Index des revues

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    • Présentation, p.82-84.
    • Accart, Jean-Philippe, Barral, Sabine, Benhamou, Nicole, Bisbrouck, Marie-Françoise, Boddaert, Nadine, Boisard, Geneviève, Boudet, Isabelle, Chauveinc, Isabelle, Chauveinc, Marc, Chauveinc, Mireille, de Miribel, Marielle, Giannattasio, Isabelle, Heusse, Marie-Dominique, Lemelle, Françoise, Oddos, Jean-Paul, Petit, Nicolas, Polderman, Marie, Poulain, Martine, Simon, Nicole
      Comptes rendus des sections, p.85-101.

    Présentation


    La soixantième conférence de l'IFLA s'est tenue à La Havane du 21 au 27 août 1994. Le choix de ce pays, en pleine crise des balseros, peut sembler surprenant. Mais il faut se souvenir que l'invitation de l'Association cubaine des bibliothécaires a été faite et acceptée par l'IFLA en 1987, à une époque relativement calme. Trois raisons expliquent, cependant, ce choix. D'une part, l'IFLA venait d'élire l'espagnol comme cinquième langue officielle (après l'anglais, le français, l'allemand et le russe) et il fallait conforter ce choix par un congrès dans un pays hispanophone. D'autre part, beaucoup reprochaient à l'IFLA de se réunir uniquement dans les pays développés et, particulièrement, en Europe. Pour faire cesser ce centralisme européen, l'IFLA a décidé de tenir ses congrès dans d'autres continents (Chicago, Sydney et bientôt Pékin) et de privilégier les pays en développement vers lesquels la Fédération souhaite promouvoir une politique plus active (Manille, Nairobi, New Del-hi, La Havane). La plupart des continents ayant été déjà visités, il fallait de plus un pays d'Amérique du Sud, Cuba s'est proposé. Enfin, pour ces pays, l'organisation d'un congrès est considérée comme une source appréciable de devises dont ils ont le plus grand besoin. Malgré la pauvreté du pays, les organisateurs reçoivent des moyens exceptionnels du gouvernement et, cette année, l'aide de nombreux sponsors qui ont permis, notamment, l'impression des communications et du programme.

    Malgré les circonstances qui ont fait hésiter certains, disons tout de suite que le congrès a été une réussite. Les travaux se sont déroulés au Palacio de las Conventionnes de La Havane, bâtiment de 60 000 m2situé dans un quartier résidentiel à l'ouest de la vieille ville, à 300 m de la mer. Inauguré en 1979, il a offert aux congressistes tous les services proposés par un palais des congrès moderne, notamment des salles climatisées équipées de fauteuils extrêmement confortables, des espaces de rencontre et d'exposition, des restaurants, un bureau de poste, une très bonne traduction simultanée. Les réceptions, les documents imprimés, les cafétérias sur place, tous les éléments de base d'un bon congrès étaient réunis.

    Parmi les nouveaux services offerts par le congrès, signalons cette année les films vidéo des principales séances vendus à la fin du congrès. Comme depuis deux ou trois ans, l'ensemble des communications du congrès est disponible sur deux disquettes que l'on a pu se procurer au bureau des « papiers ». De même, l'atelier sur Internet offrait ses communications sur disquette.

    Les participants

    Le nombre de participants était sans doute inférieur à ce qu'il a été à Paris ou à Barcelone (845 étrangers et 433 Cubains). Un pointage plus précis de la liste des participants a permis de dénombrer 164 délégués de la région Amérique latine et Caraïbes, 118 Américains (première délégation malgré l'embargo), 65 Russes provenant de toutes les régions du pays et parlant librement, 43 Britanniques, 33 Canadiens, 30 Allemands, 17 Chinois (Pékin accueille le congrès en 1996) et 6 Turcs (Istanbul accueille le congrès en 1995). Les Français étaient relativement nombreux (68) sans qu'il soit possible de donner un chiffre exact par suite du nombre d'inscriptions individuelles. Cette proportion est fréquente dans les congrès tenus dans des pays considérés comme incertains. Quelques difficultés, cependant, ont été ressenties par les participants, comme les hôtels pas tout à fait au niveau des étoiles et des prix affichés, les transports insuffisants vu l'éloignement du Palais des congrès et la dispersion des hôtels, à raison d'une navette par jour dans chaque sens, le matin et le soir, à cause de la pénurie d'essence (?), entre-temps les organisateurs obligeaient les participants qui voulaient rentrer à leur hôtel à utiliser les taxis (payables en dollars évidemment, mais avec des dollars on a de l'essence).

