincennes. Elle avait pour but de réunir tous les documents se rapportant à la première guerre mondiale, et a naturellement continué cette activité après la seconde guerre. Elle possède une documentation exceptionnelle sur les relations internationales, et une très bonne collection concernant l'Europe de l'Est et l'U.R.S.S. dans le domaine de l'histoire et des sciences sociales : plus d'un demi-million de volumes, la masse totale des collections de la Bibliothèque dépassant le million. Les publications des partis révolutionnaires russes(SR, SD, KD, Bund juif...) sont très bien représentées, de même que les publications de l'émigration. C'est une bibliothèque d'une extrême importance pour tout ce qui est de l'histoire et de la politique contemporaines. Dans le Service polonais, l'on peut noter que la documentation relative au syndicat Solidarité est rassemblée avec un soin tout particulier. L'on peut encore mentionner quelques autres bibliothèques qui possèdent des fonds russes. Extérieures à l'Université, elles ont une certaine importance historique, mais risquent actuellement d'être considérées comme des établissements un peu secondaires, ayant sans doute un moindre public, et de moindres moyens financiers pour continuer leur activité.

    La Bibliothèque slave (15 rue de Porto-Riche - 92190 MEUDON, Tél. 46.26.13.38) a été créée vers 1850 par le prince russe I.S. Gagarin, converti au catholicisme et entré dans la Compagnie de Jésus. Il s'est agi à l'origine de sa bibliothèque personnelle. Les premiers documents concernent les relations entre orthodoxes et catholiques. La collection, environ 50.000 volumes, s'est étendue plus tard à l'histoire de l'Eglise, aux sciences religieuses, à l'histoire. Un fonds d'archives, qui commence à être étudié, conserve les correspondances des directeurs successifs avec diverses personnalités historiques et littéraires. Il est assez naturel d'évoquer également ici la Bibliothèque de l'Institut de théologie orthodoxe (93 rue de Crimée - 75019 PARIS, Tél. 42.08.12.93.), riche de 23.000 volumes, dont 75 % en russe, sur la théologie, la philosophie, l'histoire de l'Eglise orthodoxe.

    La Bibliothèque russe Tourguenev (11 rue de Valence - 75005 PARIS, Tél. 45.35.58.51) a été fondée en 1875 par le célèbre écrivain, auquel s'adressaient les jeunes Russes persécutés dans leur pays après l'échec de leurs tentatives pour "aller au peuple". Pour les aider, Tourguenev organisa un concert avec la participation de Pauline Viardot : l'argent recueilli servit à créer la Bibliothèque, qui reçut aussi beaucoup de livres de Tourguenev, et qui devait, dans l'esprit de l'écrivain, devenir un lieu de rencontre pour les jeunes Russes émigrés. La collection, anéantie pendant la dernière guerre, a été reconstituée, et est de caractère surtout littéraire (30.000 volumes).

    La Bibliothèque polonaise (6 quai d'Orléans - 75004 PARIS, Tél. 43.54.35.61) a été créée en 1838, à l'époque de la "Grande Emigration" consécutive à l'Insurrection de novembre 1831 contre la Russie ; l'un des créateurs a été le grand poète national Adam Mickiewicz. En 1903 auprès de la Bibliothèque a été fondé un musée consacré à Mickiewicz ; l'on peut y voir le manuscrit de l'épopée nationale polonaise Pan Tadeusz. Partiellement sauvées pendant la dernière guerre, les collections de la Bibliothèque, soit approximativement 150.000 volumes sont d'une extrême valeur.

    Pour les livres ukrainiens, mentionnons la Bibliothèque de la Société scientifique Chevtchenko (29 rue des Bauves- 95200 SARCELLES, Tél. 39.90.05.82).

    Sur la toile de fond de la situation économique générale, toutes les bibliothèques connaissent actuellement de sérieux problèmes financiers. Dans le cas des bibliothèques traditionnelles la nécessité d'une coordination des acquisitions est tacitement ressentie, chaque responsable connaissant les orientations de sa maison, et se concertant le cas échéant avec ses homologues des autres établissements. Au plus haut niveau, la Direction des bibliothèques tente d'élaborer un système dans lequel chaque grande bibliothèque recevrait une aide spéciale afin de couvrir un certain domaine des connaissances, dans lequel elle desservirait les besoins du pays. Ces bibliothèques en quelque sorte "privilégiées" sont désignées par le sigle C.A.D.I.S.T. : Centres d'acquisition et de diffusion de l'information scientifique et technique. Il n'existe pas en l'état actuel des choses de C.A.D.I.S.T. pour la slavistique : il n'est pas défendu de souhaiter que ce soit envisagé. A côté du secteur des bibliothèques de conservation, il existe un secteur documentaire qui comprend des centres créés pour la plupart après 1945, et placés le plus souvent sous l'égide d'établissements d'information, d'enseignement ou de recherche : les collections sont réunies pour desservir les besoins spécifiques de ces établissements.

