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    Myriem Foncin (1893-1976)

    Par Jacques Lethève
    Ce texte écrit pour l'Histoire des Bibliothèques Tome 4, n'a pas été publié : il revient à l'ABF de mieux faire connaître le rôle et la personnalité de Myriem Foncin à l'occasion de son centenaire.

    Fille d'un géographe dont les manuels ont connu une grande- diffusion, c'est vers cette discipline que Myriem Foncin s'orienta, elle aussi. Après avoir obtenu deux licences (l'une en Histoire et Géographie, la seconde plus axée vers les sciences botaniques, mathématiques générales et la géographie physique), elle fit un DES d'Histoire et Géographie.

    0 Géographie...

    On ne s'étonne pas que ses compétences la fasse choisir en 1920, elle a alors 27 ans, comme stagiaire à la section de géographie de la Bibliothèque Nationale. Elle est une des premières femmes à entrer dans cette grande maison et elle y fera une carrière de plus de 43 ans, franchissant tous les grades jusqu'à sa nomination le 16 mars 1942 comme conservateur du Département des Cartes et Plans (c'est-à-dire conservateur en chef selon la dénomination du statut de 1951) et jusqu'à sa retraite le 31 mars 1963.

    Outre son activité quotidienne au service des lecteurs des Cartes et Plans, elle eut plusieurs initiatives remarquables. Ainsi en 1936, soucieuse de faire connaître la production cartographique officielle et privée, elle créé la Bibliographie cartographique de la France qui devient en 1948, grâce au concours de correspondants étrangers, la Bibliographie cartographique internationale. Bientôt Julien Cain décide la transformation totale du Département des Cartes et Plans. Il s'agit de remanier les locaux de l'hôtel Tubeuf où il est abrité. Ces aménagements commencés en 1941, repris en 1946 et achevés en 1954 exigent un sens exceptionnel de l'organisation. En liaison avec les architectes, Myriem Foncin créé une salle de consultation qui provoque l'admiration générale ; elle invente des systèmes de tiroirs, de portefeuilles, de panneaux d'accrochage où des cartothèques étrangères viendront chercher des modèles. Elle assure à la prestigieuse collection de vélins des conditions nouvelles de conservation.

    Sa notoriété s'étend à l'extérieur et elle participe à de nombreux congrès internationaux. En 1952, elle est invitée par les Américains à un séjour de trois mois comportant un voyage à travers le continent et dont elle tirera le plus grand profit. Les Anglais de leur côté lui décernent un prix de la Royal Geographical Society, et la France, la Légion d'Honneur en 1964.

    Parallèlement, elle fait entrer au Département des Cartes et Plans des acquisitions de premier ordre. Ainsi recueille-t-elle la bibliothèque de la société de géographie et reçoit en dépôt du service hydrographique de la Marine des milliers de cartes manuscrites. Avec deux collaborateurs, elle rédige le Catalogue des cartes nautiques sur vélin conservées dans le département; elle élabore diverses monographies d'histoire de la cartographie. Elle est nommée au Comité des travaux historiques comme secrétaire de la section de géographie.

    Et lecture publique

    Mais ces activités scientifiques ne sont qu'une face de son action dans le domaine des bibliothèques. Encore étudiante, elle avait participé, aux côtés de Robert Garric, à la création des Equipes sociales. Ces dernières, désireuses d'aider à s'instruire ceux qui n'en ont pas les moyens, devaient déboucher naturellement sur l'encouragement à la lecture. C'est une voie où Miryem Foncin allait s'engager pendant toute sa vie. En 1936, elle prend part à la très éphémère "Association pour le Défense de Lecture Publique". Au début de la guerre, elle est encore présente dans la création d'"Art, lecture, loisir et sport aux armées", puis dans des comités d'assistance aux prisonniers de guerre.

    Cette action en faveur de la lecture et en particulier la propagande pour le développement de la lecture publique, elle devait les retrouver au sein de l'Association des Bibliothécaires français, à laquelle on la voit déjà inscrite en 1926. Sur son initiative furent organisés par l'Association, à partir de juillet 1938, des cours élémentaires de formation professionnelle. Leur but était de mettre les petites bibliothèques, trop souvent dirigées par de simples amateurs, entre les mains de responsables ayant un minimum de connaissances techniques. Parallèlement, elle créé un Comité de lecture destiné à éclairer les bibliothécaires et leurs différentes catégories de lecteurs sur la nature et l'intérêt des livres qu'on leur propose. A partir de 1942, ce Comité édite des listes. Puis, dès 1945, elle organise avec d'autres associations un Comité fédéral qui publie de fiches critiques, précieuses pour les petites bibliothèques et qui ne cessera ses activités que 20 ans plus tard. (1)

    De leur côté, les cours élémentaires connaissent un succès croissant. Ils obtiennent le concours d'inspecteurs généraux des bibliothèques et de l'administrateur général de la BN. Le nombre de postulants augmente, celui des sessions également. Au début, ils ne touchent qu'un nombre limité de personne de la région parisienne. Après 1945, certaines sont organisées dans diverses bibliothèques de province et cette habitude sera conservée jusqu'à nos jours. des textes sont d'abord ronéotés et donneront lieu plus tard à la publication d'un manuel véritable. Après la sanction d'un examen, les cours aboutissent à la délivrance d'un diplôme par un jury national.

    Touts ces initiatives avaient désigné Myriem Foncin comme la personnalité idéale pour présider la section de lecture publique de l'ABF lorsque celle-ci s'était réorganisée en de nouvelles structures. Par deux fois, de 1945 à 1947 et de 1959 à 1961, ses collègues en font la Présidente de l'Association elle-même. C'était une façon de rendre hommage à celle qui a su aussi bien assumer les responsabilités d'un département prestigieux de la BN, que la promotion des petites bibliothèques.

    1. Pierre Lelièvre lui écrit le 16 août 1945 : La tâche des Comités de lecture et du Comité fédéral a pour la lecture publique une importance d'autant plus grande que la direction entend s'abstenir de toute ingérence dans le choix des livres, voulant laisser ce soin à des organismes non-officiels. retour au texte