    L'exposition

    Bien qu'il y ait quelques stands dans le hall du Palais des congrès, le gros de l'exposition, souvent haut lieu du congrès, s'est tenu dans un local éloigné de plus d'un kilomètre du Palais des congrès (Pabexpo) et n'offrait que peu d'exposants (68), surtout cubains (éditeurs, associations et bibliothèques). Des navettes régulières permettaient de s'y rendre. Les seuls stands étrangers représentaient la British Li-brary, la Bibliothèque nationale d'Es-pagne, un Centre de recherche mexicain sur les bibliothèques, EBSCO des Pays-Bas, IME de Londres, les Nations-unies, Silverplatter, Swets. Cette exposition donnait une bonne image d'une édition locale vivante mais sans moyens et qui fait feu de tout bois avec du papier recyclé. Les oeuvres de José Marti se retrouvaient sur tous les stands, mais aussi des livres de poèmes (Rimbaud, Valéry) tapés à la machine sur du papier brun et beaucoup d'ouvrages d'éducation. En marge de l'exposition se sont déroulées à Pabexpo de multiples activités (présentations de livres, de collections, défilés de mode). L'éloignement de l'exposition et son intérêt moindre ont conduit à une très faible fréquentation.

    Le thème

    Le thème général du congrès était « Les bibliothèques et le développement social ». Il s'est retrouvé « décliné dans les différentes séances sous des formes diverses. Il a surtout permis aux Cubains d'abord, mais aussi à de nombreux pays d'Amérique latine et des Caraïbes de présenter leurs bibliothèques et leurs travaux. Par ailleurs, le contenu du congrès a suivi la tradition, avec des sections très actives et riches de bonnes communications et d'autres plus pauvres. Rappelons, pour ceux qui ne connaissent pas l'IFLA, que la Fédération est divisée principalement en sections par types de bibliothèques ou par fonctions. Ces sections sont dirigées par un comité permanent dont les animateurs sont le président et le secrétaire. D'eux dépend l'activité de la section, c'est-à-dire le choix des thèmes de discussion, des orateurs, des séminaires pré ou post-congrès et autres travaux. Parmi ceux-ci, on peut citer les Newsletters qui sont publiées une ou deux fois par an et les ateliers qui permettent d'approfondir un thème pendant une journée. D'eux, et des membres du comité, dépendent aussi les traductions des documents dans d'autres langues dont le français.

    D'où une grande variété dans les résultats. Les bibliothèques pour aveugles ont eu à peine le temps de terminer leurs travaux, tant ils étaient riches, la section des bâtiments a été plutôt languissante, la section des acquisitions avait programmé de très bonnes communications. Signalons aussi les excellents ateliers organisés par le Programme UDT (1) , la section pour la technologie de l'information, les bibliothèques de sciences sociales et les bibliothèques scientifiques, qui ont largement couvert le réseau à la mode Internet. Ce réseau a aussi fait l'objet d'un atelier organisé par la section du Prêt entre bibliothèques. Des comptes rendus plus détaillés de certaines sections suivent cette introduction (2) . Ils sont rédigés par les membres français des sections, mais tous les textes n'ont pu être reçus avant la mise sous presse de ce numéro.

    Les communications

    Cent quatre-vingt-six textes originaux ont été enregistrés par le secrétariat de l'IFLA (y compris les communications présentées dans les ateliers) : 106 en anglais, 74 en espagnol, 6 en français. Il semble qu'il n'y ait eu, cette année, aucun texte en allemand ni en russe. Les Cubains ont présenté une quarantaine de communications, traitant de tous les aspects de la bibliothéconomie nationale. Un nombre à peu près identique de communications avait trait aux bibliothèques du reste des Caraïbes et de l'Amérique latine.

    Quatre-vingt-sept traductions de textes originaux étaient disponibles : 45 en espagnol (43 à partir de l'anglais, 2 à partir du français), 21 en français (18 à partir de l'anglais, 3 à partir de l'espagnol), 17 en anglais et 4 en allemand.

    Au total, il n'y a donc eu que 27 textes sur 186 disponibles en français (14 %). Il faut remarquer le petit nombre de papiers traduits en français, ce qui n'est pas la faute des Cubains mais des Français, qui, dans les sections, n'ont pas fait leur travail. Ils se plaignent, c'est vrai, que les responsables des groupes professionnels auxquels ils appartiennent ne leur aient pas envoyé les textes originaux pour traduction. Mais c'est à eux de solliciter ces traductions auprès de leur secrétaire de section. On pourrait éventuellement décider que la BNF (ou le CORI) soit le « centre national pour les traductions françaises auquel l'IFLA enverrait tous les textes qu'il reçoit après enregistrement. Ces textes seraient réorientés vers les membres des comités permanents et d'autres. Il faudrait aussi être vigilant sur la façon dont les (rares) communications françaises sont signalées dans le programme. Trop souvent le titre est donné en anglais !