    La Documentation française (31 quai Voltaire - 75007 PARIS) dépendant du Secrétariat général du Gouvernement, a essentiellement une vocation d'information. Elle comporte un Centre d'études et de documentation sur l'U.R.S.S., la Chine et l'Europe de l'Est (C.E.D.U.C.E.E., Tél. 40.15.71.47) créé en 1967. Il participe à l'élaboration de l'annuaire L'U.R.S.S. et l'Europe de l'Est en..., et assure l'édition de la revue économique mensuelle Le Courrier des pays de l'Est. Il réunit d'importantes collections surtout dans le domaine économique, environ 22.000 ouvrages en russe, et 290 périodiques en provenance des pays de l'Est. Les périodiques occidentaux étant archivés à la Bibliothèque générale de la Documentation française. Cette documentation sert à la réalisation de la revue, et à la constitution de dossiers (3.500) sur les pays de l'Est. Le Centre reçoit sur rendez-vous à demander par téléphone. On peut signaler que la Documentation française diffuse également des informations politiques, économiques et sociales à travers les publications suivantes : Problèmes économiques, problèmes politiques et sociaux. Série U.R.S.S. (4 numéros par an), Notes et études documentaires.

    La Fondation nationale des sciences politiques (27 rue Saint-Guillaume - 75007 PARIS) est adjointe à un établissement d'enseignement supérieur préparant principalement à la fonction publique. Elle possède une excellente bibliothèque (Tél. 45.49.50.50), où depuis bientôt quarante ans a été réunie une documentation importante, notamment sur l'U.R.S.S. et l'Europe de l'Est. Elle comprend des dossiers de presse (11.800), et un dépouillement systématique de 2.500 revues (sur un total de 6.300 titres reçus), publiés en partie dans le Bulletin analytique de documentation politique, économique et sociale. Le fonds en langue russe s'accroît d'environ 500 volumes par an ; il n'y a pratiquement pas d'ouvrages en d'autres langues slaves. La Fondation a un Cycle supérieur d'études soviétiques et Est-européennes, dont est responsable Mme Carrère d'Encausse.

    Le Centre national de la recherche scientifique regroupe plusieurs équipes travaillant sur l'Europe de l'Est, notamment :

    L'Equipe de recherches sur l'économie et les techniques de planification des pays de l'Est (27, rue Paul Bert - 94200 IVRY-SUR-SEINE), qui publie chaque trimestre la Revue d'études comparatives Est-Ouest, avec un contenu faisant une large place aux démocraties populaires. Le Centre d'études des pays socialistes, dépendant de l'Institut de recherches juridiques comparatives (27, rue Paul Bert - 94200 IVRY-SUR-SEINE, Tél. 46.72.71.38) qui assure avec l'équipe précédente la publication de la Revue d'études comparatives Est-Ouest, et possède une documentation spécialisée dans le domaine du droit.

    L'Ecole des hautes études en sciences sociales (54 Bd Raspail - 75006 PARIS) est un établissement d'enseignement et de recherche, à l'intérieur duquel plusieurs unités se consacrent à l'étude de l'U.R.S.S. et de l'Europe de l'Est : Le Centre d'études sur l'U.R.S.S., l'Europe orientale et le domaine turc, qui regroupe des enseignements et des équipes de recherche à vocation essentiellement historique, possède un service de documentation (Tél. 45.44.39.79, poste 399). Depuis sa création en 1961. ce centre s'est efforcé de rassembler les matériaux nécessaires aux travaux des diverses équipes ; en 1983 il pouvait faire état de plus de 22.000 titres, ses collections étant particulièrement riches en ouvrages de référence, encyclopédies, biographies. Cette documentation a été exploitée pour divers travaux bibliographiques parus dans les Cahiers du monde russe et soviétique ; elle sert à l'élaboration de la Bibliographie européenne des travaux sur l'U.R.S.S. et l'Europe de l'Est.

    Publication internationale annuelle. Egalement dans le cadre de l'Ecole des hautes études, le Groupe d'études sur l'U.R.S.S. et l'Europe centrale est à l'origine de l'existence d'une iconothèque russe et soviétique, consultable par les chercheurs sur rendez-vous (Tél. 45.44.39.79, poste 363) : vidéocassettes, documents d'archives, photos, diapositives, affiches, cartes postales... Le Centre d'études arctiques, éditeur de la revue Inter-Nord possède un fonds documentaire spécialisé sur les régions arctiques et nordiques (19 rue Amélie - 75007 PARIS).

