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Les inventaires de fonds étrangers au département des entrées étrangères

1989

    Les inventaires de fonds étrangers au département des entrées étrangères

    Par Marie-Renée Morin, Conservateur en Chef, ancien Directeur du Département des Entrées étrangères.

    Une des principales fonctions du Département des Entrées étrangères est d'enrichir les fonds du Département des Livres imprimés en ouvrages de tous les continents et sur tous les pays par le moyen des acquisitions, des dons et des échanges. Les bibliothécaires doivent donc posséder les langues étrangères courantes (anglais, allemand, italien, espagnol, portugais...), mais aussi de plus rares (hindi, japonais, chinois, arabe, persan, turc, hébreu, langues des pays de l'Est, etc.) afin de pouvoir gérer les entrées de documents et assurer leur catalogage. Ce faisant, il est naturel que tous, spécialistes responsables des acquisitions et du traitement, s'attachent à connaître le passé de leur fonds pour veiller à sa continuité et éventuellement à son extension.

    Cela a conduit un certain nombre d'entre eux à publier eux-mêmes ou sous leur direction des catalogues rétrospectifs.

    Pour simplifier cet exposé, une énumération de ces publications donnera une idée du travail effectué depuis une dizaine d'années :

    Dans la collection «Etudes, guides et inventaires», collection brochée, où les textes dactylographiés sont ensuite multigraphiés :

    3. Le Fonds cubain de la Société de géographie, inventaire par Nicole Simon. 1985.

    4. La Littérature hispano-américaine publiée en France, 1900-1984, répertoire bibliographique par Jean-Claude Villegas. 1986.

    5. Les Imprimés arméniens des XVI e et XVIIe siècles, catalogue par Raymond H. Kevorkian. 1987.

    7. Les Publications en série éditées au Sénégal, 1856-1982, par Marie- Elisabeth Bouscarle. 1987.

    10. Les Auteurs afro-américains, 19651987, catalogue par Andrée Paolantonacci. 1989.

    1 1. Les Imprimés arméniens, 1701 -1850, catalogue par Raymond H. Kevorkian. 1989.

    Sous forme de répertoires reliés, publiés isolément :

    • Littératures africaines à la Bibliothèque nationale, catalogue des ouvrages d'écrivains français et de la littérature critique s'y rapportant... 1973-1983, établi par Paulette Lordereau. 1984.
    • Le Catalogue général des livres imprimés 1970-1979, t. X, Persan, contient un catalogue rétrospectif du fonds persan, par Mauricette Levasseur. 1985.
    • Inventaire des livres imprimés arabes 1514-1959, par Josée Balagna. 1986.
    • Catalogue du fonds vietnamien 18901921, par Mme Le Thi Ngoc Anh sous la direction de T. Ehling. Avant-propos de M. Truong Dinh Hoe. 1988.
    • Catalogue des ouvrages dufonds indochinois 1922-1954, par C.Rageau. 1979. (Catalogue sur microfiches).
    • Catalogue des ouvrages dufonds indochinois 1922-54 reproduits sur microfiches. 1988 (ce catalogue repris par le Centre de Sablé, pour assurer le microfichage d'un fonds fragile, est le fruit de la collaboration de ce Centre, du Département des Livres imprimés, du Service Asie avec Mme Derrien et Mme Nguyen, pour compléter le catalogue précédent de 500 notices et multiplier les entrées).
    • Inventaire des Livres imprimés vietnamiens 1960-1979.1987. (Notices de Mme Rageau, Mme Nguyen. Catalogue révisé par Mme Nguyen sous la direction de T. Ehling et C. Derrien).

    Trois catalogues s'achèvent cette année :

    • Inventaire du fonds Coedès (khmer et thaï) par M. Mauriès, avec la collaboration d'E. Vernier (voir article suivant).
    • Littérature africaine à la Bibliothèque nationale, catalogue des ouvrages d' écrivains africains et de la littérature critique s'y rapportant, entrés à la Bibliothèque nationale de 1920 à 1972, par Paulette Lordereau.
    • Catalogue dufonds argentin, par Mauricette Levasseur.

    Ajoutons à ces répertoires le guide Ressources for Brazilian Studies at the Bibliothèque nationale de William V. Jackson, Austin, Texas. 1980.

    Ce travail doit être traduit et publié en français par la B.N.

    D'autres travaux sont en cours :

    • Melle Neige achève son inventaire du fonds hébraïque.
    • Mme Vernier a entrepris l'inventaire des fonds indiens dans les langues vernaculaires.
    • Mme Borsos est responsable d'une équipe qui prospecte le fonds hongrois.
    • W.V. Jackson achève son guide des fonds espagnols d'Amérique du Sud.
    • Nicole Simon achève son inventaire du fonds cubain des 18e et 19e siècles.
    • Mme Emery poursuit le catalogue du fonds uruguayen.
    • Melle Dominique-Spindler, celui de la littérature australienne.

    Faute de personnel, un certain nombre d'entreprises sont arrêtées : publication du catalogue collectif russe des bibliothèques parisiennes, inventaire du fonds grec moderne, du fonds polonais, etc...

    L'essor de ces publications est dû en grande partie à l'initiative de la Mission de la Recherche du Ministère de l'Education nationale qui lança une opération sur les aires culturelles vers 1977-78. La Bibliothèque nationale put alors demander des crédits de vacations pour permettre une prospection de ses fonds arabes, asiatiques et africains.