    La traduction simultanée

    Pour la première fois cette année, l'équipe d'interprètes qui assurent la traduction simultanée dans deux salles en permanence était une équipe professionnelle locale et non des bibliothécaires encadrés par l'IFLA. Il y a bien eu quelques problèmes de traduction de termes techniques (computer files traduit par files d'ordinateurs ou des créations de mots comme diffusité des notices »), mais l'ensemble du service rendu a été apprécié aussi bien par la qualité technique du matériel que par celle des traducteurs qui suivaient normalement les orateurs. Cette réussite est à méditer pour l'avenir.

    Dans les salles ne bénéficiant pas de traduction simultanée, mais où se sont déroulées de nombreuses réunions de travail et la plupart des ateliers, des étudiants cubains en langues étrangères étaient présents pour résumer les communications et traduire les débats de l'anglais vers l'espagnol et vice versa. Bien qu'assez lourd, ce procédé est à recommander puisqu'il permet un dialogue entre collègues de différentes langues.

    Les soirées culturelles

    Les collègues cubains nous ont également surpris par leur sens inné de la fête. En dépit des difficultés économiques actuelles, plusieurs copieux buffets ont été offerts aux congressistes à l'occasion des soirées culturelles.

    Le gouvernement cubain a invité les participants à une soirée au Salon de protocolo El Laguito où les jardins et la piscine étaient accessibles à tous. Une soirée de ballets classiques et modernes a été offerte au Théâtre national. Nous avons appris à cette occasion qu'à Cuba, la danse était enseignée en français. L'Association des bibliothécaires cubains a accueilli les congressistes à la Bibliothèque nationale José-Marti. Après des danses folkloriques très africaines, des stands d'objets artisanaux étaient offerts aux congressistes, le tout suivi d'un grand bal. La dernière réception était offerte par la ville de La Havane au Capitole où des danses de carnaval ont beaucoup séduit les assistants.

    La situation générale

    Il est possible de faire, en terminant, une petite remarque plus générale. La tenue de congrès dans certains pays en développement peut produire quelques difficultés d'adaptation, dues à la coupure entre les « touristes et la population locale. Une pétition a circulé pour protester contre la discrimination entre les bibliothécaires étrangers riches de leurs dollars et les bibliothécaires locaux. Les queues étaient différentes à la cafétéria car les uns payaient en dollars et les autres en pesos. Les étrangers avaient droit aux bus climatisés, les locaux aux bus traditionnels brinquebalants. Cette impression est accentuée à Cuba par la politique locale qui, développant le tourisme pour obtenir des devises que la canne à sucre ne fournit plus, crée deux mondes qui ne communiquent que par le trafic et la prostitution, l'un autour des hôtels ayant accès aux dollars (prostitution notamment) et l'autre qui ne dispose que du peso avec lequel il ne peut plus rien acheter.

    Le centre ville, qui a dû être très beau, est en mauvais état, les résidences magnifiques d'autrefois, faites de colonnes, de sculptures, de patios verdoyants, de façades très ouvragées, ne sont qu'un souvenir aux allures de squats fissurés, lépreux et branlants. Certaines se sont même effondrées. Comme souvent, la banlieue ouest est encore constituée de belles villas entourées de jardins tropicaux. Beaucoup d'entre nous ont reçu des confidences de Cubains souffrant d'une pénurie généralisée, allant à la presque famine. Un bibliothécaire gagne 300 pesos, soit 3 dollars par mois.

    Les rares contacts possibles ont cependant montré un peuple sympathique, avide d'ouverture et d'échanges avec le reste du monde, plus curieux qu'agressif envers ces riches touristes dont les dollars fascinent le pays. Même s'il y a eu quelques agressions contre des sacs de dame, elles ont été moins nombreuses qu'à Barcelone. Quant aux balseros, certains en ont, paraît-il, vus, mais il était facile de les confondre avec de modestes pêcheurs qui se trouvaient tranquillement à quelques encablures du Malecon.

    En conclusion, il faut penser à l'avenir et, notamment, aux élections qui auront lieu à Istanbul, lieu du prochain congrès. En dehors de la vice-présidence, des candidats devraient se présenter pour compléter la représentation française dans les sections suivantes : BU, parlementaires, sciences sociales, bibliothèques publiques, publics défavorisés, bibliothèques scolaires, classification, PO, journaux, bâtiments, statistiques, formation, recherche, audiovisuel, etc.

    1. Flux universel des données et des télécommunications. Un des programmes fondamentaux de l'IFLA. retour au texte

    2. Rappelons que les communications de l'IFLA sont disponibles auprès de l'INIST à Nancy ou auprès de la BNF qui a acheté la disquette. retour au texte