    L'Université de Paris 1 comporte un Centre d'économie internationale des pays socialistes (Centre Mendès-France, 90 rue de Tolbiac - 75013 PARIS, Tél. 40.77.18.48). Dirigé par Mme Lavigne, spécialiste du C.A.E.M., du commerce Est-Ouest, de l'entreprise socialiste, le Centre dispose d'une petite unité documentaire : revues, journaux, ouvrages, thèmes et travaux de recherches sur les problèmes économiques de l'Europe de l'Est.

    A l'heure où nous écrivons ces lignes, nous ne pouvons qu'exprimer notre inquiétude devant les menaces de fermeture qui concerne le Centre de documentation de l'Association France-U.R.S.S. (61 rue Boissière - 75116 PARIS, Tél. 45.01.59.00). Très différent des organismes précédents puisqu'il n'a aucune relation avec l'enseignement supérieur ou la recherche, ce Centre n'en mérite pas moins une mention. Créé dans les années 1960, il possède environ 15.000 titres d'ouvrages, mais s'attache surtout à la collecte et au traitement des périodiques (150 titres) ; les journaux peuvent être consultés dans des conditions pratiques infiniment meilleures que dans bien des universités. Le Centre s'efforce de répondre à toute demande concernant la vie politique économique et sociale de l'U.R.S.S., et privilégie les relations franco-soviétiques.

    Il met à la disposition des lecteurs 600 dossiers thématiques de coupures de presse française et étrangère. Enfin nous souhaitons profiter de l'occasion offerte par ce travail de recensement pour signaler la présence, à la Bibliothèque administrative de la ville de Paris (Hôtel de Ville - 75196 PARIS R.P., Tél. 42.76.48.87), d'un fonds russe intéressant quoique fragmentaire, et pratiquement inconnu du public. A l'origine de ce fonds l'on trouve des échanges initiés par le Préfet de la Seine, dès 1873, avec de grandes métropoles étrangères pour une information mutuelle sur les problèmes posés par la gestion d'une grande ville : urbanisme, démographie, instruction, hygiène, sécurité, bienfaisance... Ces échanges ont duré jusque vers la première guerre mondiale. Les documents émanent de Moscou, St-Petersbourg, Kiev..., ils comprennent les budgets, les délibérations des municipalités, des statistiques, etc...

    Comme les bibliothèques de conservation, les centres d'études et de documentation ont une implantation marquée dans la région parisienne. Toutefois certaines grandes universités de province ont pu créer des noyaux d'activité documentaire et scientifique dans des domaines spécifiques. On citera le Centre d'études et de recherches sur les civilisations slaves (Maison des sciences de l'homme d'Aquitaine, Domaine Universitaire - 33400 TALENCE, Tél. 56.80.84.43, poste 33). Ce Centre, qui dépend de l'Université de Bordeaux III, organise des rencontres sur des sujets variés, souvent d'actualité (échanges Est-Ouest, relations internationales de l'U.R.S.S.), et publie ses travaux dans les Cahiers slaves. Il s'est constitué un fonds documentaire orienté vers l'histoire, la civilisation, la littérature des pays slaves. L'on regrettera par contre la disparition vers 1986 du Centre de recherches sur l'U.R.S.S. et les pays de l'Est (Université des sciences juridiques de Strasbourg) qui a publié de 1962 à 1983-1984 un important Annuaire de l'U.R.S.S., et avait amassé une bonne documentation dans les domaines juridique, politique, économique et social des pays de l'Est.La présentation qui avait été faite en 1980 des ressources offertes par les bibliothèques françaises dans le domaine slave concluait en déplorant l'absence de moyens financiers, qui limitait le développement de la plupart des collections. Certes, cette conclusion reste tristement vraie ; cependant, même modeste, ce développement a continué au cours des années écoulées, et peut-être les perspectives d'avenir permettent-elles un timide optimisme. Il semble qu'en haut lieu l'on ait pris conscience des graves difficultés des bibliothèques universitaires : or ces bibliothèques "spécialisées" dans le domaine de l'U.R.S.S. et de l'Europe orientale sont en fait universitaires ou reliées à l'université, et sans doute à ce titre bénéficieront-elles de l'effort consenti en faveur de cette dernière. Les résultats atteints dans le domaine de l'informatisation qui permet une meilleure coopération entre établissements, peuvent être une certaine source de satisfaction : la plupart de ces bibliothèques participent au Catalogue collectif national (C.C.N.), recensement informatisé des périodiques dans les collections françaises. Par ailleurs, les perspectives d'informatisation semblent concerner un avenir assez proche dans le cas d'établissements tels que la Bibliothèque des Sciences politiques.