    Malheureusement le Service de la Recherche du Ministère de la Culture, dont nous dépendons désormais, ne prit pas le relais sur ces programmes, et il fallut trouver des moyens ou des expédients ailleurs qu'à la B.N. qui ne pouvait assurer à elle seule l'achèvement des entreprises.

    Comme l'on s'en doute, peu de services disposent d'un personnel entièrement disponible pour ce type de travail. Par contre, la demande des chercheurs individuels, des centres spécialisés et aussi les besoins des pays dont les bibliothèques ont été victimes de guerres ou de troubles, ou bien dont les écrivains ont émigré pour des motifs politiques, vont en ce sens : quels sont les fonds en telle ou telle langue ? Quelles sont les ressources sur tel ou tel pays ? La force de cette pression est telle que des solutions purent se négocier : accords avec l'Institut d'Amérique latine et le Greco 26 du CNRS (Réseau documentaire sur l'Amérique latine), contrats avec le Centre in-ter- universitaire d'études hongroises, avec la B.N. de Budapest, avec le groupe L3A du CNRS (Langues et littératures d'Afrique), avec le Centre d'études et de recherches cubaines de l'Université de Bordeaux III, recrutement de «pensionnaires» de l'Ecole normale supérieure, etc.

    Ajoutons, depuis cette année, les travaux de recherche des conservateurs.

    Le Catalogue général de la B.N. regroupe en ordre alphabétique les auteurs de toutes langues et de toutes écritures, ce qui en fait un instrument de recherche admirable où les ouvrages voisinent à côté de leurs traductions, mais l'inventaire d'un fonds spécifique n'y est pas prévu. Les mots-matières, dans les fichiers, n'existent que depuis une centaine d'années et ne tiennent pas compte des oeuvres littéraires, ni de la langue, ni bien souvent du pays concerné, du moins en vedette principale. Les grands catalogues méthodiques anciens sont utiles mais insuffisants pour notre propos.

    La première difficulté est de bien limiter le programme, de le définir avec les partenaires quand il s'en trouve. Ainsi l'inventaire du fonds hongrois, qui portait primitivement sur les ouvrages en hongrois ou édités en Hongrie, s'étendit aux livres sur la Hongrie à la demande de nos collègues et collaborateurs de Budapest. L'inventaire de la littérature hispano-américaine publiée en France au 20e siècle fut prise en charge par le département à condition qu'y figurent les cotes de la maison. L'ordre du catalogue (par auteurs ou par sujets) ainsi que les index sont l'objet d'ententes et de discussions, ainsi que la présentation matérielle lors-qu'elle est à frais communs.

    Autre décision importante : limiter le sujet pour éviter le découragement et l'inefficacité des entreprises aléatoires trop longues.

    Ceci établi, deux méthodes ont été pratiquées pour les catalogues rétrospectifs : la plus longue et la plus sûre consiste à dépouiller entièrement les catalogues des ouvrages imprimés (système pratiqué pour les fonds hébraïque, arabe, hongrois, etc.) ; l'autre méthode part de bibliographies existantes et d'un pointage dans la salle des catalogues (fonds cubain, argentin, par exemple).

    Pour les inventaires sur des collections plus récentes (fonds littéraire africain, fonds afro-américain) ont été utilisés les dépouillements bibliographiques nécessaires au personnel pour les acquisitions ou pour une participation à des bibliographies savantes comme celle du CARDAN.

    Dans le cas du fonds vietnamien ou du fonds Coedès, les ouvrages portaient la même cote sur les rayons, ce qui en facilita la prospection. Une cote par langue rare existe d'ailleurs pour certains fonds depuis une dizaine d'années.

    Pour l'édition le choix est double : avoir recours à une présentation robuste pour les inventaires devant servir d'usuels ou utiliser un simple brochage, pour limiter les frais, dans la collection «Etudes, guides et inventaires». En général, les fiches sont reproduites sur deux colonnes pour éviter le recours à une dactylographe ou même à des spécialistes pour les langues à écritures particulières. Pour le fonds hongrois les notices seront saisies sur le catalogue général de la B.N. après son entrée dans la base. Nous attendons d'ailleurs beaucoup de la saisie du catalogue général, en demandant instamment qu'il entre avec un codage pour la langue des ouvrages et leur pays d'édition. Les chercheurs pourraient alors obtenir la plupart des inventaires qu'ils souhaitent dans leurs aires culturelles, et des résultats d'envergure sur les pays de grande civilisation écrite pourraient être obtenus. Le développement de la recherche à la Bibliothèque nationale permet d'espérer des moyens à la hauteur d'ambitions qui répondent à sa vocation et à la richesse de ses fonds.

    Tout ce travail de publications rétrospectives s'inscrit dans un programme beaucoup plus général du Département, ce qui entraîne une certaine efficacité. Il rejoint l'annonce des entrées courantes dans la «Liste des acquisitions de la Bibliothèque nationale, ouvrages entrés par achat, don, échange» et la publication décennale des «Livres imprimés en écritures non latines.» Comme nous l'avons déjà souligné, pour mener à bien les acquisitions, le personnel doit connaître son fonds, son histoire, ses particularités, les orientations de l'édition du pays, les besoins des lecteurs, des autres centres spécialisés et des autres bibliothèques françaises ou étrangères. Il est amené à participer à des colloques, à des réunions de concertation, à des publications bibliographiques collectives. Il accueille des stagiaires et des collègues. Tout cet effort d'ouverture, de réflexion, de recherche, de prospection et de publication fait la vitalité du Département.