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    Un centre de formation ABF à Yaoundé

    Par Jacqueline Gascuel

    Origines de l'opération

    En mai 1993, le ministère français de la Coopération réunissait à Yaoundé les responsables des projets de développement de la lecture publique des six pays d'Afrique centrale francophone afin d'étudier les programmes de formation des personnels de bibliothèque et de préparer un rapprochement des enseignements dispensés. La ville de Yaoundé est alors apparue comme le lieu tout désigné pour accueillir les stagiaires provenant des différents pays. D'abord parce qu'il y existait un potentiel important de formateurs compétents, issus de l'ENSB, de l'EBAD ou d'autres grandes écoles étrangères. Ensuite parce le Projet de lecture publique, soutenu conjointement par le ministère camerounais de la Culture et le ministère français de la Coopération avait acquis (1) une expérience en matière de formation - et constituait un point d'appui solide et motivé pour l'ouverture d'une école de bibliothéconomie. Françoise Danset participait à cette rencontre et avait tout naturellement proposé le soutien de l'ABF.

    En décembre 1993, Geneviève Boulbet, animatrice de la Commission pédagogique de l'ABF, effectuait une mission au Cameroun pour dresser un état des lieux circonstancié et participer au groupe de travail chargé d'élaborer un plan de formation. Ce dernier devait comprendre un cycle élémentaire, un stage de formation des formateurs, des modules d'approfondissement et de perfectionnement - et une session préparatoire pour les boursiers admis dans les écoles étrangères.

    Le voyage de G. Boulbet fut aussi l'occasion pour le personnel des bibliothèques locales d'exprimer ses besoins en formation. Si à la bibliothèque du centre culturel français, animé par Jean-Louis Flurin, s'est surtout manifesté le besoin de modules de perfectionnement (périodiques, jeunesse - souhait partagé par les responsables du collège Vogt), ailleurs le besoin prioritaire était la formation élémentaire d'un personnel, parfois nombreux, mais totalement dépourvu de formation (40 personnes non formées à la BU).

    La préparation au diplôme de l'ABF

    Le besoin de formation élémentaire s'exprime dans tous les domaines : bibliothèques de lecture publique, bibliothèques universitaires et scolaires, archives ", soulignait Geneviève Boulbet dans son rapport. « La nécessité du diplôme apparaît à tous, continuait-elle, mais quel type de diplôme ? Le diplôme ABF ? Un diplôme camerounais équivalent à celui de l'ABF ? Un diplôme camerounais indépendant ? La question n'a pas été tranchée au cours de la mission et l'équipe pédagogique nous fera connaître le résultat de ses réflexions. »

    Lorque je me suis rendue à Yaoundé, avec Nicole Le Pottier, pour faire passer les examens de fin d'année, cette question a été tranchée. Le sérieux de la formation dispensée, le bon niveau des élèves nous permettaient de délivrer le diplôme de l'ABF à 56 étudiants (soit 81,6 % de l'effectif), dont seize avec mention bien et trois avec mention très bien - le meilleur ayant plus de 17 de moyenne. De leur côté nos collègues camerounais souhaitaient ce diplôme ABF pour leurs élèves, car il constituait une référence et leur permettait d'envisager à terme la création et l'agrément officiel d'un diplôme camerounais équivalent. L'ABADCAM (Association des bibliothécaires, archivistes et documentalistes camerounais) se propose de suivre la question - à la fois pour assurer la continuité et la qualité de la formation - et aussi pour obtenir une meilleure reconnaissance de l'identité professionnelle du personnel des bibliothèques.

    Mais la disparité du niveau de culture générale des élèves (les plus diplômés étaient titulaires d'une licence ou d'une maîtrise alors que pour d'autres une mise à niveau se serait imposée avant le début du stage) conduit à penser qu'à côté du diplôme garantissant une formation élémentaire d'auxiliaire de bibliothèque devrait se mettre rapidement en place une formation de niveau bac + 2 ou + 3.

