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    Brigitte Richter, 1943-1991

    Par Anne-Marie Delaune

    Brigitte Richter quitté ce monde le 8 décembre dernier au terme d'une longue souffrance. Le temps lui aura manqué pour donner toute sa mesure : elle préparait plusieurs projets ambitieux et elle laisse de nombreux manuscrits inédits.

    Le monde du livre et de la lecture publique déplore profondément sa disparition et L'Association des bibliothécaires français rend hommage à l'un de ses membres les plus volontaires et inventifs qui, notamment, milita très tôt pour une " collaboration entre bibliothèques " (Enquête et Journées de Troyes en 1978 cf Bulletin d'informations de l'ABF).

    Ce que nous aura appris d'essentiel cette grande pédagogue est bien sûr à lire entre les lignes de sa vie : nous admirions son audace et son courage. Elle osait avoir des idées et les mettre en oeuvre, cela nous semble assez rare.

    Brigitte Richter aimait les enfants, les chats, son jardin, sa bicyclette... Elle aimait jouer et écouter de la musique, écrire, inventer et raconter des histoires, se promener à pied et prendre des photographies... " Non elle n'aura pas rêvé de fiers bureaux bordés de vrais petits amours de chaises en lisière... " (paraphrase d'Arthur Rimbaud, Les Assis).

    Cela, ce goût pour la vie, dit un peu en vrac, n'est-il pas d'abord, et sans qu'il y paraisse, à méditer pour nous comme une réponse primordiale à la question qui nous revient forcément sans cesse : " Comment peut-on être bibliothécaire ? "

    Certes, nous pourrions affirmer simplement qu'elle avait un sens aigu du service public comme s'il s'agissait d'un sixième sens. Mais n'est-il pas plus juste de penser que si Brigitte Richter a su prendre en compte les enjeux pressants de l'action culturelle c'est pour la raison qu'ils étaient au coeur de ses plaisirs et de ses préoccupations pour elle-même ?

    Son courage était de rester toujours très cohérente : ainsi ne s'est-elle pas contentée d'écrire et tenir à jour un Précis de Bibliothéconomie, tâche déjà-considérable, mais encore a-t-elle toujours cherché à mettre en oeuvre ses réflexions et toujours dans le sens d'une organisation réellement démocratique : concevoir, par exemple, à la BCP de la Sarthe, des magasins facilement accessibles au public, ou présenter à la Médiathèque du Mans les documents selon les intérêts du public du Mans, c'est toujours vouloir instaurer des rapports au savoir plus égalitaires.

    Sa détermination était d'ailleurs convaincante, elle savait obtenir un consensus pour passer à l'action. Les oppositions qu'elle aura aussi rencontrées dans sa vie professionnelle, à la mesure de son audace, ne l'auront heureusement pas dissuadée de poursuivre. Et elle désignait spontanément son mari, Noë Richter comme son véritable appui.

    Il est inutile de le présenter ici, nous le saluons et le remercions d'avoir bien voulu retracer ci-après le parcours littéraire de Brigitte. Dans le contexte difficile où nous travaillons, très résistant à l'innovation, nous avions terriblement besoin de son exemple et de son soutien. Brigitte Richter nous manque.