    Vignette de l'image.Illustration
    Reçus avec la mention Très bien

    Contenu de la formation

    Lorsque nous nous sommes rendues au Cameroun, en juillet, le cycle de formation théorique se terminait. Il s'était étendu sur dix semaines, faisant alterner les cours (210 h), les travaux pratiques (88 h) et les visites - les élèves devaient ensuite effectuer un stage pratique, répartis dans une vingtaine de bibliothèques différentes à travers tout le Cameroun. Il s'agissait d'une formation continue destinée à du personnel déjà en fonction, même si l'on comptait parmi les élèves quelques animateurs bénévoles de bibliothèques associatives. Soixante-dix élèves étaient inscrits parmi lesquels se trouvaient sept non camerounais (venant du Tchad, du Burkina Fasso, de Guinée équatoriale et du Zaïre). Cette diversité était la conséquence logique des objectifs définis en 1993 et pourrait s'accroître à l'avenir.

    Les matières enseignées étaient organisées en neuf modules. Le contenu de certains modules était, bien entendu, adapté à la situation locale : ceci est particulièrement vrai de tout ce qui touche aux structures administratives de tutelle, à l'environnement littéraire ou culturel et aux problèmes de l'édition. Un module était consacré à l'informatique, à la fois initiation générale et introduction concrète aux logiciels actuellement en usage dans les bibliothèques du Cameroun (ÉLECTRE, CDSISIS et OPSYS).

    Mais la plus grande originalité par rapport à l'enseignement dispensé dans les centres ABF était constituée par le module 8 : reliure, cartonnage, équipement. Ce module a été animé par Michel Cahagnon, chef du service technique de la BM de Brest, MmeCaha-gnon, également relieuse, le secondant pour les séances de travaux pratiques. Ces séances de reliure, pour lesquels le PLp (2) a acquis un matériel de qualité, ont vivement intéressé les élèves, qui se sont montrés pour la plupart fort habiles et pour certains d'entre eux très désireux de se perfectionner et d'acquérir une véritable compétence d'ouvriers relieurs. Et ceci semble s'avérer judicieux dans un pays où les livres sont rares - et chers par rapport aux coûts de la main-d'oeuvre. Une session de perfectionnement devrait donc être Autre initiative originale: l'existence d'un atelier central rattaché au PLP qui fabrique le mobilier pour les bibliothèques du réseau. Structures métalliques et étagères de bois, peintes, permettent un bon rapport qualité prix. Le responsable de cet atelier a été très intéressé par toute la documentation que nous lui avions apportée et s'est montré désireux de diversifier la production de son atelier. Là aussi, il devrait y avoir des possibilités de développements intéressants - et fort utiles, si nous en jugeons par certaines réalisations que nous avons visitées... et où les improvisations en matière d'aménagement n'étaient pas toujours heureuses.

    Une tradition d'hospitalité

    Notre voyage fut marqué par la cordialité de l'accueil reçu, tant de la part de l'équipe enseignante, que de celle des élèves ou des différentes personnes recontrées au cours de nos déplacements ou de nos visites.

    Nous avons passé une soirée en compagnie des responsables de l'ABADCAM, chez son président Hilaire Omokolo. Ce fut l'occasion non seulement de parler fonctionnement des associations, mais aussi de goûter à la cuisine locale. Nous espérons que ces liens chaleureux entre nos deux associations se poursuivront, notamment en novembre prochain, à l'occasion du prochain congrès de l'ABADCAM qui fêtera avec éclat ses vingt ans.

    Les bibliothèques du Cameroun attendent de nous de la documentation, la pratique de jumelages, des actions de formation des formateurs.

    Nous avons fait du tourisme le dernier dimanche en compagnie de deux membres du PLP : Paul Enguené et Jusdas Mbang Bekaï : ce fut l'occasion de parcourir la campagne, d'être accueillis et comblés de présents agricoles dans les villages et de visiter, en compagnie du maire et du préfet de région, la future bibliothèque municipale de Mbalmayo, chef-lieu du Nyong-et-Soo, région de forêt et d'exploitation du bois.

    Le vieux pont sur le Nyong porte toujours, gravées dans la pierre, les lettres RF : témoin d'une époque où la République française faisait réciter aux enfants des écoles : « Nos ancêtres les Gaulois ». Depuis il est passé beaucoup d'eau sous ce pont...

    1. Animé par Christian Fioriti et Ondoua Mevouta. retour au texte

    2. Projet de lecture publique. organisée et constituerait un bon investissement. retour au texte